Plus apaisée, mais toujours sur ses gardes. Valérie Trierweiler pèse ses mots et s’agace des questions trop personnelles. Après la bombe Merci pour ce moment(septembre 2014), un livre écoulé à 800 000 exemplaires, l’ancienne compagne de François Hollande s’essaie au genre romanesque avec Le Secret d’Adèle et imagine la vie d’Adele Bloch-Bauer, qui inspira Gustav Klimt pour son tableau La Dame en or, appelé aussi la Joconde d’Autriche. Une belle histoire d’amour avec Vienne pour décor, où l’on croise les ombres de Freud, de Mahler ou encore de Stefan Zweig… On sent que la journaliste de Paris Match s’est amusée, qu’elle a pris du plaisir à tricoter une histoire loin de son monde, même si elle redoutait de redescendre dans l’arène médiatique pour défendre son nouvel ouvrage. Elle part à la rencontre de ses lecteurs, comme lors de la dernière édition du festival Des livres, des stars, fin juin à Marseille.
Le Point.fr : Pourquoi vous êtes-vous intéressée à l’histoire de La Dame en or ?
Valérie Trierweiler : Je lui avais consacré un article pour Paris Match, il y a un an. Et ce personnage d’Adele Bloch-Bauer, modèle de Klimt, n’a depuis cessé de m’habiter… Ce tableau a été spolié par les nazis en 1938, et la nièce d’Adele a passé plus de cinquante ans de sa vie à essayer de le récupérer, depuis les États-Unis. Elle a gagné son combat et a vendu cette toile 135 millions de dollars. Comme sa nièce semblait la seule héritière, je me suis dit qu’Adele n’avait pas eu d’enfants… Et j’ai cherché à savoir quel avait pu être son destin.
Vous avez fait des études d’histoire. C’est une façon de renouer avec votre ancienne formation ?
J’ai travaillé à la fois comme une historienne, mais aussi comme une journaliste. Et l’imagination a fait le reste… Je me suis plongée dans les textes, les archives, je suis allée à Vienne, sur les lieux où Adele a habité. Elle appartient à la Belle Époque, ce Vienne de Sissi… On assiste en fait à deux périodes qui s’entrechoquent : la fin de l’empire des Habsbourg, bousculé par de nouvelles idées, artistiques et politiques, puis la Première Guerre mondiale qui emporte tout et annonce le début du XXe siècle.
Cette passion entre Klimt et son modèle est-elle exacte ?
Cela reste encore un mystère pour les historiens. Certains sont persuadés qu’il y a eu une romance entre eux, d’autres pensent que non… Moi, j’ai choisi l’option de la passion. Deux éléments me le font penser : Klimt a peint deux fois Adele. Or, il refusait de peindre plusieurs fois la même femme. Ensuite, dans un documentaire avant sa mort, la nièce d’Adele avait confié qu’elle était convaincue qu’il y avait eu une histoire d’amour entre eux.
Avez-vous eu peur de la réaction des journalistes, du milieu parisien, en vous lançant dans le roman ?
Oui, bien sûr, puisque j’en ai un peu souffert de ce fameux milieu, de mes confrères journalistes… Je me suis demandé si on allait encore m’attaquer ou pas. Et finalement non. Je suis contente d’avoir renoué avec l’écriture. La littérature pour moi est quelque chose de primordial. J’ai passé toute une partie de mon enfance dans des bibliothèques. J’estime que les livres permettent de vivre mille vies, de voyager, d’apprendre sur soi et sur les autres. J’ai toujours aimé cela, vivre la vie des autres… Ce qui ne m’a pas empêchée de vivre la mienne, bien sûr.
Certains journalistes trouvent des échos dans ce livre avec votre vie personnelle…
Mais Adele n’a rien à voir avec moi ! Si j’avais voulu parler de moi, j’aurais fait un Merci pour ce moment, tome 2. Ce n’est pas ma démarche. J’ai osé le faire une fois, on connaît tous ce qui a suivi, mais, là, j’avais envie de passer à autre chose. Je vais chercher une femme qui est assez loin de moi dans sa personnalité, dans son mode, dans son époque. Il n’y a rien de ma vie, même s’il y a certainement un peu de moi… De toute façon, si j’avais raconté l’histoire d’une petite Chinoise du XIIe siècle, je pense que certains auraient quand même trouvé des points communs avec moi ! Bien sûr, c’est une femme, sa vie est bouleversée par une histoire d’amour, mais l’amour est un sentiment universel.
Il y a un passage sur la souffrance autour de la médisance et des rumeurs, qui semble faire écho à ce que vous avez connu : Adele reçoit une lettre qui lui annonce une trahison amoureuse.
Cette lettre anonyme que reçoit Adele a été très mal interprétée. Je l’ai complètement inventée. J’ai voulu dénoncer le procédé d’anonymat. Les lettres anonymes aujourd’hui n’existent plus : les réseaux sociaux s’en chargent, avec les comptes anonymes, les insultes masquées. C’est un procédé que j’exècre, car on sait à quoi cela a pu mener.
Avez-vous été la cible de lettres anonymes ?
Oui, j’en ai évidemment reçu. Les premières lettres sont arrivées pendant la campagne électorale. Et une fois à l’Élysée, on me disait que je n’étais pas première dame, parce que je n’étais pas mariée. Entendre cela en 2012 !
Les réseaux sociaux ne vous ont pas non plus épargnée. Comment tient-on le coup ?
