Larbi Ben Barek : la perle noire

1
Larbi Ben Barek : la perle noire
Larbi Ben Barek

Larbi Ben Barek est né en 1917, à 300 kilomètres de Casablanca, au Maroc. Il débute sa carrière, en 1934, sous les couleurs de l’Idéal Club de Casablanca. Lors de son premier match officiel, il refuse les chaussures à crampons dont il n’a pas l’habitude. Ben Barek joue en savates ; ce qui ne l’empêche pas de marquer deux buts. Il fait partie des rares joueurs africains de sa génération à avoir fait une longue et belle carrière en Europe.

 

Benbarek est né et a grandi dans le protectorat du Maroc français . La première étoile de l’Afrique et le premier à porter le surnom de “Black Pearl”,  il a  ouvert la voie de l’Europe, et en particulier la voie des ligues françaises et espagnoles aux africains. Il est arrivé à Marseille, à l’âge de 20 ans, et est devenu instantanément un favori des fans pour ses compétences et ses capacités techniques.  Il est en grande partie dans les mémoires comme le premier succès footballeur noir en Europe .

Jeune orphelin, il grandit dans le quartier Cuba à Casablanca et joue au football dans la rue avec les enfants de son quartier. Dès l’âge de 14 ans, il exerce l’ancien métier de son père : menuisier. C’est à cet âge-là qu’il commence à jouer avec le Football Club El Ouatane, une petite équipe de quartier, de 1928 à 1930.

Début de carrière au Maroc

En 1934, il fait ses débuts au sein de l’équipe de l’Idéal Club de Casablanca, modeste club de deuxième division marocaine. Lors de son tout premier match sous les couleurs de l’Idéal, Larbi Benbarek affronte la redoutable formation de l’USM de Casablanca, triple vainqueur du championnat d’Afrique du Nord. Refusant les chaussures à crampons dont il n’a pas l’habitude, il joue en savates. Il marque deux fois au cours de cette partie et aide activement l’Idéal à s’adjuger une bonne 3eplace en championnat. En coupe du Maroc, Larbi Benbarek et l’Idéal atteignent la finale (1935), mais s’inclinent sur le fil face au RC Marocain. Au cours de ce match, il est impressionnant et la presse marocaine le couvre d’éloges. Dans la foulée, il est sélectionné pour la première fois avec l’équipe « régionale » du Maroc qui affronte son homologue de la Ligue algérienne d’Oran.

L’USM de Casablanca le recrute alors en lui fournissant un travail de pompiste. Ce transfert implique qu’il évolue une saison complète en réserve. Malgré cette situation, il est toujours sélectionné en équipe du Maroc. Larbi débute véritablement avec l’USM de Casablanca en septembre 1936 et dispute notamment avec l’US Marocaine la finale de la Coupe Steeg, finale du championnat d’Afrique du Nord, le 12 juin 1938 face aux Algériens de Bône. La JBAC s’impose 3-1 sur l’USM de Benbarek. Il attire très vite l’attention des grands clubs de métropole. Un match Maroc-France B disputé en avril 1937 lui vaut ses premiers articles élogieux dans la presse métropolitaine. L’Olympique de Marseille s’attache ses services en juin 1938. L’USM de Casablanca ne lâche pas facilement son joueur, mais accepte finalement l’offre marseillaise de 44 000 francs après avoir refusé une première offre du même Olympique de Marseille au début de l’été 1937.

Transferts en Europe

 

Larbi Benbarek débarque à Marseille le 28 juin 1938. Cinq mois après son arrivée en métropole, il fait sa première apparition en équipe de France dans l’ambiance volcanique de Naples le 4 décembre 1938 face à l’Italie. Le public italien siffle copieusement les français, et Benbarek tout particulièrement. Il ne possède en effet pas la nationalité française, et les Italiens chambrent… en réaction à ces sifflets, Larbi Benbarek chante alors à gorge déployée la Marseillaise. Cette réaction fut largement reprise par les médias, et il est alors totalement adopté par tous les supporteurs du club France, qui le connaissaient très peu jusque-là. Il entame alors la plus longue carrière jamais signée par un joueur sous le maillot frappé du coq : 15 ans et 10 mois.

