Que sont-ils devenus… Seïdina Oumar Dicko : L’amour du journalisme, la passion de l’écriture

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ses bonnes images laissées par ci par là. Sa voix a commencé à retentir sur les ondes de Radio Mali en 1983 à sa sortie du Cesti, et un stage in cursus à Montréal au Canada. Au terme d’un entretien avec Seïdina Oumar Dicko, on relève d’emblée que le destin est inévitable.  Malgré le fait qu’il soit une référence dans plusieurs domaines, paradoxalement il n’a jamais été ce qu’il désirait dans sa vie. Son ambition, de porter une blouse blanche, s’effrite dès son admission au DEF. Malgré ses potentialités en maths, il est orienté en série lettres au Collège d’enseignement moderne de Niaréla, avant d’être  transféré au lycée de Badalabougou. Admis au Baccalauréat, SOD est présélectionné pour faire le droit à Toulouse. Mais il se retrouve à l’EN Sup, option histoire-géo, au détriment des lettres qu’il envisageait par défaut. Professeur d’enseignement secondaire général, il enseigne l’histoire dans différents Lycée de Bamako de 1978 à 1981. De là, il entreprend des études dans un autre univers : la presse, les sciences sociales et la diplomatie…  Comment tout cela s’est passé ? Quel est son parcours ? Qu’est-ce qui explique sa passion pour la presse ? Quel est le secret de sa réussite ? L’enfant de Nioro du Sahel est notre invité de la semaine pour l’animation de la rubrique “Que sont-ils devenus ?”

Promoteur et directeur de l’agence de communication COM à sa retraite en 2015, il est aujourd’hui chargé de cours et de l’encadrement des mémoires d’étudiants de l’Ecole supérieure de journalisme et des sciences de la communication, après avoir été conseiller à la rédaction et chroniqueur au quotidien “L’Indépendant”, chargé du coaching des journalistes et reporters, puis de la chronique “Qu’en penses-tu, Seïdina Oumar Dicko ?”

Issue d’une famille polygame où tous les enfants sont éduqués avec la passion de l’unité de la famille et de l’amour du prochain, aucune animosité n’a entravé son éducation. Un facteur qui, selon lui, a contribué à l’épanouissement de la famille à laquelle il est resté profondément attaché.

Seydina O Dicko

Ce samedi 4 février 2023, nous nous sommes retrouvés en face d’un homme très pieux et aimable, qui a le sens de la reconnaissance et du social. En lui posant la question de savoir la personne qu’il n’est pas prêt d’oublier, Seïdina Oumar Dicko retient ses parents : son patriarche en premier lieu. Parce que celui-ci lui a inculqué la bonne éducation, et sa réussite incarne cette bonne pédagogie héritée du papa, vieil administrateur de la coloniale.

Par une simple coïncidence ou même un pur hasard la nature l’a doté d’atouts du micro, et une voix radiophonique enviable. C’est d’abord feu Demba Coulibaly, son condisciple à l’EN Sup, son devancier à l’ORTM qui en a fait le constat alors qu’il n’était qu’étudiant. Plus tard, ses étudiants du lycée de Badalabougou lui répétèrent la même chose. Ces appréciations ont tourné dans sa tête avec une interrogation. Comment devenir journaliste ou homme de média pendant qu’il était déjà versé  dans l’enseignement ?

Une circonstance favorable lui ouvre les portes du Cesti. Il apprend que des dispositions autorisent les maîtrisards à intégrer le Cesti sur concours et directement en deuxième année. Il saisit la balle au bond et s’envole pour Dakar en 1981, où il décroche un diplôme en journalisme, option “radio”.

A son retour en 1983, il intègre la Radiodiffusion télévision du Mali (RTM), comme journaliste réalisateur, avec le statut de grand reporter, chargé de production, de la présentation du journal et de débats grand public. Surtout qu’il avait en amont effectué un stage à Radio Mauritanie et à l’UQAM de Montréal au Canada.

C’est exactement à cette époque que les auditeurs découvrent la voix suave d’un jeune journaliste dont le courage déterminait son amour pour le métier.

Une abnégation qui débouche avant qu’il ne bénéficie de deux bourses de stage de trois mois à Radio France International (RFI) dont il deviendra le premier correspondant à Bamako, chargé de recueillir les “sons” et d’envoyer des “papiers” à RFI/MFI pour les monitorings de la coop.

Ambitieux, avec une grande envie de faire valoir sa valeur intrinsèque, Seïdina Oumar Dicko propose un reportage sur un prodige du football français, Sidi Kaba (il est le fils de notre compatriote Mamadou Kaba, ancien Directeur Général de l’ORTM). L’initiative est appréciée, et il rencontre le Franco-malien.  L’interview passe sur RFI et rencontre un succès dans le monde footballistique. Elle est aussi publiée dans le journal “Podium” du groupe l’ESSOR. Sa décision de réaliser un dossier sur le jeune talent, crée une relation d’amitié avec son papa, Mamadou Kaba. A titre de rappel Sidi Kaba (17 ans) était un jeune joueur aux qualités exceptionnelles, évoluant au FC Nantes avec José Touré. Malheureusement sa carrière est stoppée un 18 novembre 1984, à la suite d’un accident, qui provoque la mort de ses deux compagnons : Seth Adonkor (le grand frère de Marcel Dessailly) et de Jean-Michel Labejof. Considéré comme un miraculé, son diagnostic est pourtant alarmant : pronostic vital engagé, cage thoracique enfoncée, multiples fractures du bassin, du fémur et des côtes. Il a été plongé dans le coma pendant plusieurs jours. Dommage !

