Juriste de formation, l’activiste Mohamed Youssouf Bathily, alias Ras Bath, est devenu une figure pour une grande partie de la jeunesse malienne qui le présente désormais comme son « guide ».
Bamako, jeudi 3 août. La circulation est totalement bouchée. De l’aéroport à la périphérie de la rive gauche en passant par la bourse du travail dans le centre-ville, une marée humaine est descendue dans la rue pour accueillir l’activiste Ras Bath, de son vrai nom Mohamed Youssouf Bathily, de retour d’une tournée européenne. Vêtu d’un t-shirt et d’un bonnet servant à couvrir ses dreads, il se tient debout sur une voiture pour saluer, tel un héros, des milliers de partisans acquis à sa cause et qui se sont mobilisés sur les réseaux sociaux.
La scène dure plusieurs heures. Une véritable démonstration de force face une décision de justice du tribunal de la commune IV condamnant l’activiste à un an d’emprisonnement ferme et 100 000 FCFA d’amende pour « incitation à la désobéissance des troupes ».
Pourtant, ses avocats ont déjà donné l’assurance qu’aucun mandat d’amener n’a été émis et qu’ils vont interjeter appel. Et scène assez rare : le procureur du tribunal himself a organisé une conférence de presse pour expliquer la condamnation.
Une des voix les plus audibles de la plateforme « Antè A bana »
« Je ne me sens pas au-dessus de la loi, au contraire. Le peuple a juste compris que ce n’est pas un jugement rendu par la justice mais un service rendu au profit des gens que notre combat dérange », affirme l’activiste, la voix basse et assurée et le regard régulièrement tourné vers son téléphone qui ne cesse de vibrer.
Ras Bath, qui est aussi membre du Collectif pour la défense de la République (CDR), est une des voix les plus audibles de la plateforme « Antè A bana » contre le projet de révision constitutionnelle. Ce n’est pas la première fois que ses partisans descendent dans la rue pour le soutenir après des ennuis judiciaires. Le 15 août 2016, il est interpellé et conduit de nuit au camp I de Bamako. Mais juste avant il a le temps de laisser un message sur son compte Facebook : « Au moment où je publie ces notes, je devrais être en route pour la radio, mais malheureusement, je suis en route pour le camp I… Des militaires sont venus… Votre émission Cartes sur Table n’aura pas lieu ce soir ou n’aura plus jamais lieu. »
Suffisant pour déclencher la même nuit des manifestations sur la rive gauche de Bamako, notamment à Sébenicoro, où se trouve la résidence présidentielle. Le jour de sa comparution, des centaines de personnes prennent d’assaut le tribunal de la commune IV pour exiger sa libération. La manifestation dégénère : les manifestants mettent le feu dans le tribunal et cassent des voitures aux cris de « IBK, fali » (l’âne). Un civil est tué et une dizaine d’autres blessés. Le lendemain de ces événements il est libéré, mais on lui interdit toujours d’animer son émission.
Une sorte d’idole ?
« On ne comprend mieux ces réactions que si l’on tient compte du contexte dans lequel tout cela est intervenu, marqué par le déguerpissement des commerçants, une situation sécuritaire préoccupante au nord et au sud et une assisse clanique du pouvoir, explique Boubacar Sangaré, écrivain et chercheur. Or ce sont les sujets de prédilection de Ras Bath. Son arrestation, assimilable à une tentative de musellement, ne pouvait passer auprès d’un auditoire qui, en manque de repères politiques et religieux, voit en lui une sorte d’idole. »
J’ai mis du temps à faire la différence entre mon père au sens éducationnel et mon père biologique
Une idole à laquelle l’activiste lui-même n’avait jamais pensé. Ras Bath est issu d’une fratrie de quatre frères et sœur. Sauf que lui a passé son enfance loin d’eux, à Dio Gare, une localité du cercle de Kati près de la capitale malienne où il a été élevé par son oncle paternel. « C’est un milieu où toutes les familles sont les tiennes, tous les adultes sont tes parents… Donc forcément tu développes l’esprit de solidarité. J’ai grandi dans ce milieu où je me suis rendu compte que je suis un produit de la société », confie-t-il.
Modérément loquace sur cette étape de sa vie, il avoue avoir mis du temps à faire la différence entre son père « au sens éducationnel » et son père biologique, l’actuel ministre des Affaires foncières, Mohamed Aly Bathily. Ce dernier ne partage pas la « philosophie rasta » mais a encouragé Ras Bath en lui offrant dès le secondaire des livres de Malcolm X et de Martin Luther King ainsi que des disques sur le rastafarisme.
C’est de cette « philosophie rasta », à laquelle se sont ajoutées des études de droit, que vient son engagement et son activisme. Tout a commencé dans les années 80-81, à travers l’écoute de la musique reggae, suivie plus tard d’un véritable approfondissement de « la philosophie ». Il participe ensuite à de nombreuses émissions radio consacrées au reggae, à Bamako et Kati. À partir de 2002, il devient l’animateur de ses propres émissions.
