Le transport des pèlerins maliens sur les lieux saints de l’islam (Mecque et Médine) est assuré par l’Etat (filière gouvernementale) et le privé. Une semaine après la fin du Hadj, tandis que le privé réalise à la perfection le retour de ses clients à Bamako, ceux de la filière gouvernementale ne savent plus à quelle sauce ils seront mangés.
Les 300 premiers pèlerins maliens de la filière gouvernementale sur les1500 sont arrivés dans la nuit du dimanche à lundi à l’aéroport international de Bamako-Sénou. Le prochain vol pour Bamako étant prévu pour le 2 décembre, les autres pèlerins ayant choisi la filière gouvernementale se demandent s’ils n’ont pas opéré un mauvais choix.
La société en charge de leur transport aller-retour aurait montré ses limites et ses incompétences. D’après des témoignages que nous avons obtenus auprès des pèlerins revenus au pays et ceux restés en Arabie Saoudite, elle serait actuellement incapable d’honorer ses engagements contractuels.
Au même moment, des compagnies privées assurent le plus correctement du monde l’acheminement de leurs clients. C’est ça le sens de la responsabilité. D’ailleurs, au moment où l’essentiel des pèlerins de la filière gouvernementale médite sur leur sort, les premiers convois de la filière privée sont arrivés à Bamako dans la nuit de lundi à mardi et d’ici la fin de la semaine, l’ensemble des pèlerins dont elle avait la charge seront rentrés.
Un fonctionnaire ayant choisi la filière gouvernementale témoigne : "Dimanche 21 novembre, le premier avion est parti à Bamako avec à son bord environ 300 passagers. Depuis lors, c’est le silence radio. A la date du 24 novembre, aucun autre vol n’est programmé, alors que tous les pèlerins des autres pays sont déjà rentrés chez eux. Nous n’avons personne sur place pour nous informer. Tous les numéros de téléphone en notre possession et devant être appelés en cas d’urgence, ne répondent pas. Certains manquent d’argent, d’autres de médicaments et les conditions hygiéniques deviennent de plus en plus lamentables. C’est un véritable appel au secours que nous lançons".
Il faut noter que les pèlerins de la filière gouvernementale se trouvent éparpillés entre Djeddah et Médine, sans interlocuteur. C’est donc un vrai cri de détresse que poussent les pèlerins qui ne savent plus où donner de la tête.
En même temps, cela pose encore l’éternel problème du choix de la compagnie aérienne devant assurer le transport des pèlerins. Il y a encore quelques mois, ce marché était âprement disputé par deux sociétés, une malienne et une étrangère.
Bien qu’étant de loin moins disant, la société malienne a perdu le marché au détriment de sa rivale, sans qu’aucune explication valable ne puisse être fournie.
Aujourd’hui, face à l’incapacité de cette dernière, les autorités en charge de l’organisation du Hadj auraient démarché l’agence de voyages Al Madina pour qu’elle accepte de transporter des pèlerins de la filière gouvernementale.
Son oui se serait buté au non de certains responsables du ministère de l’Equipement et des transports.
Certaines indiscrétions affirment que le calvaire que vivent les pèlerins de la filière gouvernementale s’expliquerait par les profondesdissensions qui existeraient entre des cadres du ministère des Finances et leurs homologues de l’Equipement et des transports sur des pots-de-vin qui auraient été versés au moment de l’attribution du très juteux marché.
Nous y reviendrons !
Diakaridia YOSSI