Après chaque édition de pèlerinage à la Mecque, l’Etat malien et les autorités saoudiennes en charge de la question se retrouvent pour faire le bilan. L’occasion est également mise à profit pour rendre publics le règlement de la nouvelle édition, les listes des agences de voyages épinglées pour irrégularités et celles primées pour la qualité de leurs prestations. Malheureusement, les sanctions prononcées ne servent presque à rien puisque les agences de voyages défaillantes continuent de bénéficier des mêmes traitements que les méritantes.
Pour le pèlerinage à la Mecque prévu d’octobre à novembre 2011, une quinzaine d’agences de voyages (dont nous taisons le nom pour l’instant) a été disqualifiée de l’organisation. Mais, comme d’habitude, les sanctions ne serviront à rien puisque les fautifs continuent à mener leurs activités comme si de rien n’était. Déjà en 2009, les promoteurs des agences de voyages dont des plus réputés de la place qui avaient été sanctionnés pour fautes graves, commises lors de l’opération précédente, ont repris de service sans la moindre difficulté. Profitant de la faiblesse de la caution à payer qui ne s’élève qu’à 2 millions de francs CFA, ils ont tous créé de nouvelles structures pour pouvoir transporter de pèlerins. Pour marquer ce nouveau coup, une de ces agences épinglées n’a pas lésiné sur les moyens financiers en transportant des cantatrices réputées du Mali. Pour toujours marquer les esprits et redorer leur blason, ces promoteurs indélicats s’adonnent à une offensive publicitaire qui tranche avec la charia.
Le « Soliyo » sous les tentes de Mina
Dans les avions aussi bien que dans les bus, ces agences se faisaient très souvent représenter par ces cantatrices « louées » pour la cause. En novembre 2010 lors d’une visite de courtoisie de la première dame Mme Touré Lobbo Traoré aux pèlerins maliens, le « Soliyo » (Atalakou, dans le jargon des milieux de Décalé Coupé) s’est plusieurs fois retenti sous les tentes de Mina. C’était une belle occasion pour ces mercenaires de défendre à cri et à cor les couleurs de leurs employeurs.
Pour cette année, la nouvelle direction de l’Office malien du tourisme et de l’hôtellerie (Omatho) pourra-t-il sévir contre ces agences qui ternissent l’image de notre pays en Arabie Saoudite ? Là, on assure que rien ne sera comme avant.
On prévient qu’« aucune agence ne sera encore permise de transporter plus de pèlerin dont elle n’en a eu l’autorisation. Mieux, les sanctions contre les agences fautives seront appliquées à la lettre ». Certes il y a des sanctions à des échelons différents, mais pour l’instant l’Omatho ne confirme pas l’exclusion d’une nouvelle agence pour l’opération de 2011, mais confirme des sanctions de réduction des quotas de pèlerins.
Il faut espérer qu’il réussisse ce combat contre d’autre mauvaises pratiques qui ont pour noms : falsification des documents de voyages, fausses déclarations de certificat de vaccination et transport de produits prohibés par les Saoudiens (tonnes de cola, de miel, de produits cosmétiques régulièrement saisis par les services de contrôles saoudiens dans les aéroports de Djeddah et Médine).
L’autre défi à relever sera celui de la bonne prise en charge des pèlerins par les agences de voyages et de la filière gouvernementale. Il est regrettable que des agences de voyages tenues par des personnes n’ayant aucune moralité ni de compétence requises soient responsabilisées dans l’encadrement des pèlerins. La conséquence est connue : pèlerins malmenés lors des principaux déplacements sur les différents sites, mauvaise condition sanitaires, d’hébergement et de restauration.
Il est temps que l’Etat mette de l’ordre dans le secteur pour éviter que notre pays ne se retrouve sur la liste rouge des autorités saoudiennes.
A rappeler que le Mali transportera cette année 7 000 pèlerins dont 1500 par le gouvernement et 5 500 par les privés. Les premières vagues débarqueront en terre saoudienne à partir de mi octobre 2011.
A bon entendeur salut !
El Hadj Markatié Daou
