Malgré son rôle clé, les compétences de la Maison du Hadj se limitent à Bamako. L’organisation opérationnelle et financière du Hadj sur les lieux saints de l’islam reste la chasse gardée du département de tutelle. Un impair que les autorités gagneraient à corriger pour permettre à la structure de parachever son travail indispensable pour une bonne organisation du pèlerinage, afin de combler les attentes du président IBK.
En effet, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, a une vision claire du travail à faire pour réussir l’organisation du hadj. Son initiative d’organiser un forum sur l’organisation du Hadj est à saluer. Déjà, pour la campagne 2015, la Maison du Hadj a introduit de nombreuses innovations. Faciliter le pèlerinage à la Mecque et permettre aux fidèles d’accomplir ce 5ème pilier de l’Islam, c’est la principale tâche à laquelle la Maison du Hadj s’est attelée cette année. Dès l’ouverture de la campagne du pèlerinage, la Maison du Hadj, structure stratégique du dispositif, a mené d’importantes activités, notamment des formations thématiques et pratiques. Elle a initié une série de formations à l’endroit des pèlerins sur le concept de la spiritualité. Au nombre desquelles, figurent trois ateliers dédiés aux guides religieux, aux délégués médicaux, aux encadreurs des 35 regroupements organisateurs du Hadj, soit 148 agences de voyage agréées. Elle a aussi organisé une série de sessions à l’intention des candidats au pèlerinage sur les formalités administratives et de sécurité, le séjour en Arabie Saoudite, le rôle du prêche dans le pèlerinage et les conditions sanitaires des pèlerins.
La direction de la Maison du Hadj voit en cette méthode du Hadj un moyen de relever les défis liés à l’organisation du pèlerinage. «Nous sommes tous interpellés pour offrir aux pèlerins des prestations de qualité pendant leur séjour en Arabie Saoudite», avait alors déclaré le directeur de la Maison Abdoul Aziz Maïga.
Ainsi, lors de la formation consacrée aux délégués médicaux, M. Maïga dira que cela devrait permettre à ceux-ci de respecter et d’appliquer le règlement sanitaire du pays d’accueil et d’assurer une meilleure couverture sanitaire des pèlerins. Concrètement, cela passe par les visites médicales, la vaccination, les mesures d’hygiène, la sensibilisation sur les différentes maladies contagieuses et les moyens de prévention.
Dans le cadre de la collaboration et des liens historiques d’amitié, la Maison du Hadj a fait venir deux experts du Maroc et de l’Arabie Saoudite pour former et partager leurs expériences.
Les deux journées de prêche organisées à Bamako en collaboration avec l’Université de Médine du Royaume d’Arabie Saoudite et le ministère du Habous du Maroc, sur le pèlerinage, ont permis d’évoquer les questions spirituelles liées au Hadj. Notamment, l’historique du pèlerinage, l’accomplissement des rites du pèlerinage, la visite de la Sainte Mosquée du Prophète Muhammad (PSL) et les Conseils généraux sur le pèlerinage. C’est la première fois que de telles journées ont été organisées à l’intention des pèlerins maliens.
La direction générale de la Maison du Hadj a aussi procédé à l’organisation de deux séances de prêche en français, en bamanakan, en sonrhaï, en peulh et en soninké. En plus, trois ateliers de formation ont pu se tenir à l’intention des membres de l’encadrement des différentes filières organisatrices du pèlerinage (filière gouvernementale et privée). De même, les médecins des différentes délégations du Hadj et les guides religieux ont été formés. Plus que pédagogique, cette série de formations s’était achevée avec celle générale tenue du 15 au 20 août 2015.
Créée en 2001, la Maison du Hadj a toujours contribué à l’organisation du pèlerinage. Pour l’édition de cette année, la Maison du Hadj a davantage renforcé les capacités des pèlerins grâce à des activités jugées innovantes. Un succès salué à sa juste valeur par le ministre de tutelle à l’occasion des journées de sensibilisation. Mais, la Maison du Hadj pourrait mieux réussir sa mission, si elle était impliquée jusqu’au bout dans le pèlerinage, notamment à la Mecque, comme cela se fait dans les autres pays du monde. Nonobstant le fait que la Maison du hadj joue un rôle secondaire dans l’architecture de gestion du pèlerinage, son directeur général est l’un des adjoints du superviseur général, elle a relevé beaucoup de défis. On se rappelle que le dossier de l’hôtel qui devait héberger les pèlerins de la filière gouvernementale à la Mecque a été retiré au dernier moment, et c’est le directeur de la Maison du hadj qui a pu sauver la situation. Une action saluée par le ministre des Affaires religieuses devant les parlementaires maliens lors de son interpellation.
De la bousculade de MINA
Sur la question, il faut se féliciter du fait que les responsables de la Maison du Hadj ont apporté leur soutien à hauteur de souhait aux autorités saoudiennes et aux parties maliennes (le gouvernement, les agences de voyage de la filière privée). Car, après le départ de l’encadrement national, disons même l’abandon du terrain en laissant derrière eux toutes les victimes, c’est le directeur de la Maison du Hadj qui a pris l’initiative de créer un comité de suivi, de recherche et d’identification des pèlerins décédés, tout en rendant compte régulièrement au département. Il a également apporté son soutien logistique aux agences de voyage sur le terrain.
Après avoir constitué deux groupes de travail, un à Bamako, et l’autre à la Mecque, la direction de la Maison du Hadj, sous la conduite de son directeur général, est retournée sur le terrain pour finaliser les recherches. Elle a aussi assisté les Agences de voyage dans la recherche et l’identification de leurs pèlerins. Elle a également facilité l’octroi de visa aux parents des victimes qui ont exprimé le besoin de faire le déplacement en Arabie saoudite afin de participer à la recherche et/ou à aux funérailles de victimes. En clair, toutes les dispositions ont été prises par la Maison du Hadj pour faciliter leur hébergement et leur déplacement sur le territoire saoudien. De même que le comité de suivi mis en place par la Maison du hadj a pu coordonner le retour des pèlerins blessés.
Après l’identification des corps maliens, une trentaine n’a pu être identifiée. Cependant, après plusieurs démarches auprès des services techniques saoudiens, la Maison du Hadj, en collaboration avec le consulat général à Djeddah, a pu obtenir les cartes FTA micro-card. Les seuls instruments indiqués dans ce genre de situation pour le prélèvement de sang chez des parents afin de faire les tests ADN et cela gratuitement. Rappelons que les prélèvements ont été faits sous la supervision de trois spécialistes dont le délégué médical de la filière gouvernementale.
Il faut signaler que tous les acteurs de l’organisation du Hadj ont reconnu au Directeur de la Maison du Hadj son patriotisme, son savoir-faire et sa rigueur dans la gestion du dossier.
Moumouni Sacko