Que sont ils devenus… Diadié Yacouba Dagnoko : Grand commis de l’Etat, bouillon de culture et féru de sports

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Ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre des cadres de la trempe de Diadié Yacouba Dagnoko. Sorti de l’Ecole normale supérieure (EN Sup), l’homme est doté d’une culture générale dépassant la moyenne, très bon orateur, il a l’art de convaincre. Ancien directeur national des sports, ancien ministre des Sports, puis de la Culture, il fut également ambassadeur du Mali au Gabon pendant plus de cinq ans. Diadié Yacouba Dagnoko est notre héros de la semaine pour l’animation de la rubrique “Que sont-ils devenus ?” L’avoir en face fut une réminiscence du discours mémorable qu’il a prononcé lors de la célébration du 22 septembre 2010 à Logo Sabouciré devant le président Amadou Toumani Touré (paix à son âme). Comment tout cela est arrivé ? Qui est ce grand commis de l’Etat ? Qu’est-ce qu’il retient de son passage au département des Sports ? Que parallèle entre l’environnement du sport hier et aujourd’hui ? Quel son commentaire sur le Mali d’aujourd’hui ? L’enfant de Logo Sabouciré fraîchement sorti d’une conférence sur l’éclatement de la Fédération du Mali signe son passage dans la rubrique “Que sont-ils devenus ?”

Diadié Yacouba Dagnoko venait juste d’animer au Mémorial Modibo Kéita une conférence débat sur l’éclatement de la Fédération du Mali avec le Sénégal en 1960. Nous en avons profité pour le rencontrer en ces lieux. Sans autre forme de transition, nous lui avons demandé ce qu’il retient du président Modibo Kéita, acteur principal de la gestion des conséquences de cette rupture entre deux pays frères ?

Pour l’ancien ministre, le premier président du Mali incarnait des valeurs réelles : la dignité, le sens de l’honneur,  le panafricanisme. C’était un homme modèle qui s’est distingué depuis l’école William Ponty où il fut premier du Soudan français et major de sa promotion avec des mots doux du corps professoral : “Elève excellent sur tous les rapports”.

Devenu président, Modibo Kéita avait une vision pour le Mali, l’Afrique. Ce qui lui a permis de réaliser l’unité politique des Etats d’Afrique. Il était un homme d’exception sur les plans humain et politique.

Fils d’un fonctionnaire de l’administration coloniale, Diadié Yacouba Dagnoko est né et inscrit à l’école au Sénégal. Il ne connaissait rien de son pays d’origine : le Soudan français à l’époque. Ses parents, originaires de Kayes, plus précisément de Logo Sabouciré, lui ont inculqué les valeurs du terroir dont la langue khassonké. Cela l’a tellement impressionné qu’il s’est fait le devoir de se rendre au village en 1971 pour se ressourcer (très jeune en son temps, il venait d’être exclu de l’Université de Dakar. Pourquoi ? Nous en parlerons plus bas).

Depuis lors, il n’a plus coupé le pont avec ses ancêtres. Il participe à la création de l’Union pour le développement de la Commune de Logo et l’Association pour le développement de Logo Sabouciré avec comme projets : le développement durable de la Commune (réhabilitation et construction d’écoles,  de centres de santé, amélioration de la production agricole par le système d’irrigation).

Mieux, Diadié Yacouba Dagnoko gagne le cœur de la jeunesse avec la mise en place de la Coupe de la solidarité dans la Commune de Logo. C’est tout cela qui a conduit à ce discours historique le 1er septembre 2010. La population de Logo Sabouciré a reconnu la valeur d’un des leurs en lui donnant la parole pour souhaiter la bienvenue au président ATT. Lequel a agréé la demande de l’Association pour le développement de Logo Sabouciré, pour reconstituer les faits de la bataille qui a donné un renom au village. Faut-il rappeler que le village de Logo Sabouciré est le premier lieu de résidence contre l’invasion coloniale avec le Roi Niamody Sissoko, le 22 septembre 1878.

Un parcours honorable

Diadié Yacouba Dagnoko est né au Sénégal en 1949. Après le lycée, il entre à l’Université de Dakar. Son cursus est stoppé à ce niveau à la suite d’un mouvement de grève. Il se retrouve parmi les cinquante étudiants, de diverses nationalités, qui venaient d’être exclus et rapatriés dans leur pays d’origine.