« Cartes sur Table » et le concept « choquer pour éduquer »
En 2010, détenteur d’une maîtrise obtenue à la faculté de droit de Bamako, Ras Bath entame un master II à Dakar. Mais il ne fait pas qu’étudier. Il assiste à la création du mouvement « Y en a marre » et participe aux différentes activités de ce dernier. De retour au Mali à la veille du coup d’État de 2012, il passe à la vitesse supérieure.
Quelques semaines après le début de l’opération Serval, Ras Bath lance avec des artistes maliens un collectif, les « Sofas de la République », pour dénoncer « l’ambiguïté de la position française dans le conflit malien », avant de s’emparer de bien d’autres sujets relatifs à la vie du pays. « Mais jusque-là, il était vu comme un simple agitateur au verbe facile et qui s’attaque à tout », estime un de ses proches qui a préféré rester anonyme.
Un peu plus tard, il revient à la radio avec son émission « Cartes sur Table », sur Maliba FM. Enregistrée en bambara pour toucher plus de personnes, l’émission est écoutée à chaque coin de rue. Responsables politiques et militaires, gouvernance, leaders religieux… Tous sont « smachés », selon ses propres termes. « Indigne, incapable, incompétent, voleur »… Les qualificatifs percutants ne manquent pas, dans un pays où le respect des anciens est considéré comme une valeur essentielle.
Je suis naturellement très vif face à certaines flagrances d’incapacité et d’irresponsabilité
« J’écoutais beaucoup les débats à la radio. Il n’y avait pas de contradiction, il n’y avait pas de choc. C’est l’invité qui déroulait face à un animateur qui n’avait généralement pas le bagage pour le bousculer », explique celui qui se décrit comme « naturellement très vif face à certaines flagrances d’incapacité et d’irresponsabilité ». Une partie de l’opinion apprécie les propos de Ras Bath, une autre en est choquée. Lui ne s’en soucie pas. Son concept est d’ailleurs de « choquer pour éduquer ».
Changer les mentalités
« Nous sommes là pour changer l’opinion qui avait commencé à croire que dire à un vieux de 70 ans qu’il est un incapable est une insulte », estime Ras Bath, convaincu. Il ajoute, bavard de ses mains : « On est en train de travailler le peuple à ne plus avoir peur du Président, à ne plus le voir comme un roi mais plutôt comme son employé, son fonctionnaire. Il doit apparaître aux yeux du peuple comme le gardien de la maison, comme son chauffeur, son domestique. »
« Choquer pour éduquer », estime-t-il, consiste à éveiller « ce peuple qui est le vrai souverain et dont on a réussi à faire croire qu’il est destiné à subir par la paupérisation de la qualité de l’enseignement. »
La virulence de Ras est à la mesure du mal qu’il combat », estime Me Zana Koné
Occupation d’une bonne partie du territoire national, mauvaise gouvernance, corruption, chômage… Ras Bath surfe sur toutes les carences du régime pour mettre une bonne partie de l’opinion dans sa poche. Le sang chaud et le verbe facile, Me Zana Koné est l’ami et l’un des avocats de Ras Bath. Cet ancien étudiant de l’université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, comme d’autres proches, le décrit comme étant « d’une profonde conviction qui lui donne une forte personnalité ». « Ras est en train de bousculer les habitudes, c’est pourquoi on a l’impression qu’il dépasse les bornes. Sa virulence est à la mesure du mal qu’il combat et on ne peut pas combattre le système avec les armes que le système lui-même propose », explique Me Koné qui reconnaît que son ami et client prend quand même « beaucoup de risques ».
Un avenir politique ?
Dans une chronique, début août, le journaliste Adam Thiam estime que « le bouillant rastafari » n’est pas une « citadelle à part. » « Depuis la vague anti-révision constitutionnelle, Ras Bath n’est qu’un élément d’un ensemble qui bénéficie de plusieurs concours », estime Thiam, ajoutant tout de même que majorité et opposition se doivent de composer avec lui.
Je n’ai aucune ambition politique. La seule chose qui nous intéresse, c’est l’éveil des consciences
À un an des élections présidentielle et législatives, plusieurs se posent des questions sur les intentions politiques de l’activiste. D’aucuns s’interrogent aussi sur les éventuels soutiens financiers sur lesquels il s’appuierait pour mener ses activités, notamment sa récente tournée en Europe pour une campagne contre le projet de réforme constitutionnelle.
L’intéressé ricane : « Tout le monde dit ce qu’il pense, mais nous sommes à l’aise. Quand je ‘smachais’ l’opposition, on disait que c’était IBK et son fils qui me finançaient. Quand j’ai commencé à le faire avec le pouvoir, on a dit que c’était Soumaïla Cissé. Peut-être que demain ce sera Jeune Afrique ! »
L’air plus sérieux, il ajoute : « Ce sont les Maliens et les CDR (membres du collectif pour la défense de la République, NDLR) de la diaspora qui ont financé intégralement mon voyage. Je n’ai pas dépensé un euro de ma poche. »
Renforcer le contrôle citoyen
Des ambitions politiques ? « C’est le dernier de mes soucis pour l’instant. La seule chose qui nous intéresse, c’est l’éveil des consciences et le renforcement des capacités du contrôle citoyen. » Une déclaration qui ne devrait pas tomber dans l’oreille d’un sourd. Car même apprécié, Ras Bath s’est aussi créé de nombreux détracteurs qui, même s’ils reconnaissent « son courage et son énergie », lui reprochent notamment « sa virulence », « son populisme » et « un manque de proposition de solutions concrètes » aux problèmes qu’il dénonce.
