L’Algérien Abou Zeid est le chef de l’une des deux principales katibas d’Aqmi au Mali.
Décrit comme un taiseux et un sanguinaire froid, celui qui se distingue par son fanatisme a d’abord été, dans les années 1980, un contrebandier ayant effectué plusieurs séjours en prison. Reste que son identité n’est pas clairement établie. Selon la fiche de la CIA et du FBI, il s’agirait d’un certain Abid Hammadou, né à Touggourt, dans la région de Ouargla. En fait, ce patronyme serait celui d’un mort. Le véritable nom d’Abou Zeid est selon toute vraisemblance Mohamed Ghedir, né à Debded, un poste-frontière avec la Libye.
Son engagement extrémiste remonte aux premières heures de la guerre civile en Algérie. Le parcours est classique : le Front islamique du salut (FIS), puis le Groupe islamique armé (GIA), au sein duquel il fait la connaissance et se met au service d’un certain Amar Saïfi, alias Abderrazak el-Para, le chef de la zone 5 (Est algérien). En 1998, les deux hommes suivent Hassan Hattab lors de la création du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Mais très vite, Zeid soutient le parachutiste dans ses ambitions aux dépens de l’émir Hattab et de sa rivalité frontale avec Mokhtar Belmokhtar. El-Para se voit confier la zone du Niger et du Tchad, alors que Belmokhtar règne sur le Sud algérien et le Nord-Mali. Cela n’empêche pas quelques alliances de circonstance. En avril 2003, El-Para et son lieutenant prennent en otage trente-deux touristes européens qu’ils remettront ensuite à Belmokhtar, en charge des négociations. Zeid suit les tractations, et c’est sans doute durant cette période qu’il fait la connaissance du Touareg Iyad Ag Ghali, aujourd’hui chef d’Ansar Eddine.
La neutralisation d’El-Para au Tchad, en mars 2004, lui permet ensuite de gravir un nouvel échelon et de récupérer les hommes de l’ancien militaire. Légitimiste, il fait également allégeance au nouveau chef du mouvement, l’idéologue Droukdel.
Soucieux d’entretenir l’authenticité de son jihad, il se démarque facilement du businessman et opportuniste Belmokhtar, et envisage, en 2007, d’aller se battre en Afghanistan. Seules des informations parcellaires sont disponibles sur cet épisode : il aurait rencontré un émissaire de Ben Laden au Tchad, mais son projet aurait tourné court avec la mort de cet émissaire. À défaut d’obtenir le titre d’« Afghan », le combattant, qui rayonne dans la bande saharienne, applique scrupuleusement les consignes de l’émir envoyées depuis la Kabylie.
Kidnapping
En janvier 2009, des bandits nomades kidnappent au Niger un ressortissant britannique, Edwin Dyer, qu’ils remettent aux hommes de sa katiba. La consigne de Droukdel : exiger la libération d’Abou Qoutada, un proche de Ben Laden, détenu en Angleterre. Londres négocie, et, croyant que les tractations ont abouti, annule au dernier moment une opération des forces spéciales, peu avant la fin de l’ultimatum. Funeste méprise. Dyer est sauvagement exécuté. Puis en juillet 2010, c’est l’otage français Michel Germaneau qui trouvera la mort.
Par ces crimes, Abou Zeid marque plus sa différence avec l’homme d’affaires du désert qu’il n’affirme sa loyauté envers Droukdel. Il démontre clairement que sa katiba n’est pas une officine de contrebandiers, que ses hommes mènent le jihad et qu’ils infligent la terreur aux apostats… Ce qui ne l’empêche pas de se livrer, lui aussi, à des trafics, mais moins ostensiblement que Mister Marlboro !
À Tombouctou, il s’est installé dans le palais de Kaddafi.
En septembre 2010, l’enlèvement des sept expatriés d’Areva et de Vinci, à Arlit (Niger), s’inscrit dans cette logique idéologique. L’ancienne puissance coloniale, terre de chrétienté, est frappée au coeur. À noter qu’au cours des négociations il croise une fois de plus la route de Iyad Ag Ghali, mandaté par Bamako, et a rencontré le colonel de l’armée française et ex-officier de la DGSE, Jean-Marc Gadoullet, qui a obtenu la libération de trois des sept otages.
Le vent révolutionnaire au Maghreb constitue une autre opportunité. Selon plusieurs sources, Zeid a envoyé des hommes en Tunisie puis en Libye, au moment de la chute de Ben Ali et de celle de Kaddafi. Quant au chaos malien, il lui a permis de renouer avec Ag Ghali et de servir d’intermédiaire entre le chef d’Ansar Eddine et sa maison mère, Aqmi. Signe des temps, le 1er avril dernier, lorsque Tombouctou tombait, il s’est installé dans le palais que Kaddafi s’était fait construire. Plus au nord, dans les montagnes de Kabylie, si l’émir Droukdel venait à disparaître, le lieutenant du Sahara serait certainement le candidat idéal à sa succession. À condition que l’éloignement ne constitue pas un obstacle. À condition aussi que la crise malienne n’engloutisse pas Mohamed Ghedir.
03/10/2012 à 15h:20 Par L. Touchard, B. Hamed, Ch. Ouazani / Jeuneafrique.com
Il va crever dans pas longtemps j espere que l armee va lui rouler dessus lui et les autres tarés d aqmi
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