Aujourd’hui, elle a pignon sur rue comme styliste et décoratrice d’intérieur. Et petit à petit, sa réputation dépasse la France, au gré des défilés, faisant d’elle un talent prometteur de la mode. Traoré Fanta Diallo, cette jeune et talentueuse Malienne dont il s’agit, travaille de nos jours à la promotion des cotonnades «Made in Mali».
«Dans la mode, dès que la passion est née, le talent s’acquiert dans la persévérance, dans les critiques et l’autocritique, mais surtout, dans l’humilité» ! Fanta Diallo dite Fantus a fait sien ce conseil d’un de ses admirateurs, afin de mieux concrétiser sa passion de la mode. Une passion d’enfance qui l’a emmenée loin des bancs de l’Ecole nationale d’Administration (ENA) de Bamako, où elle avait été orientée après le Baccalauréat malien. «Je suis folle de mode», nous avoue la jeune dame.
Ainsi, «au lieu de poursuivre mes études à l’ENA, je me suis inscrite au Centre d’orientation professionnelle de coupe et de couture (COPCC, pionnier des Centres de couture) de Sambou Fané», déclare-t-elle. Cette formation est sanctionnée par un Certificat d’aptitude professionnelle en coupe et couture. Mieux, Fanta termine première de sa promotion (1999-2001). Par la suite, de 2002 à 2004, la jeune créatrice de mode s’est inscrite à l’Ecole «Mod’Art Paris 11» afin de se perfectionner. Elle y sort comme styliste modéliste au bout de deux ans de promotion. «Dès lors, j’exerce ma passion au gré de mon inspiration, qui est source de vie pour moi», nous raconte la belle et élégante créatrice de mode.
Arrivée en France pour ses études de stylisme, elle s’y installe finalement afin de mieux mettre en exergue son savoir-faire avec «Fantus Style» ouvert en 2010 et qui habille enfants, hommes et femmes de tous âges. «Contrairement à ce qu’on peut penser, j’habille des Maliens et des Africains. Mais la majorité de ma clientèle est européenne. Les Européens adorent nos tissus africains», explique Fanta. Ces tissus proviennent du Mali, car elle travaille essentiellement avec le naguina, le coton du Mali fait par les tisserands et le bogolan national. «Ce tissu (bogolan) me fait penser à mon idole, le regretté Chris Seydou Doumbia, paix à son âme», nous rappelle ce talent qui fait aujourd’hui la fierté de la diaspora malienne en France. «Je travaille un peu aussi avec du bazin et les wax. Mais il peut arriver que la clientèle aussi choisisse ses tissus», précise la couturière.
Styliste, Fanta est aussi décoratrice d’intérieur et infirmière, une passion héritée de sa Maman. «J’ai marqué une pause de quelques années pour faire mes études d’infirmière», confirme-t-elle. «J’ai rencontré beaucoup de difficultés au début, le temps de se faire connaître. Mais, aujourd’hui, Dieu merci, j’ai mon petit public qui commence à grandir ici, en France et en Europe. Mon agenda quotidien est partagé entre mes patients et mes clients». Une clientèle qui ne cesse effectivement de s’élargir au fil des défilés. «Mon premier défilé, c’était à Milan (Italie) en 2006 avec un créateur milanais. En 2012, j’ai défilé aussi avec un groupe de handicapés», se souvient-elle.
La trentaine au zénith, (elle est née en 1982 à Bamako d’une mère infirmière et d’un père inspecteur de la Régie des chemins de fer du Mali), mariée et mère deux enfants, Traoré Fanta Diallo ne manque pas d’ambition pour son métier et son pays. «J’ai une grande envie de faire connaître le coton «Made in Mali». Mon ambition est aussi de faire connaître ma marque dans le monde entier», nous confie-t-elle. Une ambition légitime, car à la hauteur de son immense talent et de sa passion de la mode. Des atouts qui, dans un avenir sans doute proche, ne manqueront pas de la hisser très haut dans l’univers de la planète mode !
Moussa BOLLY