Depuis les incidents survenus lors du défilé du 1er mai entre policiers, la section syndicale de la police (SPN) se trouve dans le collimateur du ministre de tutelle, le Général Sadio Gassama. Après avoir proposé, en vain, de punir un nombre important de policiers, le ministre a fait sanctionner les premiers responsables de la SPN. Pour manifester leur refus de se soumettre à une sanction qualifiée d’illégale, les policiers ont organisé un sit-in devant le Groupement mobile de sécurité (GMS). C’était le vendredi 6 mai.
Le ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, le Général Sadio Gassama, est fortement interpellé dans la crise qui sévit au sein de la police nationale. En effet, dans un pays comme le nôtre où la liberté syndicale, chèrement acquise, est reconnue à tous les citoyens, il est incompréhensible que de lourdes sanctions soient infligées à des syndicalistes qui n’ont fait que leur travail syndical. Il n’est un secret pour personne que pour des considérations mesquines, on veuille créer la zizanie dans un corps qui est censé incarner l’ordre et la discipline.
Pour en venir aux faits, depuis le mardi 3 mai, le ministre Gassama a demandé à la Direction générale de la police nationale (DGPN) de prendre des sanctions à l’encontre de Siméon Kéïta, Siriman Fané et Drissa Roger Samaké, respectivement Secrétaire général, Secrétaire général adjoint et Secrétaire aux revendications de la section syndicale de la police nationale, affiliée au Syndicat des travailleurs de l’administration d’Etat (Syntade). Il leur est infligé 25 jours d’arrêt de rigueur suite aux incidents qui ont éclaté lors du défilé du 1er mai et dont les instigateurs et commanditaires sont connus de tous.
L’Indépendant l’a longuement évoqué dans sa parution N°2752 du jeudi, 5 mai. C’est pour protester contre ces sanctions que les policiers ont organisé, disent-ils, un sit-in d’avertissement devant le GMS. Ils en ont profité pour renouveler leur rejet de l’assurance maladie obligatoire (AMO).
Rencontré sur les lieux, le deuxième Secrétaire aux revendications de la SPN, le sergent de police Yaya Niambélé, a été très ferme : "Si jamais on touche à un syndicaliste, nous allons faire sortir tous les policiers de Bamako, car ce qui s’est passé lors du défilé du 1er mai est purement syndical et non administratif". Cette détermination des responsables de la SPN est la suite logique d’une rencontre qu’ils ont eue avec le ministre Gassama le 16 décembre 2010. D’après le deuxième Secrétaire aux revendications de la SPN, au cours de cette rencontre, le chef du département a demandé aux leaders syndicaux d’aller régler leur problème entre eux. "Je suis là pour l’administration" aurait confié le Général Gassama.
Les responsables de la SPN pensent que ces propos du ministre ont encouragé l’élève commissaire Tidiane Coulibaly, l’adjudant Tiécounta Kéïta et ceux qui l’instrumentalisent à provoquer la SPN.
D’ailleurs, tous les problèmes actuels trouvent leur explication dans l’impunité dont le ministère couvre Tidiane Coulibaly et Tiécounta Kéïta. En effet, la déclaration de Tidiane Coulibaly sur les antennes de l’ORTM tranche avec l’article 30 de la décision N°0131 MSIPC du 2 septembre 2004 fixant le règlement intérieur de l’Ecole nationale de police qui stipule : "Toute activité syndicale est interdite aux élèves et stagiaires pendant leur séjour à l’Ecole".
Quant à l’adjudant Tiécounta, son brûlot contre le Directeur général de la police nationale dans lequel il a dévoilé des secrets professionnels tout en restant impuni, tranche net avec l’article 17 du Code de déontologie du Décret N°10395PRM du 26 juillet 2010 qui stipule : "Le fonctionnaire de police, indépendamment des règles instituées par la loi pénale en matière de secret professionnel, est lié par l’obligation de discrétion professionnelle pour ce qui concerne les documents, faits et informations dont il a connaissance dans l’exercice ou l’occasion de l’exercice de ses fonctions".
Ces deux exemples ont amené le Secrétaire aux revendications de la SPN, l’adjudant Drissa Roger Samaké, à dire : "Le ministre Sadio Gassama instaure l’impunité au sein de la police nationale".
Rassuré par la très forte mobilisation de ses militants, le Secrétaire général de la SPN, Siméon Kéïta, a dit ne point être impressionné par les sanctions disciplinaires infligées à lui et à deux de ses camarades syndicaux.
Diakaridia YOSSI