Pour la première fois dans l’histoire du pays, la police malienne célèbre ce mardi 4 octobre une journée à elle dédiée. Une initiative perçue comme une prise conscience salutaire.
La police malienne à l’honneur ! C’est la première fois dans notre histoire qu’une journée spéciale est dédiée à la police nationale avec comme axe “La recherche de repères pour les fonctionnaires”.
Si une telle idée est approuvée par presque tous les Maliens, beaucoup de nos concitoyens n’en restent pas moins pessimistes sur la capacité de la police à sortir de l’ornière à s’inscrire résolument dans l’Etat de droit et le respect des droits de l’Homme. C’est le cas de Mohamed Diakité, étudiant en Alger. “C’est une très bonne initiative. Cela démontre une prise de conscience. Mais s’agissant de notre police nationale, je reste pessimiste. Car c’est une profession gangrenée par la corruption”.
Selon Abdias dit Karamoko Coulibaly, l’initiative est salutaire. “Déjà que la police malienne célèbre une journée dédiée à elle, à mon avis cela est salutaire. C’est une bonne idée de se trouver une marque qui te fera penser à qui tu es et qui rappellera quelles sont tes obligations”.
Toute grande organisation, ajoute-t-il, essaie de se construire une image publique positive. “Comme institution publique, on a l’impression que la police, au contraire, cultive plutôt une image négative au fil des ans. Alors qu’elle doit faire respecter l’ordre, c’est elle qui alimente le désordre”.
Toutefois, réduire l’image de la police à ses erreurs de parcours, c’est méconnaître le rôle difficile qu’elle est appelée à jouer.
Complexe d’Œdipe
Entre la protection du public et la répression du crime, elle doit assumer de multiples tâches qui ne révèlent pas nécessairement de ses responsabilités. L’image négative de la police vient davantage de l’attitude contradictoire du public envers elle que de ses propres comportements. Les sondages en effet accordent une très grande part de satisfaction du public face au travail de la police, mais en même temps, ce même public dénonce l’attitude de la police.
Pour Abdias dit Karamoko Coulibaly, retrouver les repères sera une question de volonté. “Les fonctionnaires de police n’ont jamais perdu leurs repères. Ils ont juste préféré l’ignorer. S’ils ont pris conscience de la nécessité de revenir à ce repère ou à ces repères ignorés (s) tant mieux”.
“Quand l’argent reste notre seule motivation pour intégrer une corporation ce sera très difficile après de respecter les règles et devoir qui régissent cette profession”, martèle Mohamed Diakité.
Yah Bakayoko, membre du parti Yeleen, enfonce le clou : “Une police divisée en deux syndicats, je n’y crois pas. Cette profession peut être utile à la nation si l’Etat procède non seulement à sa militarisation mais aussi impose le respect à la lettre des règles de la déontologie du métier de policier”.
Au fil des ans, les bavures policières s’entassent comme si elles étaient partie intégrante de cette tâche. Elles se répètent sous toutes les latitudes et prennent des proportions dangereuses. Ceux-là mêmes qui sont appelés à maintenir la paix sont source de désordre. S’il est vrai que tous les corps de métiers, du ministre au mineur, connaissent leurs brebis galeuses, seule l’image de la police se noircit de façon continue, au point de se demander comment une institution peut survivre avec un tel poncif ?
Ibrahima Diallo, ancien directeur général de la police nationale de répondre que “la police est l’image de la société”.
Il devient impérieux d’inculquer encore plus de sens de responsabilité à nos policiers dès la base.
Hawa Sy