Organisation du pèlerinage 2012 : Des promoteurs d’agences se prononcent

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Le Hadj 2012 intervient dans une période de crise que traverse actuellement notre pays. Une crise qui n’épargne aucun secteur. Or depuis maintenant une décennie, les agences de voyages spécialisées dans le transport des pèlerins sur les lieux saints de la Mecque ont doublé, voire triplé de nombre. Crise oblige, le nombre de pèlerins de cette année est loin d’atteindre ceux des années précédentes. Comment les agences vivent cette situation ? Et quels sont les moyens à leur disposition pour un Hadj 2012 serein ?

Des promoteurs réagissent.

Massa Traoré, promoteur de l’Agence Massa Voyage

« Il vaut mieux avoir un petit nombre, pour bien les gérer… »

Le pèlerinage est une obligation pour le musulman quand il a les moyens. A partir du moment où c’est une obligation, si les agences de voyages se mettaient ensemble qu’il y ait une seule entité privée avec une multitude d’agences de voyages au sein de cette entité on peut gagner sur le prix et mieux organiser le pèlerinage. Je me suis battu pour cela, mais cela n’a pas porté fruit. On a eu du mal à mettre les agences ensemble pour mieux organiser le secteur. Depuis trente ans que j’organise le pèlerinage, j’ai un quota de 50 personnes qui n’est pas difficile à réunir. J’attire l’attention des autres agences et même les autorités et les clients que pour mieux organiser le Hadj, il vaut mieux avoir un petit nombre, que nous pourrons bien gérer. Plus tu as un grand nombre, plus la gestion devient difficile. J’ai bon espoir d’avoir mon quota cette année.

Selon certains, beaucoup de gens sont indécis, ce qui n’est pas vrai. Je vous donne l’exemple de la Malaisie, où les gens payent neuf ans avant de partir à la Macque. C’est plutôt une question de croyance, et je dis sans risque de me tromper que la religion n’est pas ancrée chez nous les maliens étant donné que nous faisons toujours la confusion entre Dieu et nos fétiches. Si les gens n’affluent pas c’est certainement par manque de moyens mais aussi par manque de conviction. 40% des pèlerins maliens sont des commerçants. Ils veulent aller à vil prix pour vendre leurs marchandises ce qui les amène à jouer avec le nerf des agences de voyages. Ils profitent du pèlerinage pour faire du commerce. C’est comme le Sénégal qui a aussi un gros lot de commerçants parmi ses pèlerins ».

Chouaibou Soumaré, promoteur de l’agence Kumbi voyages

« Cette année on aura plus de pèlerins que les années passées. »

« Nous avons commencé l’activité pèlerinage en 20O1, de cette date à ce jour nous amenons les pèlerins à la Mecque dans de bonnes conditions. On a travaillé avec des compagnies aériennes telles que Tunis Air, Ethiopain Airline, Afriquia, Royal Air Maroc, mais ces deux dernières années on travaille avec l’agence Almadina qui transporte les pèlerins par le vol Charter. En tant que croyant, nous ne nous décourageons pas même si la clientèle est lente. Mais aussi nous savons que les maliens sont des retardataires. Pour ceux qui pensent que la crise du Nord aura un impact sur le nombre de clients, moi je pense que ça aura un impact. Parce que les gens vont le plus vers Dieux que lorsqu’ils ont des problèmes, et les maliens aujourd’hui ont des problèmes. J’ai l’espoir que cette année on aura plus de pèlerins que les années passées. A Kumbi nous faisons de notre mieux pour le bon déroulement du pèlerinage. La majorité de cette sainte pratique se faisant à la Mecque nous nous employons en tant qu’ambassadeur du Mali au même titre que les autres agences à donner une meilleure image du Mali. Nous travaillons à donner une bonne image du pays à l’extérieur. Je salue ce que vous faites qui est à ma connaissance une première. Je demande aux agences sœurs de travailler dans le professionnalisme seul gage de survie d’une agence. Je demande aussi aux indécis de se hâter pour faciliter le travail des agences à leur rendre un service de qualité. Je souhaite une bonne campagne pour toutes les agences ».

Karamoko Kourékama, promoteur de l’agence Kourekama voyages

« Nous avons des clients mais pas comme les années précédentes »

« Nous rendons grâce à Dieu, qui nous à donné la connaissance du métier, pour faciliter le pèlerinage eux pèlerins. Nous avons des pèlerins depuis de nombreuses années. Notre relation d’avec ces pèlerins se fonde sur la confiance. Aucun pèlerin ne viendra s’inscrire lui-même, ils viennent par le biais de personnes qui vous connaissent et qui ont des fois eu à faire le Hadj avec vous. Rare sont ceux qui de passage en voyant votre pancarte ou en écoutant vos annonces à la télé ou à la radio viennent s’inscrire dans votre agence.

