La refondation de l’Etat malien demeure une priorité des autorités en place. Cette refondation s’impose parce que l’ancien système de gouvernance pose problème d’où l’urgence de changer radicalement de mode de gouvernance pour sortir le pays de la crise. Outre les élections générales, qui doivent être organisées en 2022, ce sont les réformes politiques et institutionnelles à engager pour refonder le pays qui sont au centre des débats. Et la transition est considérée comme une période privilégiée pour remettre à plat les mécanismes de gouvernance. Pour mener à bien cette lourde mission, le choix du président de la transition et du PM s’est porté sur le Pr Ibrahim I Maïga, un homme d’expérience.
Aussi, le deuxième chantier annoncé par le Premier Ministre Dr Choguel Kokalla Maïga c’est la refondation de l’État. Une fonction confiée au Professeur, Ibrahim Ikassa Maïga, un homme dont la compétence est reconnue par tous. À cela s’ajoute les réformes politiques et institutionnelles confiées à un ministre délégué auprès du Premier Ministre. Pr Ikassa, aura pour défis mettre des bases solides pour la refondation de l’État. À cet effet les Assises Nationales de la Refondation (ANR) se tiendront très prochainement précise le locataire de la Primature. Il explique qu’une équipe de haut niveau composée de personnalités consensuelles et crédibles, prendra en charge le processus de concertation des ANR qui devrait assurer une participation catégorielle, sectorielle, sociale et largement inclusive.
Il s’agira pour cette équipe de haut niveau d’établir un diagnostic partagé de la gravité et de la profondeur de la crise, des enjeux, défis et périls, et de nos vulnérabilités structurelles, une revue de toutes les précédentes rencontres thématiques, sectorielles et nationales (Concertations, États généraux, Forums, Assises, Dialogue national). Des conditions d’une refonte consensuelle des textes seront mises en place permettant de garantir l’érection d’une administration professionnelle et moderne, de réadapter la politique de décentralisation pour une gouvernance locale plus efficiente, de réviser la charte des partis politiques et la loi électorale afin de mettre un terme aux conflits post-électoraux récurrents. Le gouvernement va procéder également à la réforme du cadre juridique des élections avec la mise en place d’un nouveau système d’établissement et de contrôle du fichier électoral ainsi que la sécurisation des opérations de vote. Un autre défi auquel le gouvernement s’attachera c’est l’obtention d’une trêve globale (politique, syndicale, sociale) afin de créer un climat d’apaisement, de sérénité et de confiance mutuelle.
Bonne conduite des réformes
À cette vision s’ajoute la révision consensuelle et inclusive de la Constitution, dans le respect de son article 118 et la relecture intelligente de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger (APR) dans le respect des principes fondamentaux énoncés seront poursuivies et approfondies. L’APR constitue l’une de grandes priorités du gouvernement
Pourquoi Faut-il réformer la Constitution ? Pour l’adapter aux circonstances nouvelles qui surviennent, provoquant des changements plus ou moins importants dans la vie de l’Etat ou de la société. C’est le cas, par exemple, lorsque des traités sont signés par un Etat avec d’autres Etats, ou avec des organisations internationales. Ces traités influent nécessairement sur le fonctionnement de la vie politique du pays. Les précédentes initiatives qui n’ont pas pu aboutir ont été remises en cause tantôt pour des questions d’agenda politique (moment mal choisi) tantôt pour des difficultés pour les initiateurs à fédérer toutes les énergies autour des principaux points qu’ils ont voulu modifier. Donc il s’agira pour les autorités de la transition de créer les conditions de consensus pour que cette révision puisse se dérouler dans un climat apaisé.
Il reviendra au ministre de la refondation aussi le parachèvement du processus de réorganisation territoriale ; l’élaboration et l’adoption d’une nouvelle constitution ; l’assainissement des partis politique ; la réforme du système électoral ; et la poursuite du chantier de la régionalisation sont, entre autres, les priorités du gouvernement de la Transition concernant les réformes politiques et institutionnelles. En effet, le pays a besoin d’innovations institutionnelles pour assurer son équilibre précaire.
Aussi, l’objectif des Autorités de la transition pour la régionalisation devait porter sur une meilleure adéquation entre les ressources transférées et les fonctions assumées pour conserver au dispositif mis en place sa crédibilité. La vocation économique de la Région devant être réaffirmée, car la Région dans doit servir de point nodal pour accélérer le développement. Régionaliser, c’est, reconnaître une prééminence du niveau régional pour coordonner et intégrer les politiques de l’État et les programmes des collectivités territoriales, dans le respect de l’autonomie de celles‐ci et de leurs compétences respectives. La Région doit être assez forte pour développer des fonctions que les communes ne peuvent envisager, mais proche d’elles pour aider à mettre en œuvre les projets et faire émerger des priorités adaptées.
La réforme du système électoral est une urgence absolue tant la question des organes de gestion des scrutins ; la problématique de la participation des électeurs et de la sincérité du vote…posent problème depuis l’avènement de la démocratie. C’est pourquoi la classe politique demande incessamment la réforme du système électoral faisant partie des plus grandes recommandations de la classe politique.
La bonne conduite des réformes nécessite aussi le respect du cadre légal et des engagements de l’État tant au plan national qu’international. L’approche des autorités de la transition doit être axée sur une pédagogie qui fait appel à l’inclusivité et au rassemblement. Personne ne doit être exclu du processus de refondation de l’État. Tout le monde est concerné, car la crise sécuritaire, politique, sanitaire et socioéconomique n’a épargné personne.
La lourde tâche, qui revient à la transition, consiste alors à rassembler les Maliens autour d’un projet fédérateur qui est la détermination du devenir de l’État. La marginalisation et l’exclusion sont de mauvais conseillers en période de troubles extrêmes aux contours complexes. On ne refonde pas un État en 18 mois, mais on peut poser les jalons d’une nécessaire refondation salvatrice dont la colonne vertébrale consiste à restaurer dans l’État la confiance entre les gouvernants et les citoyens.
Mohamed Sylla