Il trouve refuge à Casablanca pendant la Seconde Guerre mondiale et évolue alors de nouveau à l’US Marocaine. En1945, le président du Stade Français met en place à Paris une équipe de vedettes. Il en constitue l’une des pièces maîtresses sous la conduite d’Helenio Herrera. Quand le Stade est dispersé aux quatre vents après trois années de stars system, il se retrouve à l’Atlético de Madrid en Espagne pour un montant de transfert de 17 millions de francs de l’époque. Entre 1948 et 1953, il remporte deux titres de champion d’Espagne et marque les esprits (1950 et 1951), même s’il ne joue plus en équipe de France.

Surnommé « la perle noire », il a été, durant sa carrière au Maroc, en France et en Espagne, une star adulée en raison de sa technique et sa grande élégance dans tous ses gestes. Les spécialistes le considèrent comme l’un des meilleurs footballeurs de tous les temps. Pelé dira ainsi : « Si je suis le roi du football, alors Ben Barek en est le Dieu ». Larbi Ben Barek a reçu de nombreuses distinctions de la part des fédérations sportives les plus prestigieuses et des médias.

Benbarek rejoint l’Olympique de Marseille en fin de carrière. Avec l’OM, il joue une finale de coupe de France perdue face à Nice. Lors de son séjour olympien, il honore sa dernière sélection en équipe de France le 16 octobre 1954 face à l’Allemagne en amical. Cette sélection tardive, c’est au public du Parc des Princes qu’il la doit. Neuf jours avant le match devant opposer les Bleus aux champions du monde en titre, Larbi Benbarek est rayonnant au cours d’une partie amicale disputée au parc : France-Afrique du Nord (2-3). Il joue cette rencontre sous le maillot de l’Afrique du Nord, mais sa prestation et son prestige sont tels, que le public réclame et obtient sa sélection chez les Bleus. Victime d’un ennui musculaire, Larbi Benbarek doit quitter le terrain après 27 minutes de jeu face aux Allemands. Quelques semaines plus tard, il met un terme officiel à sa carrière de footballeur professionnel à 40 ans.

Fin de carrière 

Larbi Benbarek joue à l’Union sportive musulmane Bel-Abbès lors de la saison 19551956 sous la direction de l’entraîneur Lacaze. Vice-champion d’Oranie, l’USMBA atteint la finale de la Coupe d’Afrique du Nord, match non joué contre le Sporting Club de Bel-Abbès, champion d’Oranie. Il rejoint ensuite le FUS Rabat comme entraîneur-joueur puis en 1957 accepte le poste d’entraîneur de l’USM Bel-Abbès pour une saison2. Il joue ensuite comme amateur marron en Belgique, comme le confirme Michel Hidalgo dans le documentaire Des Noirs en couleurs diffusé sur Canal+ en juin 2008.

Sa carrière de joueur achevée, il se reconvertit en entraîneur.  Larbi Ben Barek meurt le 16 septembre 1992 dans la solitude, son corps n’a été découvert qu’une semaine après sa mort. Le 8 juin 1998 à Paris, la FIFA lui a décerné, à titre posthume, la médaille de l’ordre du Mérite.

Il fut : Champion d’Espagne : 1950 et 1951 avec l’Atlético de Madrid, Super Coupe d’Espagne (Coupe Eva Duarte) : 1951 avec l’Atlético de Madrid, Champion d’Afrique du Nord : 1942 avec Union Sportive Marocaine, Vice-champion d’Afrique du Nord : 1938 avec Union Sportive Marocaine, du Maroc : 1938 et 1942 avec Union Sportive Marocaine, Plus longue carrière en équipe de France de 1938 à 1954, soit 15 ans et 10 mois, 17 sélections et 3 buts.

Il a été l’un des meilleurs joueurs à  représenter la France, il a fait 19 apparitions pour l’équipe nationale française entre 1938 et 1954.

 

Rokya Berthé

Commentaires via Facebook :

1 commentaire

Comments are closed.