C’est cette confiance que nous tâchons à l’agence Kourekama de conserver. Le travail est certes difficile, parce que les pèlerins que nous conduisons sont de nature différente que vous devez de gérer tous en même temps. Nous avons des clients mais comme les années précédentes, le cas est similaire dans toutes les agences. L’année dernière à la même période nous avions réalisé ce que nous voulions. La crise du nord en est pour beaucoup, dans la mesure où les 30% de nos pèlerins sont des nordistes. Ce qui fait que nos quotas ne sont pas atteint, mais nous espérons qu’ils seront atteints, car les maliens sont surtout des retardataires. A ce jour nous n’avons pas atteint nos 50%.Le marché de Dabanani concentre l’essentiel de notre clientèle, certains peuvent vous donner jusqu’à trois voir quatre clients, mais vous payent en retard. Il arrive des fois où la période du Hadj se pointe sans que vous ne soyez payé par eux, mais sachant qu’ils n’ont pas d’argent en espèce nous arrangeons les cas pour ensuite être rembourser. Les 90% des pèlerins maliens sont des personnes âgées qui sont envoyés par des parents, et les 70% sont des femmes. Ce que je veux dire aux gens, c’est que le Hadj ne se force pas c’est une question de moyens. Mais au Mali les gens ont tendance à forcer alors qu’ils n’ont pas les moyens ceci nous cause énormément de problèmes. Je demande aux pèlerins de faire le Hadj à cause de Dieu, et non à cause d’autres considérations ».

Mme Bocoum Adja Binta N’Diaye promotrice agence Raouda voyages

« L’affluence n’est pas au rendez –vous »

« J’ai commencé mes activités à Accra et à Abidjan. J’ai débuté il y’a 29 ans quand il n’y avait seulement que cinq agences au Mali. J’ai des agences en Côte d’Ivoire au Gabon et à Bamako et Sikasso. Avant le gouvernement aidait les agences privées à hauteur de 50 voire 60 millions que nous nous partagions, ce qui n’est plus le cas. Depuis sept ans que j’ai commencé mon activité au Mali, cette année est particulièrement moins propice. Les années précédentes la maison du Hadj bondait de monde à quelques un mois des dates de départ ce qui n’est pas le cas cette année. Ce qui veut dire que la clientèle n’est pas au rendez-vous. En tout cas à notre niveau nous avions atteint notre quota. Si la situation reste comme telle les pertes seront plus conséquentes que celles de l’année dernières. Pour éviter que cela n’arrive les agences doivent se donner la main, pour travailler en communion. L’organisation de notre Hadj nous les privés est différente de celui du gouvernement qui dispose de soutien énormes contrairement à nous. La crise que traverse le pays a impacté négativement sur le pèlerinage, l’affluence n’est pas au rendez –vous. J’ai certainement atteint mon quota, mais je prie Dieu pour que toutes les agences aient pour leur compte ».

Kalilou Boré promoteur de l’agence « Al firdaous »

« Si les clients ne viennent pas ce sera tout simplement une perte »

« J’ai commencé très jeune le métier d’organisation du Hadj. Je travaillais avec le gouvernement quand j’étais encore étudiant à la Macque. A mon retour j’ai travaillé avec l’agence Almadina pendant dix ans. C’est donc en 1996 que j’ai crée mon agence Alfirdaous. Pour l’organisation du pèlerinage de cette année je travaille avec un groupe de 04 agences. Compte tenu de la situation que traverse le pays, le Hadj de cette année s’annonce difficile. La clientèle vient au compte goutte, mais nous espérons que d’ici fin septembre la situation va s’améliorer. Une chose est claire, c’est que ce ne sera pas facile du moment où à la Mecque nous avons déjà signés des contrats en fonctions du quota qui nous ait attribué. Et si les clients ne viennent pas ce sera tout simplement une perte, car vous n’êtes pas rembourser. Les agences compte tenu de la crise doivent savoir comment gérer. Expérimenté que nous sommes, nous mettons tout en œuvre malgré la crise pour que nos pèlerins fassent le Hadj dans les meilleures conditions. L’efficacité de notre encadrement et notre expérience y seront pour beaucoup, dans la réussite de notre Hadj. Nous faisons des bénédictions pour le retour de la paix dans notre pays ».

Propos recueillis par Aliou M Touré

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