Election 2007 au MALI : Voici comment et pourquoi un seul homme a bloqué les débats au Mali

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Depuis 771 années, l”arbre de la démocratie a été planté au Mali. Cette démocratie est plus vieille que celle de la France. C ”est en 1236 que la Charte de Kouroukan Fouga, dans l”actuel cercle de Kangaba, a été discutée et adoptée pour déterminer le mode de vie dans le grand ensemble mandingue. Quant à la France , elle n”a accédé à la démocratie qu”après la prise de la Bastille en 1789. Il y a de cela 218 années. Donc cet ensemble mandingue dont le Mali a été un des piliers a connu la démocratie pendant 5 siècles et 5 décennies (553 ans) avant la France. Mais hélas, de nombreuses expériences dans le cheminement des êtres humains et des peuples prouvent qu”on peut être premier sur le terrain de l”initiation des idées et se retrouver dernier sur celui de la concrétisation. Cela corrobore qu”un élève peut devenir le professeur de son ancien maître d”école?rn

nraciné depuis près de 800 ans, l”arbre démocratique du Mali a connu des crises de croissance dangereusement aggravées par des manques d”eau de persévérance et d”air de transparence. Deux éléments indispensables à la fertilité et à l”utilité de l”arbre démocratique. 

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Après les évènements de mars 1991 qui ont conduit à l”élargissement des débats démocratiques, d”une part entre les citoyens et de l”autre les aspirants au poste de Président , les maliens avaient eu l”espoir de renforcer leur arbre séculaire. En cette année 2007, ne doit-on analyser autrement cette déclaration choquante et inspirante, au début des années 1990, de l”actuel président sortant de la France , Jacques Chirac, en ces termes : "L”Afrique n”est pas mûre pour la démocratie" ?

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Je pense que Chirac n”a pas tout à fait tord. Car, la façon dont des dirigeants africains s”accrochent au pouvoir ( plus de 20 ans) et les méthodes d”organisation frauduleuses des élections africaines attestent leur immaturité ou immoralité socio-politique. Il y a certes de très rares exceptions.

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Les progrès technique, scientifique et économique ne dépendent pas de la démocratie qui émane de la volonté commune des peuples et leurs dirigeants d”accepter la contradiction, d”encourager la compétition et de respecter le droit de chacun à un libre choix. Donc, la capacité d”implantation et d”expansion du système démocratique ne doit aucune être liée à la coloration épidermique de l”être humain.

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Nous qui vivons en occident avons réellement honte de constater qu”à la période des élections présidentielle en Afrique des observateurs étrangers sont sollicités pour surveiller le bon déroulement de ces consultations populaires. Mais on n”a jamais eu besoin des africains pour jour le même rôle lors des élections occidentales. Quelle humiliation de tout un continent ! Par devoir  d”aider à réanimer des débats contradictoires au niveau des présidentiables, nous avons tenté de rencontrer les 8 candidats en lice pour les scrutins du 29 avril prochain. En mi-mars, nous avons commencé logiquement par ceux qui avaient  déclaré solennellement leurs candidatures. Avant la fin de mars nous avons été reçu respectivement et respectueusement par les candidats suivants:

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Ibrahim Boubacar Keita,

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IBK du RPM nous a confié chez lui à Sébénikoro: " …dans mon discours d”investiture du 18 décembre 2006, j”ai demandé l”organisation et la diffusion des débats à la télévision et la radio nationales. Nous n”avons pas été entendu… tous nos efforts dans ce sens ont été, le moment, vains…"

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Tiébilé Dramé du PARENA, après nous avoir présenté aux membres de sa cellule de Communication au siège de son parti a précisé:" …je suis fin prêt pour les débats. C”est un moyen de renforcer notre démocratie."

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Soumeilou Boubeye Maiga de Convergence 2007, dans son domicile au centre-ville de Bamako, nous a souligné: " …oui, je suis disponible pour les débats. Ce serait  une bonne occasion de prouver davantage au peuple la force du changement que nous incarnons…"

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 Au cours de ce mois d”Avril, trois autres prétendants au fauteuil présidentiel nous ont cordialement affirmé lors de nos échanges sur le même thème:

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Mamadou Blaise Sangaré du CDS a argumenté: " …le fondement de la démocratie est  le droit des citoyens et citoyennes au libre choix. Dans ce cas, il faudrait donner à ces citoyens des éclaircissements leur permettant de bien choisir. Je crois que les débats contradictoires sont nécessaires entre les candidats…"

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Madiassa Maguiraga du PPP, nous confirme: " …Je veux ce genre de débats entre candidats. Il nous permet de nous faire mieux comprendre par ceux et celles qui doivent nous élire. "

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Oumar Mariko du SADI, de façon catégorique, nous dit: " …nous avons demandé la tenue de ces débats, seul ATT a refusé. Mon Conseiller en Communication peut vous en témoigner, dit-il en donnant la parole à celui-ci du nom de Nouhoum Keita». Ce Conseiller a explicité : " …Au niveau du CNEAME ( Comité national de l”égal accès aux médias d”État) les représentants d”ATT ont refusé de discuter des modalités des débats contradictoires. Ce CNEAME ne se trouve pas habilité à demander l”organisation des débats dès qu”un seul candidat refuse d”y participer. Nous n”avons pas pu les convaincre de les organiser entre les 7 autres candidats qui sont intéressés…"

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 Jusqu”au moment où nous rédigeons cet article nous n”avons pu recueillir les avis des candidats Mme Sidibé Aminata Diallo et  Amadou Toumani Touré, ATT malgré nos efforts déployés depuis le début de ce mois. Nous avons alors notifié ces dernières tentatives:

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Mme Sidibé Aminata Diallo,

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Son téléphone cellulaire nous annonçait encore le jeudi 19 avril à 19h35 son message d”indisponibilité par sa propre voix suivi de celui du système: "Désolé, il n”y a plus de place pour enregistrer des messages."

