Aïssata Amadou Bocoum: 23 ans, une amazone des droits humains au Mali

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Présidente du conseil consultatif national  des enfants et jeunes du Mali, Aïssata Amadou Bocoum, est, à seulement 23 ans une figure incontournable  de la défense des droits des enfants au Mali. Mariage précoce, MGF, décrochage scolaire des filles …autant de fronts sur lesquels la jeune femme déploie toute son énergie.

 « Servir l‘humanité constitue l’œuvre la plus noble d’une vie », c’est le slogan d’engagement de Aïssata Amadou.De taille moyenne, forme proportionnelle, teint bronzé…Aïssata s’habille impeccablement bien en Jeans-Basket qu’en Wax ou Bazin, sa toilette préférée. Dans son bureau situé au cœur du quartier d’affaires de Bamako (ACI 2000), elle accueille en personne ses visiteurs.Démarche assurée, Souriante, regard percutant et voix retentissante, elle évoque avec passion son combat en faveur des droits humains. Dès l’âge de 11 ans , « Ina » comme l’appellent  ses proches s’est engagée dans la vie communautaire en adhérant au Centre d’Ecoute Communautaire de Sikoroni en 2007 où, elle a participé à l’animation de plusieurs projets sur la citoyenneté et la promotion des droits humains notamment les Droits à l’Education, à la Santé, à l’alimentation et à la protection de l’environnement.

Cet engagement au service de l’humanité, elle l’amené en tandem avec les études. «Tout ce que j’ai aujourd’hui, c’est grâce aux études », lance avec fierté l’ancienne vice-présidente du Parlement national des enfants du Mali. Une structure dédiée à l’apprentissage de la démocratie et à la promotion des droits des enfants. Au parlement des enfants, elle acquiert une solide expérience sur les droits et instruments juridiques de protection des enfants contre : le mariage précoce, l’excision et d’autres violences à leurs égards.

Ambassadeur des droits humains

 En mai  2011 au Sommet mondial des Parlementaires du G8/G20 à Paris, la « porte-parole » des enfants livre un vibrant  plaidoyer  en faveur de la formation, l’accès des filles à l’éducation, à la santé… L’année précédente, Aïssata A Bocoum est reconnue « jeune Ambassadeur » des droits humains, lors du Forum panafricain des enfants à Addis-Abeba. Débute alors pour Ina une série de consécrations et de partages d’expériences avec les enfants, à travers divers supports.

Des émissions radiophoniques, des journées de sensibilisation sur les droits et devoirs des enfants, organisées notamment en  milieu carcéral (Bolé). Mais aussi une forte présence sur les réseaux sociaux. Sans nul doute l’acte essentiel de ce combat est la réalisation du film: ‘’Oumou, un destin arraché’’. Un court métrage d’une trentaine de minute, mettant en scène le drame d’une jeune fille, contrainte d’abandonner ses études, et de contracter un mariage très tôt.

« A 13 ans on voulait me donner en mariage… »

La pratique de mariage d’enfants est récurrente au Mali, malgré les campagnes de sensibilisations. Le pays compte parmi les six mauvais élèves au monde, en termes de taux de prévalence de mariage précoce. Et la présidente du conseil consultatif national des jeunes est bien consciente du phénomène. Elle a échappé de justesse à un mariage précoce. « A 13 ans on voulait me donner en mariage. J’ai dit à papa, je ne veux pas me marier maintenant. Je veux étudier, aller jusqu’à la maitrise…Dieu merci c’est ce que j’ai fait.  Je me suis mariée en 2018 à l’âge de 22 ans. Ce choix m’a valu d’être traitée de tous les noms d’oiseaux, mais je savais ce que je voulais. J’avais une ambition. »

Son parcours, Aïssata Amadou Bocoum le doit à des parents attentionnés, qui ont ont accordéla priorité à sa scolarisation. Après une maitrise en droit public, la jeune activiste poursuit aujourd’hui un Master en Diplomatie et relations internationales dans une université privée à Bamako.

Manque de volonté politique

Autre succès de la jeune activiste des droits humains, certainement le plus éclatant, c’est d’avoir convaincu sa propre mère à renoncer à exciser sa petite fille. Les mutilations génitales féminines demeurent taboues  au Mali, où des leaders coutumiers et religieux se posent comme des obstacles à l’abandon de la pratique. « La seule personne que j’ai réussi à sensibiliser et qui a pris acte, c’est ma maman. Je lui ai montré une vidéo…elle a renoncé à exciser sa petite fille », s’enthousiasme la jeune Ambassadeur. Aïssata n’est pas dupe, en dépit des programmes de sensibilisation et les beaux discours des autorités, le combat pour les droits des enfants est loin d’être gagné, elle regrette même un recul, ces dernières années. Pour cette combattante, le droit des enfants n’est pas une «priorité pour les autorités actuelles ».

Le Parlement des enfants du Mali n’est plus fonctionnel. L’organisation ne fait plus ses activités de sensibilisation, déplore celle qui officie désormais au Cabinet de l’ancien président de la République Amadou Toumani Touré, surnommé l’ami des enfants. En attendant une ferme volonté politique, Ina encourage les enfants surtout les filles à étudier; à aller le plus loin possible dans les études;à fréquenter les associations et clubs de jeunes où ils pourront bénéficier de compétences sur leurs droits et devoirs, le leadership, le développement personnel pour éclore leurs potentialités. «C’est seulement à travers l’éducation que les lignes bougeront», conclut-elle optimiste.

Aly BOCOUM/Maliweb.net

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5 COMMENTAIRES

  1. Toutes mes félicitations ma fille. Puisse dieu dans sa miséricorde te protèger et t’assister dans toutes tes entreprises.
    Ta maman Mme SOW Aissé KEITA

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