Source Jeune Afrique
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Ce garçon mérite d’être soutenu par tous les Maliens avides de vérité et de justice. Il était vraiment temps qu’apparaisse une figure comme celle-là. Toutes les couches sociales comprennent à présent la chose politique, les crimes politiques et économiques qui fragilisent notre pays. Sa voix à elle seule dépasse celles de toutes les radios et télévisions du Mali. Les Maliens tiennent enfin entre leurs mains un bijoux qu’ils doivent protéger et couvrir, afin que les salopards au pouvoir ne brisent son élan. Les Maliens ont besoin d’un homme comme celui-là, honnête, incorruptible et éloquent. Il n’a peur de rien et rien ne l’ébranle. Ni le pouvoir, ni sa justice et sa police. Il sait qu’il n’est pas au dessus des lois, c’est pourquoi il fait très attention à ce qu’il fait et ce qu’il dit. Puisse le bon Dieu lui prêter longue vie. Il n’a aucune ambition politique, il est la conscience et l’œil qui veille sur les dérives de nos dirigeants malhonnêtes et pervers, qui détournent à tour de bras, mentent sans arrêt aux Maliens dont ils ont fini de sucer le sang telles des sangsues. Il doit faire attention aux tentatives des politiciens véreux qui le courtisent afin de le rallier à leur cause. Les Maliens ont besoin de ce garçon. Il est leur porte parole face à un pouvoir corrompu conduit par des hommes sans moralité aucune, et sans aucune pitié pour les pauvres qui croulent sous le poids de la pauvreté et la misère. Honte aux hommes politiques Maliens qui ne se battent que pour leurs intérêts et non ceux du peuple. Longue vie petit, le chemin est long. Beaucoup de Maliens ont enfin trouvé leur porte voix, leur porte parole, leur messager. Choque davantage jusqu’à ce que dégagent les hordes de voyous et d’enfoirés qui affament nos compatriotes en les tuant à petit feu, en les détenant dans la misère et la pauvreté. Honte à IBK et sa clique, vive Ras Bath et tous les activistes qui veillent sur la moralité politique, nos deniers et la bonne conduite des affaires de notre pays.
1- Il n’ y a rien d’honnête et d’assez original de ce que M IBK vient de faire contrairement à tout cette émotion, de compassion et de cette pluie de félicitations à son égard. Quoi de plus normal dans une démocratie qu’un chef d’Etat prenne en considération la voix de la majorité et de sursoir à un projet, donc écouter tout simplement la voix du peuple.Arrêtons donc avec In God, we trust!!
2- Avec du recul on a assisté au contraire à la plus grande page de “com” médiatique et psychologique d’un président en mal pour n’avoir rien à présenter comme bilan après 4 ans d’exercice et qui plus est, l’a reconnu comme tel sur Al-Jazeera. Son sursis n’est qu’un gain à récupérer pendant les élections…Regardons les faits!!!!!
3- C’est la récupération du plus grand show politico-religieux digne d’une “Cosa Nostra” qui fut organiseé par la présidence en chorégraphie avec l’orchestre religio-coutumier en vue des élections à venir. Et pour cause, justement pour avoir fait cause commune avec le politique dans les business foncier, colportage et camionage. Le tout au détriment du lambda…!!!!
4- En clair il a s’agit donc de berner simplement les Maliens, du genre du bourrerau salvateur qui tend la corde à celui qu’il avait précédemment précipité dans le puits. Histoire d’une PAIX pour le Mali…!!!
5- Le projet a divisé les Maliens, M IBK a soi-disant évité le pire au Mali, a délivré le pays et est passé de ce fait comme ce chef de famille qui par enchantement a eu le souci de sa maison, sans préciser qu’il a eu peur entre autre du mot d’ordre ultime de la désobéissance civil prévu par la loi et surtout de l’ascendance sans précédent de la jeunesse sur la chair électorale religieuse en matière de mobilisation. Et qui connait l’homme IBK, rien d’étonnant de voir dans les mois à venir l’armée malienne dans Kidal, ou soit sa propre présence, soit un de ses ministres, ou aussi de delivrance de passeport et carte NINA pour nos compatriotes de l’Extérieur…!!!!
6- Cette cristalisation de la crise malienne au Nord n’est et ne fut qu’ une histoire de gros business autant pour les rebelles du Nord et du centre que pour les dinosaures du sud où on a vu une partie de l’iceberg à travers le troc organisé par les partisans du OUI…!!!
Aux Maliens de faire attention à la naiveté, que tout cela pour cela n’était en réalité qu’un piège sans fin!!!
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