Le président sénégalais, à l’époque Léopold Sédar Senghor, s’est basé sur le rapport de l’administration de la Faculté pour prendre cette mesure radicale. Diadié Yacouba Dagnoko retourne au Mali en 1971. Il fait un tour dans son village, Logo Sabouciré, le temps de valider son Diplôme universitaire d’études littéraires (Duel). L’année suivante, il entre en 3e A à l’EN Sup, pour en sortir en 1974 comme professeur de littérature. Entre 1974 et 1982, il enseigne successivement au lycée  Franco-arabe de Tombouctou, au lycée régional de Ségou

Il est ensuite nommé directeur des études de l’Institut national des arts de Bamako.

Entre 1982 et 1991, il est conseiller technique, puis directeur de cabinet au ministère de la Jeunesse, des Sports, des Arts et de la Culture. Ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports (1991-1992). Ambassadeur du Mali au Gabon, au Cameroun et en Centrafrique entre 2005 et 2017.

Sa vision sur le Mali d’aujourd’hui reflète une régression terrible. Les valeurs d’antan qui caractérisaient les hommes et les femmes sont perdues progressivement sous l’influence de l’argent, note-t-il. L’ancien ministre de la jeunesse regrette le manque de patriotisme.

Que faudrait-il alors afin que le grand Mali tienne débout ? “Corriger tout cela, chacun doit savoir ce qui lui faut pour sortir le pays de cette situation. Parce qu’à son indépendance, le Mali avait démarré avec des bons cadres patriotiques. Sinon ce n’est pas pour rien que l’on parle de refondation. Le Mali Kura ne sera une réalité qu’en retournant à nos valeurs culturelles”, conseille-t-il.

A titre de rappel, Diadié Yacouba Dagnoko dirigeait la direction nationale des sports, à un moment où le Mali ambitionnait de remporter une coupe continentale. Rêve ou ambition démesurée ? Comment prétendre à de bons résultats sportifs avec peu de moyens ? A l’époque le football malien était au plus bas niveau après la Can de Yaoundé 1972. Autrement dit, les bonnes performances manquaient.

Enseignement

A la lumière de ce constat amer, Diadié Yacouba propose au département des Sports un plan d’actions dont l’idée principale porte sur la conquête d’un trophée sous régionale, la détection de jeunes talents et une projection dans une fourchette de dix ans pour donner un second souffle au sport malien. Au même moment le constat débouche sur un sacre des Aigles en Coupe Cabral à Bamako (1989), un parcours honorable des Aiglons à la Can de leur catégorie, et une qualification à la Coupe du monde de leur catégorie.

En tant que directeur national des sports certes il n’a pas entrepris de réformes, mais il a consolidé les acquis du ministre Alpha Oumar Konaré. Ceux-ci concernaient un tout : la culture, la jeunesse, les arts et l’éducation populaire. Le département a continué sur cette lancée avec quelques résultats, notamment l’affectation de terrains aux différents clubs en identifiant des espaces avec titres fonciers.

Le vécu de Diadié Yacouba Dagnoko dans la gestion du sport lui permet de faire un parallèle dans le temps. Il soutient qu’aujourd’hui, les dirigeants sportifs ne s’écoutent pas. L’intérêt personnel prime sur tout. Autrement dit c’est le chacun pour soi. Il regrette à présent la grave crise qui a secoué notre football. “Cela a été un peu de trop”, estime-t-il.

La différence entre hier et aujourd’hui ? Jadis le mythe de l’argent facile n’existait pas. C’était plutôt l’amour du pays. Pour preuve la délégation de Yaoundé n’est pas venue riche, avec la deuxième place du Mali à cette Can, c’est-à-dire que l’argent à pollué le milieu sportif. Alors que les moyens sont là par la bonne volonté de l’Etat, le revers de la médaille ne doit-il pas être une conjugaison d’efforts pour des résultats tangibles ?

Diadié Yacouba Dagnoko est marié et père de trois enfants. Il consacre sa retraite aux consultations, aux prières à la mosquée et au sport.

O. Roger Tél (00223) 63 88 24 23

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