- La transition ne tient que par un fil
Des policiers en colère contre l’incarcération du commissaire divisionnaire, Oumar Samaké, commandant de la Force spéciale antiterroriste (FORSAT) au niveau de la police, ont libéré ce dernier par la force, vendredi 3 septembre, de la Maison centrale d’arrêt de Bamako. Cette arrestation fait suite aux enquêtes menées dans le cadre des tueries des 10, 11, 12 juillet 2020. Fallait-il se rendre justice ? La balle est dans le camp de la transition qui joue ainsi toute sa crédibilité auprès de l’opinion publique nationale.
Nul n’est au-dessus de la loi, dit-on. Que force doit rester à la loi, a-t-on coutume d’attendre. Ces deux (02) citations, depuis le départ d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) du pouvoir, le 18 août 2020, sont sur toutes les lèvres des femmes et des hommes qui veulent donner un coup de pied à l’impunité dont les pseudo-démocrates ont bénéficié durant trente- ans pour piller le Mali, pour refonder un nouvel État dont le pilier central sera la justice sociale. Mais avec les évènements du vendredi dernier, on est en droit de se demander si la transition sur laquelle nos compatriotes espèrent voir le bout du tunnel sera en mesure de leur donner cet ouf de soulagement de voir un Mali nouveau, slogan du Mouvement du 5 juin- Rassemblement des forces patriotiques (M5- RFP) dont l’armée a parachevé ses manifestations en déposant le président Keïta en 2020.
En effet, vendredi 3 septembre dernier, des policiers mécontents de l’arrestation du commissaire divisionnaire, Oumar Samaké, commandant de la Force spéciale antiterroriste (FORSAT), ont pris d’assaut la Maison centrale d’arrêt (MCA) de Bamako pour le libérer sous les regards impuissants des surveillants de prison. Il est inquiétant que dans un pays en crise dont les autres sont à son cheveu, depuis 2013 que ses fils s’adonnent à des actes qui n’honorent personne en défiant l’autorité. Et surtout lorsque les auteurs ne sont autres que des Officiers de police judiciaires (OPJ). Il s’agit de certains éléments de la police qui ont pris la décision sur eux d’aller libérer par la force Oumar Samaké, commandant de la FORSAT. En se rendant justice de cette manière, ils ont foulé au pied les cours de droit qu’ils ont suivis lors de leur formation. Et par la même occasion, ils défient la justice et les autorités de la transition qui sont en train de bâtir un Mali dans lequel personne ne sera au-dessus de la loi, à plus forte raison des intouchables comme au temps des démocrates prédateurs.
Avec ce défi lancé, la transition malienne ne tient que par un fil. En acceptant le fait accompli, elle perd sa crédibilité auprès de l’opinion publique nationale et de toutes et de ceux qui pensaient à sa sincérité de doter le Mali d’une justice sociale. Et pour que cet acte ne fasse pas tache d’huile et compromette la marche de la transition, les autorités doivent vite agir pour arrêter l’hémorragie.
Trop, c’est trop. Le Mali est longtemps resté un pays dans lequel les gens commettent des actes, des fautes sans être inquiétés et à plus forte raison d’être sanctionnés. Ce qui est sûr, ce laisser-aller est en train de conduire à notre perte. Il est à la base de tout ce que nous vivons aujourd’hui: pays occupé dans des gens sans foi, ni loi qui dictent leur volonté sur des villages sous leur domination, incivisme, insouciance, indiscipline caractérisée, impolitesse.
Bref, tout ce qui détruit les fondements d’une nation. Qu’adviendra-t-il lorsque le directeur de Force spéciale antiterroriste (FORSAT)-gendarmerie serait interpellé par les juges ?
Yoro SOW