La rencontre entre les populations de Yanfolila et les ministres de la Sécurité intérieure et de l’Administration territoriale le vendredi dernier n’a pas répondu aux attentes des Wassoulouké. Si certains se félicitent des déclarations de Sadio Gassama, ceux de Kafougouna Koné sont restés au travers de nombreuses gorges.
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En vue de calmer les esprits et d’apaiser la tension dans le conflit qui oppose le village malien de Siradiouba et son voisin guinéen de Dalakan(Guinée) depuis plus de six mois, le chef de l’Etat Amadou Toumani Touré a dépêché les ministres de la Sécurité intérieure et celui de l’Administration territoriale pour rencontrer les populations de Siradiouba et villages environnants.
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La rencontre, qui s’est tenue à Yanfolila le vendredi 16 novembre, a enregistré la présence des autorités locales, les notabilités et les jeunes sortis très nombreux. La rencontre a été l’occasion, pour les deux ministres, de dire ce qu’ils pensent de la crise et préconiser des solutions. Mais, ce qui s’est passé à Yanfolila ce jour révèle de l’extraordinaire : contradiction dans les propos des ministres, confusion dans les esprits des populations ont été quelques enseignements de cette rencontre.
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De l’avis d’un chef coutumier, les propos tenus par le ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, le général Kafougouna Koné, ne rassurent pas les populations. Les populations après la rencontre ne sont pas contentes de la gestion de la crise par Kafougouna. Les participants sont unanimes à reconnaître que le général Koné a semé la confusion dans les esprits et aurait accusé les populations de Siradiouba de représailles.
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Pour lui, « faute de délimitation de frontière entre le Mali et la Guinée, les populations doivent résoudre de façon locale le conflit ». Les Wassoulouké pensent, en revanche, que le Sankarani constitue une limite naturelle entre les deux pays. « Les chefs coutumiers des deux pays ont toujours fait du Sankarani la frontière des deux pays. Si aujourd’hui, le ministre vient nous dire qu’il n’y a pas de limite, nous ne savons plus quoi dire », s’est insurgé un des chefs coutumiers.
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Comme pour couper court aux propos de son collègue de l’Administration territoriale, le ministre de la Sécurité intérieure, le général Sadio Gassama a pris position en affirmant que, pour lui, il y a belle et bien une délimitation naturelle entre les deux pays qui reste le Sankarani, un affluent du fleuve Niger. Répondant aux préoccupations des populations sur l’implantation d’un camp militaire, M. Gassama a dit que tous les moyens seront mis en œuvre pour que les populations soient sécurisées.
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Passivité du préfet
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Les Wassoulouké, selon une source, avaient besoin de propos réconfortants et non qui les accusent d’agressions sur leurs voisins.
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« Ce que le ministre a oublié de rappeler, c’est que les populations de Siradiouba, contrairement à certaines allégations, n’ont jamais exercé de représailles. Nous avons toujours été attaquées par des Guinéens sur notre territoire et l’on nous accuse de faire de la vengeance ou des représailles » . Pour notre interlocuteur, le ministre Koné n’a pas dit qu’ils sont agressés par les Guinéens. « Les Guinéens traversent le fleuve et viennent cultiver sur notre territoire ». Parmi les personnalités dont les agissements, selon les Wassoulouké, ont causé des pertes en vies humaines et causé des dégâts importants, figure le préfet de Yanfolila. En effet, certains l’accusent de n’avoir rien entrepris pour contrer l’attaque des Guinéens alors que des informations lui avaient été données la veille par des populations.
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Il faut rappeler que la population de Siradiouba, village malien dans la Commune rurale de Guerenikoro (cercle de Yanfolila) frontalier avec la Guinée, a été de nouveau la cible d’attaques des habitants de Dalakan (Guinée) le mardi 6 novembre 2007. L’attaque, menée par une centaine de jeunes Guinéens, a fait 5 morts dont un gendarme et 13 blessés. Les blessés ont été évacués sur le Centre hospitalo-universitaire (CHU) Gabriel Touré pour y recevoir des soins.
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Ce n’est pas la première fois que Siradiouba est attaqué par des Guinéens. La dernière en date remonte au 26 mai 2007. Elle avait occasionné la mort d’un des vieux du village, Domo Noumankan Sidibé. Le moins que l’on puisse dire, c’est que toutes ces représailles de paisibles maliennes se font au su et au vu de nos autorités sans que celles-ci prennent des mesures appropriées pour assurer la sécurité des populations.
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Avant de prendre congé de leurs hôtes de Siradiouba, les deux ministres ont appelé les populations meurtries au calme en les invitant de rester derrière les autorités.
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Amadou Sidibé
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