S’il est bien une conviction que j’avais avant les propos polémiques du Président IBK envers Tiébilé DRAME et la passe d’arme qui s’en est suivi entre le Gouvernement et l’opposition, c’était bien l’absence dans notre pays d’un espace public ouvert au débat où autorités, responsables politiques et autres acteurs de la société civile pourraient venir librement exposer leurs positions et préoccupations, ce qui expliquait en grande partie l’exacerbation des tensions, rumeurs, calomnies ou autres suspicions parfois infondées. L’épisode de la semaine écoulée venant le confirmer. Et cet espace d’interpellation et de débat démocratique ne saurait mieux s’exercer qu’à travers la télévision publique, seul média officiel capté par toutes les populations et partout au Mali.
Et c’est là que le bas blesse, car il faut le dire, sans remettre en cause la qualité des ressources humaines qui la composent, l’ORTM, notre ORTM, n’est pas au niveau. La faute en incombe à nos autorités qui tardent à mettre en place les réformes promises et à lâcher la bride aux responsables de la structure afin que leurs journalistes fassent enfin leurs travail sans craindre les retour de bâton. A l’image de France 2 en France ou plus près de nous de la RTS au Sénégal (afin de comparer ce qui est comparable).
Car en effet, si la différence de développement ou de moyen est patente entre le Mali et la France, elle est moindre entre le Mali et le Sénégal, elle est de l’ordre de 0.25 point. Le PIB du Sénégal étant supérieur de seulement 25 % à celui du Mali. Nous pouvons donc aisément comparer la télévision publique de notre voisin Sénégalais à la nôtre. Ainsi en 2015, le budget de la RTS est d’environ 11 milliards de Fcfa contre 9,5 milliards pour l’ORTM.
Mais il est surprenant de constater une telle différence de standing entre les 2 structures, par exemple sur la RTS, à intervalle régulier, le citoyen Sénégalais peut suivre des émissions où journalistes et invités reviennent sur l’actualité du moment. Et les journalistes n’hésitent jamais à poser les vrais questions qui fâchent, que ce soit aux responsables du pouvoir ou de l’opposition qui doivent alors trouver la bonne parade. Chez nous, on se contente de l’image de la modernité sans le fond, du slogan de “la passion du service publique” sans pour autant répondre aux attentes de cette population. Et constatez-vous même, les thèmes choisis par l’ORTM sont certes intéressants mais ne collent jamais aux vrais préoccupations du moment. A contrario, au Sénégal, vous pouvez avoir une jeune journaliste comme Houreye THIAM, de surcroît voilée et décomplexée mener de main de maître des débats politiques dans des émissions aujourd’hui phares comme “Pluriel”. Au Mali, que dirait-on d’une journaliste voilée? Plus la forme que le fond toujours.
Pourtant, une télévision publique doit être ouverte, elle doit être une sentinelle de la démocratie où toutes les sensibilités peuvent venir s’exprimer librement mais surtout franchement, très franchement. Car lorsque l’on se dit démocrate, il faut l’être jusqu’au bout.
Que j’ai admiré la RTS lors de l’élection Présidentielle Sénégalaise de 2012, une prise d’antenne dès le petit matin pour faire le tour des antennes locales et prendre le pouls de la participation, des duplex en direct. Et le soir venu, les premières tendances par région, cercles ou villes. Quel contraste avec notre ORTM, qui lors de la Présidentielle de 2013 avait de la peine à nous montrer l’affluence dans le moindre bureau de vote. Quant au résultat, il a fallu attendre la conférence de presse de la Cour Constitutionnelle. Il est certes bon d’être légaliste mais il faudrait surtout être réaliste. Nous sommes en 2015 tout de même et non plus dans les années 1970. Ce qu’il faut immédiatement traiter, c’est ce qui fait le “buzz” comme on dit dans le jargon.
Indubitablement, la RTS est un média qui l’a compris et qui est entré de plein pied dans le 21ème siècle, nous pouvons ainsi affirmer qu’elle tient vraiment la comparaison face à ses concurrentes de la 2STV ou de la TFM.
Chez nous, à l’heure où l’ouverture aux médias privés se précise dans l’audiovisuel, il est temps de réagir si l’on veut sauver le soldat ORTM. Car il ne faudrait pas que nos autorités ne soient dupes, à l’heure où le portable est roi, l’accès aux réseaux sociaux et à ces nouveaux masse média devenus réel et déterminant, il ne sert à rien de vouloir filtrer, contrôler ou censurer l’information. Cette dernière étant non seulement à portée de main mais surtout quasi immédiate. Pour pouvoir garder son public, l’ORTM devra être au niveau des débats de l’heure afin de pouvoir résister à la future concurrence. Il n’y a pas de raison, les journalistes et autres équipes techniques de Bozola ont les mêmes formations que leurs homologues de Dakar.
