Portrait : M. T. : “Ma vie sur le trottoir”

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M. T., 18 ans, a fait deux ans de trottoir. Nous l’avons rencontré pour un partage d’expériences.

“Je vivais dans ma famille tranquillement. Je n’aimais pas l’école. J’ai abandonné. Je suis tombée enceinte. Mon père, l’ayant appris, m’a chassée. Alors, j’ai commencé, dès que j’ai accouché, à fréquenter un groupe de filles du quartier qui se prostituaient.

C’est ainsi que je me suis retrouvée sur le trottoir. Je vivais avec le père de mon enfant. Au début il supportait les dépenses, mais à un certain moment il n’en pouvait plus donc, j’étais obligée de me vendre pour nous nourrir.

Vivre de cette façon est très difficile. Tu es responsable de toi et de tout ce qui peut t’arriver. Il y a des gens qui abusent de toi. Il y a d’autres qui te tombent dessus pour te prendre ton argent. Il n’y a pas de jour de repos.

J’ai continué comme ça. Jusqu’à ce que je rencontre un jour l’équipe du Samu Social à qui j’ai expliqué mon cas. L’équipe du Samu social m’a beaucoup aidée et m’a apporté beaucoup de soutien. Elle m’a d’abord recueillie, soignée, formée en coiffure. Après, elle a démarché mon père afin qu’il m’accepte de nouveau dans la famille. Et quand j’ai intégré la famille, je sentais, en dehors de ma mère, que personne ne croyait en moi, que j’avais changé. Pour tout le monde, je retournerais à la rue. Même au quartier, les gens ne voulaient pas que leurs filles me côtoient. Vraiment le début n’a pas été facile pour moi, mais aujourd’hui Dieu merci, je m’entends avec tout le monde grâce à l’équipe du Samu social.

Je déconseille à toutes mes sœurs la fréquentation de la rue, à forte raison la prostitution, car ce n’est pas un bon endroit pour un enfant, tu peux prendre des maladies graves dans la rue. Vraiment rien ne vaut que vivre chez soi”.

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