On ne regarde plus… Au début, on peut être tenté de regarder. Et ça fait mal, on est humain, comme tout le monde. Ce serait mentir de dire que les attaques ne font pas mal. Puis, on ne regarde plus. Il m’est arrivé aussi de démentir quand certaines bornes étaient franchies.
La campagne de 2012 vous a laissé quels souvenirs ?
On ne mesure pas la violence d’une campagne. C’est du 24 heures sur 24. On croit savoir. Mais toutes les rumeurs, toutes ces attaques qui viennent de l’intérieur… Tout cela est d’une grande violence.
La politique vous dégoûte-t-elle aujourd’hui ?
Non, je ne dirais pas ça. Je la regarde d’une façon distanciée et à la fois en connaisseuse. C’est comme un cuisinier qui goûte un plat, il en connaît la plupart des ingrédients.
Quel regard portez-vous sur la dernière élection présidentielle ?
Je la vois comme une césure. On tourne le dos à un ancien monde pour aller vers un monde nouveau. Comme dans mon livre, où on tourne le dos au vieux XIXe siècle pour entrer dans une nouvelle ère. Le socialisme s’est effondré, mais il n’est peut-être pas mort. Personne ne sait ce qui va se passer demain.
Cela doit vous toucher puisque vous êtes quand même une proche du mouvement…
Je n’ai jamais été une militante socialiste, je n’ai jamais eu de carte au parti. J’ai accompagné un homme, avec des convictions de gauche.
Que pensez-vous de la nouvelle première dame, Brigitte Macron ?
J’ai été suffisamment jugée pour ne pas juger les autres. C’est vraiment sincère. Et je n’ai pas à lui donner des conseils, elle se débrouille très bien. C’est une femme intelligente.
On vous a soupçonnée de sortir ce livre au moment où François Hollande quittait l’Élysée…
Si je l’avais sorti au moment où il était au pouvoir, qu’est-ce qu’on aurait dit ? Je n’ai pas le droit pendant, je n’ai pas le droit après ? J’ai le droit, moi aussi, d’avoir une vie. Je l’ai toujours revendiqué. Et là, avec mon éditeur, on a volontairement attendu la fin de la campagne. Au nom de quoi on nous ferait aujourd’hui des reproches ? Surtout que cela n’a pas grand-chose à voir avec la politique…
Les relations se sont-elles apaisées avec François Hollande ?
Oui, nous sommes en contact. On s’est revus, et il est arrivé qu’on échange. Je lui ai bien sûr donné mon livre. Mais j’en ai assez qu’on me ramène à mon passé. J’ai le droit d’avoir une vie, et ma vie aujourd’hui, elle est vers l’avenir, pas dans le passé.
Mais vous avez eu un statut officiel, à l’Élysée, vous comprenez que les gens soient toujours intrigués par votre vie ?
Cette période représente 20 mois sur 52 ans de ma vie. J’en ai assez qu’on me ramène à ces 20 mois en permanence. Je vois cette période comme une parenthèse. Il n’y a pas de nostalgie. J’ai fait un livre il y a deux ans et demi, j’ai tout dit là-dessus.
On a l’impression que vous tournez une page avec ce roman…
Oui, il m’a énormément apporté, un vrai passage… Il m’a permis de réaliser un rêve. Je n’aurais jamais imaginé d’écrire un jour un roman, cela me paraissait complètement inaccessible. Personne n’écrivait dans la famille, je suis la première et la seule de mes six frères et sœurs.
Vous avez dédicacé votre livre à votre mère, pourquoi ?
Parce que je lui dois tout. Ma mère est une combattante, elle s’est occupée de mon père, de ses six enfants, elle a acquis son indépendance, sa liberté, son autonomie. Mon père était handicapé et ne travaillait pas, et ma mère a obtenu le certificat d’études avant d’être caissière dans une patinoire. Elle m’a inspirée, elle m’a appris la persévérance, à lutter contre l’adversité, m’a encouragée à faire des études, à ne jamais lâcher prise. D’où cette dédicace. Ce roman, pour moi, est une très grande fierté. Je suis heureuse, comme un enfant que l’on met au monde, j’ai d’ailleurs mis neuf mois à l’écrire, je l’ai porté. Mais je l’ai porté autant qu’il m’a porté.
C’est-à-dire ?
J’ai cherché à m’occuper l’esprit pendant la campagne électorale, et je l’ai commencé fin août, début septembre. Je ne voulais pas être accaparée par cette campagne qui aurait pu me ramener vers mon passé. J’ai même envisagé de partir six mois sur une mission humanitaire. Mais comme j’ai deux de mes enfants qui vivent avec moi, je me suis dit que je le ferai quand ils seront partis.
Et l’avenir : un autre roman ? Un film tiré de celui-ci ?
Tout le monde me dit en effet que cela fait un film formidable… Mais je ne jouerai pas dedans ! Sinon, j’ai plusieurs idées en gestation, dont un roman qui se déroulerait dans un temps passé. On verra si tout cela aboutira…
Le Secret d’Adèle, par Valérie Trierweiler, éd. Les Arènes, 320 pages, mai 2017, 20 euros.
François HOLLANDE n’en avait-il pas le droit? comme toi oublie tu les articles sur sa vie privée et celle de sa vie politique
Elle est très belle, courage pour affronter la politique un jour en France, vous êtes très taillée par rapport à cette politique que vous regardiez à distance actuellement. Bon vent à cette belle femme qui est sincère dans ses propos.
Woulah on s’en fout, c’est vrai!
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