Alors que tous les regards sont tournés vers la Libye, l’Ortm (Office de radio télévision du Mali) ignore superbement ce qui se passe dans ce pays. Le journal télévisé de 20 heures de ce lundi, qui a duré une quarantaine de minutes, n’a fait la moindre allusion à ce qui se passe actuellement dans le monde arabe. Cela n’est qu’une goutte d’eau ajoutée dans le vase.
A la Une du journal comme à l’accoutumée, une inauguration. Cette fois-ci, à défaut du président de la République Amadou Toumani Touré, on introduit par le ministre de la Santé qui inaugure un centre de santé… Quoi de plus banal pour la Une d’un journal suivi par des millions de personnes. Et après séminaires, symposium ou encore atelier. Tout sauf l’actualité brûlante. Mais à Bozola, on en a cure.
‘’On a l’impression que les règles du journalisme sont réinventées à l’Ortm’’, s’écrie un intellectuel qui avait du mal à cacher son indignation. Car pour lui, les ‘’plats’’ servis par l’Ortm sont assez froids. Comment comprendre qu’un pays voisin brûle et notre télévision nationale n’en parle pas ? Comment la télévision peut-elle s’abonner à l’omerta ? L’indignation est à son comble chez nombre de Maliens avertis qui ont intérêt à se convaincre que l’Ortm n’appartient pas au peuple. ‘’C’est une télévision aux ordres. C’est son Directeur général qui censure tout par zèle’’, affirme une source indignée. Selon cette dernière, les journalistes font ce qu’on leur demande de faire. Difficile de les accuser. C’est la hiérarchie qui essaye de réinventer…le journalisme. C’est pourquoi ceux qui ont les moyens se câblent sur les chaînes étrangères pour être au fait de l’actualité nationale et internationale. Indubitablement Sidiki Konaté pensait que diffuser l’actualité du Maghreb, par exemple, pourrait donner des idées aux jeunes Maliens qui végètent dans la misère plus que leurs homologues du nord de l’Afrique.
Il est vrai et incontestable que chaque organe de presse a sa ligne éditoriale, mais cette ligne éditoriale ne le condamne pas à occulter l’actualité ou une information qui crève les yeux. Les responsables de l’Ortm ont intérêt à changer de fusil d’épaule. Le vent de révolution qui souffle actuellement au Maghreb doit nous amener à réfléchir sur les actes qu’on pose. Même si le Mali ou l’Afrique noire n’a pas les réalités que nos voisins du Maghreb.
Alhassane H.Maïga
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