Fatoumata Diabaté : Le parcours d’une photographe passionnée

0

Née le 19 septembre 1980 à Bamako, Fatoumata Diabaté dite ‘’Lavieille’’ est une jeune malienne atypique. Teint noir d’ébène, taille moyenne sans rondeurs excessives, cette fille joviale est surtout une femme de caractère qui a la tête bien sur les épaules  sait ce qu’elle veut. Entrée dans le monde de la photographie par accident, elle a réussi à faire de ce métier sa première passion et le centre de sa vie. Bref regard sur celle qui a tout pour être, demain, la diva de la photographie d’art au Mali.

C’est avec une passion sans réserve que Fatoumata Diabaté parle de son métier de photographe. Un métier qu’elle n’aurait sans doute jamais pratiqué si des circonstances de la vie ne l’avaient pas obligée à abandonner les études en classe de 11ème année. A l’époque, elle voulait coûte que coûte « faire quelque chose » pour s’en sortir : “J’étais prête à faire n’importe quel travail, sauf la prostitution, pour gagner ma vie et m’occuper de ma famille’’.

Elle va d’abord apprendre à faire de la teinture, tout en continuant à frapper à toutes les portes. Son courage et sa ténacité vont la conduire, en 2002, dans un centre de formation de jeunes filles dénommé ‘’Promo femmes’’. Elle y est inscrite pour neuf mois de formation. Puis la directrice du centre l’enverra, avec cinq autres filles, pour deux semaines de formation continue au Centre de formation en photographie (CFP). Finalement, les filles feront au CFP les deux années du cycle de formation du centre. En 2004, à la fin de cet apprentissage riche en connaissances théoriques et pratiques et après un stage en Suisse, les autres filles quittent le centre mais Fatoumata, courageuse et boulimique du travail, y restera encore pendant quelques années. Elle se perfectionnera dans les techniques de la photographie argentique Noir et Blanc et finira par être engagée par le centre, de 2007 à 2009, comme assistante technique au laboratoire argentique.

 

« Au fil du temps, j’avais fini par comprendre que tout métier que l’on aborde avec amour finit par nous donner satisfaction », dit Fatoumata. Par son sens du travail bien et son enthousiasme, elle a réussi à forcer l’admiration de son policier de père qui, au départ, voyait très mal sa fille en tant que photographe et n’appréciait pas son rythme de travail.

En 2005 déjà, soit un an après la fin de sa formation au CFP, Fatoumata Diabaté avait été sélectionnée pour l’exposition internationale de la 5ème édition des Rencontres africaines de la photographie de Bamako. Mieux, elle obtiendra le Prix Afrique en Création de CulturesFrance, à l’issue de cette exposition. Cette distinction qui marque la reconnaissance du génie créateur d’une jeune fille va booster la photographe et l’encourager à s’accrocher à ce métier. Grâce à ce Prix, elle aura droit à une résidence en France qui lui permettra de travailler sur de nouveaux projets avec des photographes européens. En Afrique aussi, le Bénin l’invitera pour une autre résidence de filles photographes. Ce fut le début de plusieurs périples à travers l’Afrique et l’Europe : Burkina-Faso, Sénégal, Maroc, Suisse, France, Espagne, Suède…

Quant à ces œuvres photographiques, elles sont exposées partout dans le monde, sur les cinq continents.

Assez modeste et convaincue qu’il lui reste encore beaucoup à apprendre, Fatoumata est très fière de son parcours : « Aujourd’hui, j’ai fait taire tout ceux qui pensaient que j’étais folle, pour avoir choisi la photographie considérée comme un métier destiné aux hommes seulement. Je suis sollicitée partout, je voyage dans plusieurs pays du monde et je suis respectée pour la qualité du travail que je fais. Et pourtant, je reste une femme ! »

Pour la jeune photographe, le premier mari de la femme, c’est son travail. Il n’est donc pas question pour elle d’abandonner son métier un jour, pour un homme. Celui qui voudra l’épouser devra accepter son appareil photographique comme faisant partie de sa vie. « Ma vie, c’est la photographie », dit-elle les yeux reflétant la lumière de la passion de son art.

 Pour la deuxième fois dans sa vie de photographe, Fatoumata est retenue parmi la quarantaine de photographes africains qui vont exposer en ‘’international’’ lors de la 9ème édition des Rencontres de Bamako qui se dérouleront du 1er novembre 2011  au 1er janvier 2012. Elle représentera le Mali aux côtés de trois hommes : Drissa Coulibaly, Bakary Daou, Mamadou Konaté. Une quinzaine de pays africains seront représentés à cette grand-messe de la photo dont le thème est “Pour un monde durable”.

Fatoumata Diabaté travaille avec de nombreux centres culturels à travers le monde, pour la production d’images et l’exposition de ses travaux, se dit prête aussi à défendre honorablement les couleurs de notre pays en novembre prochain à l’événement culturel “Paris Photo’’ à Paris.

Très sensible au combat pour la promotion dans le monde entier de la culture africaine en général et celle du Mali en particulier, l’artiste rêve de créer un jour son propre centre culturel au Mali. « C’est mon rêve de tous les jours », dit-elle, confiante.

Par Ousmane Ballo

Commentaires via Facebook :