Pourtant, aujourd’hui, sans vouloir être trop dur, l’ORTM, fait parfois penser à ces télévisions du passé, de l’ère soviétique, où l’on venait vous lire des communiqués PR/PM N°XXX … plusieurs jours après l’événement. Ce fut flagrant pour notre pays lors de la crise de 2012/2013, où pour pouvoir être informé, les maliens avaient l’oreille scotchée sur RFI pour obtenir les dernières nouvelles du front. Et pendant que sur I télé ou BFM TV, l’heure était au direct sur la guerre au Mali et l’opération Serval, sur la chaine de la “passion du service public”, l’heure était plutôt à la diffusion de clips musicaux. Les dernières nouvelles étant rapportées au mieux que plusieurs heures après. C’est ce décalage constant avec l’actualité qui est problématique à l’ORTM. Et le manque de moyens ne l’explique pas, car là où la RTS est capable de faire un duplex d’1 heure et demi, l’ORTM devrait être capable d’en faire un de 45 minutes ou 1 heure. De même pour la qualité de l’image, des plateaux ou des sujets de la rédaction. Prenez le journal de l’ORTM par exemple, c’est incroyable le nombre de séminaires, ateliers ou conférences qu’il peut y’avoir au Mali. Par contre, à la case fait divers, il ne se passe quasiment jamais rien, pas de problèmes d’accès aux soins, de logement, ni de corruption ou de sécurité routière pour le peuple. A comparer avec les journaux télévisés sénégalais, c’est le jour et la nuit.
A l’adresse des Gouvernants donc, un message, cessez d’être frileux!! Il est temps de libérer l’ORTM et de vous préparer en conséquence à la bataille de la communication. Il devrait exister d’autres canaux pour diffuser vos communiqués certes importants mais souvent ennuyeux pour le commun des mortels. Et ceci, de l’aveux même de l’ex ministre de la communication, le jeune Mahamadou CAMARA
Que vous utilisiez l’ORTM pour votre “propagande” est de bonne guerre et d’autres le font ailleurs et l’ont fait avant vous (et pas seulement en Afrique d’ailleurs), mais de grâce, cette utilisation doit être la plus intelligente et subtile possible car les peuples ne sont plus dupes de ces émissions opportunes à la gloire du chef. Il faut professionnaliser d’avantage encore votre communication en utilisant en pleine synergie la télévision, la radio avec les médias sociaux.
Et pour finir, si j’avais un conseil à donner au Président IBK et à son équipe, ce serait de leur dire de ne pas succomber à la tentation de vouloir conserver l’usage quasi unique de ce formidable outil de communication qu’est l’ORTM, car dictature exceptée , ce monopole s’avère souvent contre productif et à double tranchant, la population blasée finissant par se détourner de ce média jugé compromis. Souvenons nous de ces hymnes à la gloire du Président ATT : ATT ya fo ayé ok …. Qu’il nous paraît lointain ce temps et pourtant de quelques mois seulement, et ceci n’a nullement empêché le pire pour notre pays…
Il faut sortir de cela, promouvoir les réalisations gouvernementales à travers d’autres supports efficaces comme l’internet par exemple où l’on pourrait suivre l’évolution des chantiers au jour le jour et sur des sites dédiés avec des photos et vidéos, histoire de démontrer que l’on “travaille” mais que surtout, qu’au moment de la prochaine campagne, personne ne vienne vous accuser d’utilisation partisane ou politicienne. Et que ne s’ouvre une nouvelle polémique stérile sans que l’on ait sauvé pour autant le soldat ORTM.
Amadou KA “http://malistrategique.over-blog.com” pour Maliweb
Mr Aka la RTS date de quand ? elle est avec la Rti les grandes soeurs de l’ORTM et vs voulez que l’on ouvre un nouveau front avec vos débats de chiffonniers au moment ou notre pays essaye de panser ses plaies Regardez ce que ns donnent nos politiques comme spectacles hors debats , vs vs imaginez ce que cela sera lors des debats Au moment opportum la societé civile s’occupera du probleme de la passion du service public
Tu marques un point, c’est sûr puisque les 1ères émissions télé au sénégal datent de 1965 et l’ORTS (devenue RTS) est créée en 1973 (2 radios, 1 télé). Mais en dehors de cela, il y a un autre facteur qui est l’impact du privé national. Les entreprises au sénégal font beaucoup de marketing (pub, sponsoring…) et cela contribue à la santé financière et au dynamisme des médias en général. C’est pourquoi les TV se battent par exemple pour avoir les droits de diffusion des évènements sportifs entre autres. Les combats de lutte, très prisés sur le plan local drainent des centaines de millions pour une seule affiche. Bref la concurrence fait rage et ce n’est pas plus mal pour le téléspectateur. Après, c’est une affaire d’ambition car c’est vrai qu’on ne peut plus faire la TV comme en 80′.
L’ORTM est une télévision privée appartenant au chef de l’Etat en place!
c’est bien vrai ce que vous dites. Ce n’est point un service public!
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