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Le vendredi 20 à 15h 20, nous l”avons appelé, elle décrocha le téléphone sans nous parler. Nous l”avons entendu pendant près de 2 minutes en conversation avec une autre femme. Nous avons raccroché et réessayé, c”est le répondeur du système "Désolé…" qui a retentit.

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Les 23 et 25 courant d”abord à 14h30 puis à 10h12 c”est le même message "Désolé…" du système que nous avons encore entendu.

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Amadou Toumani Touré  ATT

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Après avoir laissé des messages aux employés du Secrétariat  Général et au Cabinet de la Présidence sans recevoir  aucun retour d”appel nous avons obtenu auprès d”une presse privée le numéro de cellulaire de son Conseiller en Communication, Seydou Cissouma.

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À celui-ci, nous avons laissé le jeudi 19 avril entre 19h16 et 19h30 deux messages 1 vocal et 1 autre par sms dont le contenu est "Bonsoir mr. Cissouma mon nom est…je souhaite rencontrer votre candidat ATT dans le cadre de l”élection présidentielle. Je suis…venu du Canada pour la circonstance. Merci."

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N”ayant reçu aucune réponse, nous avons rappelé le vendredi 20 au Cabinet de la Présidence à 15h28. Une Mme Yalcoué répond. Elle nous dit que la secrétaire responsable, nommée Mme Tandina, qui est à sa pause nous contactera dans une heure.  Mais, 7 minutes plus tard, c”est un monsieur qui nous appelle et demande de rester à l”écoute pour un autre.  Celui-ci du nom de Ousmane Sagara nous précise qu”il est un planton et que nous seront rappelés par Mme Tandina. Cette dernière n”ayant toujours pas retourné notre appel, nous avons une fois de plus tenté de joindre Cissouma dont le répondeur ne pouvait prendre de messages.

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Au cours de notre enquête sur les raisons de ce refus de communiquer avec nous, j”ai personnellement rencontré une personne (dignitaire) très proche de la Présidence de la République. Après avoir obtenu mon engagement très ferme de ne ni écrire ni dire son nom dans aucune circonstance, cette personne me révéla le contenu de la toute dernière réunion tenue par le bureau de campagne du président ATT avant l”annonce officielle de sa candidature.

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Au chapitre de la question des débats contradictoires de la dite réunion, il m”a informé: "…ce président d”un des partis politiques respectables (j”ai choisi de taire son nom) membre de l”ADP, est venu, près de 15 minutes après l”ouverture de la réunion à laquelle assistait ATT lui-même». Il affirme avoir des renseignements pertinents sur les trois principaux gueulards, Tiébilé, Soumeylou, et mamadou Blaise susceptibles de noyer ATT dans d”éventuels débats médiatisés. Puis, il suggère au général président de mentionner,  dans son discours d”annonce de candidature, sa disponibilité de débattre avec n”importe quel candidat.

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Sans demander à voir les dites preuves ni à avoir les avis des autres participants, ATT a tranché : Je ne gagne rien, le Mali ne gagne rien dans des débats avec ces assoiffés de pouvoir. Par leurs bouches, ils vont banaliser devant le peuple mes grandes réalisations. Non, non, je ne ferai pas de débats avec eux, parlons d”autres choses !"

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Dans cette révélation, j”ai compris le refus inavoué du camp présidentiel de nous parler. Ainsi, je trouve considérables les rumeurs selon lesquelles c”est encore lui ATT qui a empêcher les débats lors de l”élection présidentielle de 2002.

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En cette année 2007, dans de telles conditions, les maliennes et maliens souhaitant une démocratie transparente doivent prendre leur mal en patience. C”est ainsi qu”un seul homme a bâillonné ses adversaires et privé les citoyens de leur droit à la lumière sur le projet de société de celui et celle qu”ils doivent choisir pour cinq années. L”une des promesses faites par ATT en 2002 était de renforcer la démocratie. Est-il parvenu ? C”est normal, il faut le dire.

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Je crois avoir satisfait ma promesse faite, dans mon dernier article, de vous révéler  avant la fin de la période de campagne le ou les candidats qui veulent  empêcher l”éclosion de la transparence… N”ai-je pas accompli ma mission si risquée soit-elle?

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En terminant j”attire votre attention sur ses deux articles extraits de la Charte de Kouroukan Fouga mise en vigueur en 1236 qui doit demeurer en valeur dans nos sociétés modernes :

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 " Article 19: Tout homme a deux beaux-parents: Les parents de la fille que l”on n”a pas eue et la parole qu”on a prononcé sans contrainte aucune. On leur doit respect et considération.

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 Article 25: Le chargé de mission ne risque rien au Mandé. "

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*Animateur de radio et écrivain à Montréal.  En mission à Bamako

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Lacine DIAWARA

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*Animateur de radio et écrivain à Montréal.  En mission à Bamako

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