Pour sa toute première ascension au niveau de la RTM, notre ainé est, en cette époque, appelé par le directeur de la RTM, Mamadou Kaba, qui lui confie le poste d’adjoint qu’il occupe de1990-1992. Mieux, avant ce poste, il était attaché de presse du ministre d’Etat, Ministre des Transports, du Développement industriel, de l’Hydraulique, de l’Energie et des Mines, quand Mamadou Kaba le recommanda en 1986 au Premier ministre, le Pr. Mamadou Dembélé, comme conseiller à la communication.

Déboussolé par une telle promotion, il dit avoir cherché à savoir les motivations. Il soutient n’avoir pas compris sa nomination à ce poste alors qu’il n’était pas demandeur. Alors que les rumeurs l’attribuaient à Oumar Diallo dit Birus, aide de camp du président Moussa Traoré et à M’Bouillé Siby, membre du BEC, tous deux des aînés de Nioro du Sahel.

SOD s’informe auprès de ses deux frères pour vérifier la rumeur. Ceux-ci affirmèrent n’être pour rien dans cette nomination et lui conseillent de vaquer à ses occupations. C’est bien après que l’attaché de cabinet du Premier ministre, Mr Coulibaly lui a fait savoir que c’est Mamadou Kaba qui l’a proposé au Premier Ministre.

Seïdina Oumar Dicko  accepta dès lors le poste qu’il occupa à la Primature pendant deux ans. En 1990, le gouvernement est dissous ; le poste de Premier ministre est supprimé, et le Pr. Dembélé hérite du portefeuille de la Santé. Seïdina Oumar Dicko décide de ne pas l’accompagner. Il préfère rejoindre sa famille, parce qu’il n’avait pas eu, à ses yeux, le temps nécessaire  de faire ses armes : reportages pour la télé et la radio, l’animation de l’émission “Télé Tribune”.

Intolérance

En janvier 1992, il est nommé conseiller à la communication à l’ambassade du Mali à Paris, chargé des relations presse, de l’information et de l’analyse des dossiers de communication à l’attention du ministère des Affaires étrangères du Mali via l’ambassadeur, également correspondant de presse à Paris des organes d’Etat (L’Essor et l’ORTM). Paradoxalement, Seïdina Oumar Dicko n’ira pas au bout de sa mission diplomatique fixée à cinq ans. Il sera relevé à sa quatrième année pour des “querelles” politiciennes. Que s’est-il réellement passé ? “Je suis arrivé à Paris totalement apolitique, avec la conviction qu’un journaliste, bien qu’autorisé par les textes fondateurs de la nouvelle république, ne devait pas adhérer dans un parti politique. Mais cela m’empêcherait-il d’entretenir mes relations d’amitié avec des hommes politiques, comme Mountaga Tall ou Tiébélé Dramé, opposants notoires au régime AOK ? Logiquement non !  Malheureusement, mes fréquentations ont été rapportées au pouvoir central, avec des preuves farfelues et décousues. L’ambassadeur m’a fait des remontrances. Un climat délétère s’est installé, et nos rapports se détériorèrent de plus en plus, malgré mes explications et ma bonne foi. Finalement, j’ai été relevé en pleine année scolaire. Et, là ! Je soutiens que “le journaliste est exposé à l’intolérance, et souvent accusé sur du faux et à tort, mis en boîte d’où il ne doit plus sortir”

L’amour de la profession, la passion de réussir tracent les sillons du devenir, croit-il, après ce coup dur  vécu en France. Aussi, devint-il successivement en tant que conseiller en communication au Commissariat au Nord (présidence de la République)de 1995 à 1999 :

– Chargé du volet communication de la cérémonie Flamme de la Paix de 1996,

– Chargé du volet communication de la prévention et de la gestion du conflit du Nord Mali, Projet UD (MLI/96/011), portant “Appui à la gouvernance, à la Prévention des conflits et à la Construction de la paix au Mali”

– Chargé de l’élaboration d’une stratégie et d’un Plan de communication sur 3 (trois) ans et de sa mise en œuvre ;

– Chargé de l’Organisation des rencontres intercommunautaires au Nord du Mali de 1995 à 1999 ;

– Chargé des voyages et des caravanes de presse au Nord du Mali (Tombouctou, Gao, Kidal)

– De 1999 à 2009 : Président-directeur général du Cespa – Centre multimédia de communication pour le développement ;

– En fin 2009 : Journaliste, producteur chargé de production RTV à la Radiodiffusion télévision nationale (ORTM) ;

– De 2010 à 2015 : Expert en Communication à la Cellule d’appui à la réforme des finances publiques (Carfip) du ministère de l’Economie et des Finances ;

– De 2016 à 2017 : Coordinateur du Groupe Africom de l’opérateur économique Sory Kemesso (Agence, Edition et Télévision) – Production d’un film de sensibilisation à Ebola au compte du Groupe Minier AngloGold/Mali ;

– Production de divers sketches au profit du ministère de l’Education du Mali consacrés à la fraude scolaire ;

– En Free-lance, membre de l’équipe pluridisciplinaire chargée par le Bureau Louis Berger (France) de l’élaboration du plan de communication, de la Stratégie, de la signalétique, et de la cartographie dédiés au Programme de développement institutionnel (PDI).

En cherchant à découvrir le secret de cette réussite, Seïdina Oumar Dicko donne une réponse qui résume tout : “Je prends au sérieux tout ce que j’entreprends avec l’aide du tout puissant”. Cette longue et riche carrière est aussi liée au métier de journalisme et sa vie d’homme qu’il considère comme parsemés de bons souvenirs. L’homme est marié et père de cinq enfants.

Dans la vie, il aime s’atteler à la pratique de sa religion, reste attacher à ses amitiés qu’il considère exceptionnelles, à la lecture et déteste le mensonge et la méchanceté.

O Roger Janjo Tél 00223 63 88 24 23

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