Le 24 septembre dernier, survenait, à Mina (Arabie saoudite) la dramatique bousculade qui a fait des centaines de victimes. Dix jours après, la seule certitude reste que de nombreux Maliens figurent par ces victimes. Au-delà, ni le nombre des pèlerins maliens décédés ni le nombre des disparus, ne sont encore exactement connus, bien que le ministre en charge des questions religieuses s’est rendu (le 26 septembre) à la Mecque pour, dit-on, suivre la situation de près. Ce flou, qui en ajoute chaque jour à l’angoisse des familles, remet aujourd’hui au centre des débats l’incapacité notoire du pouvoir en place face aux situations d’urgence.
Combien de Maliens ont péri suite à la bousculade du 24 septembre ? Combien sont les Maliens restés introuvables depuis ce drame ? Qu’ont spécifiquement entrepris nos autorités pour consoler ou rassurer ses familles qui sont sans nouvelle de leurs parents partis au Hadj ? Ce sont là autant de questions qui sont encore d’actualité au Mali, plus d’une semaine après le drame. Les autorités maliennes, elles ne s’en offusquent vraisemblablement pas. En lieu et place des réponses claires, des communiqués, aussi vident de contenus que les sorties médiatiques du président et certains membres du gouvernement, sont servis aux Maliens. Et, sans doute, pour endormir la conscience collective, ces communiqués sont pointillés de promesses annonçant, pour bientôt, la fin du suspense. Cette méthode calamiteuse fut chapeautée par l’ouverture d’une enquête et l’observation d’un deuil national. Ainsi sont restées couvertes, des jours durant, la carence de nos autorités et les failles du dispositif organisationnel du Hadj. Cependant, les Maliens ont fini par comprendre que le gouvernement est dépassé par les évènements. Finalement, l’on semble accorder plus de crédit aux chiffres annoncés par certains responsables d’Agence de voyage (qui parlent de plus de 70 morts) qu’aux données officielles. L’Agence AFP aurait à sa disposition une liste qui fait état d’au moins 53 pèlerins maliens décédés et une centaine d’autres toujours portés disparus. La même Agence aurait eu un second document officiel sur lequel figurent les noms et prénoms de 129 maliens disparus. De son côté, le ministre des Affaires religieuses et du Culte, Thierno Amadou Omar Hass Diallo, interrogé par la presse saoudienne, a parlé d’une cinquantaine de morts et d’une quarantaine de blessés. Du côté des agences de voyages, l’on évoque 70 morts et plus de 200 blessés. Un coordinateur de l’agence Tam Klédu aurait confirmé ce bilan provisoire.
Voilà comment l’on demeure dans le flou au Mali (où tout un département ministériel est dédié aux affaires religieuses), au moment où la plupart des délégations des différents pays ayant participé au Hadj ont fini d’établir leur bilan.
En attendant, les familles, qui remuent ciel et terre pour avoir les nouvelles de leurs proches (portés disparus), devront prendre leur mal en patience.
Sambou Diarra