A la surprise générale, il y a eu à la tête de l’ORTM un changement de dirigeant qui n’a laissé personne indifférent : c’est un ancien de la boîte qui a remplacé un autre ; tous deux considérés, dans le milieu, comme des professionnels, des gens rompus à la tâche. Jusqu’ici aucun problème ne se pose d’autant qu’il s’agit de la mobilité traditionnelle au sein de l’administration publique. Mais quand la décision de la relève de chef à l’ORTM heurte violemment les règles usuelles, au point de choquer la morale ; on en vient à s’interroger sur les mobiles réels. D’où l’intérêt pour le PM, acquis à la transparence, d’ordonner des enquêtes impartiales pour faire éclater la vérité au grand jour…
Au début de cette histoire de changement à la tête de l’ORTM, il y a quelques jours ; quand, à la surprise générale, Alassane Diombélé, un ancien de la boîte, a remplacé Salif Sanogo ; tous deux professionnels confirmés, à la faveur d’un conseil de ministres, comme c’est généralement le cas pour les nominations à de hautes fonctions de l’Etat, il n’y avait aucun problème à signaler.
Cela intervient, le plus souvent, dans le cadre de la mobilité traditionnelle des services de l’administration publique qui se renouvelle à chaque fois par des mouvements de départs et de promotion. Même si, pour le cas d’espèce, à l’ORTM, la nouvelle de la relève de l’ancien DG a provoqué quelque surprise, il est évident que ce service public stratégique est habitué à ce genre de mouvements en son sein.
Mais voilà, une fois n’est pas coutume, dit-on ! Il nous est revenu que le micmac décisionnel, qui a été à la base de ce mouvement à la tête de l’ORTM, n’est pas anodin, propre à la mobilité ambiante des structures administratives. Loin s’en faut ! De sources proches de la boÏte, il semble que la récente relève à la tête de ce service public, à grande sensibilité ‘’médiatico-politique’’, soit liée, d’une manière ou d’une autre, à la crise qui secoue actuellement le Patronat et qui pose, comme l’ont redouté certaines sources concordantes, de graves problèmes moraux au gouvernement de Moctar Ouane qui a très vite entériné la mesure du changement à la tête de l’ORTM, dans le vif des sentences ordonnées par l’autorité de tutelle.
En fait, selon nos sources, il est évident que c’est sur la base du traitement opéré par l’ORTM, à partir de l’une des interventions du président autoproclamé du CNPM, Diadié Sankaré, que le quiproquo est arrivé, en obligeant le gouvernement à agir promptement. Pour limiter, comme on le dit, les dégâts. La plainte du camp adverse, déterminé à corriger ce qu’il a assimilé à un affront médiatique, commis à son détriment, est passée par là.
Pourtant, selon plusieurs indiscrétions, l’ancienne direction, rompue à la rigueur et à l’exigence professionnelles, avait pris toutes les précautions d’usage en la matière, en allant jusqu’à, comme c’est le cas en pareille circonstance, se munir de dispositions pratiques auprès de la hiérarchie, avant justement de se décider à rendre l’élément querellé sur la place publique.
Ainsi que l’on s’aperçoit, comme l’ont rapporté nos sources, l’ex-direction, quoique malheureusement frappée par la sentence du gouvernement, avait auparavant bénéficié du quitus de l’autorité ministérielle de tutelle pour ce faire. Rigueur professionnelle oblige…
Mais cela n’a pas suffi qu’elle ne fasse connaitre la sanction. Sans autre forme de procès. En tout état de cause, si l’ancien patron de l’ORTM, relevé de ses fonctions dans ces conditions pour le moins obscures, peut être considéré comme le maillon faible du dispositif sur lequel le châtiment est tombé, il est évident que la mesure prise par le gouvernement, telle qu’elle est intervenue, pose bien d’interrogations à toute conscience civilisée, avide de justice et de transparence.
L’autorité ministérielle de tutelle, dans le secret de son cabinet, était-elle en intelligence avec le président autoproclamé du CNPM au moment où l’élément incriminé par l’autre camp rival passait sur les antennes de l’ORTM ? L’ancienne direction de l’ORTM a-t-elle bénéficié du quitus de la hiérarchie pour ce faire ? Le Gouvernement, avant d’envisager les sanctions, était-il suffisamment bien informé par l’autorité de tutelle de l’ORTM sur les tenants et les aboutissants de cette affaire ? La morale et la transparence requises dans l’action publique ont-t-elles été suffisamment garanties dans cette mesure gouvernementale prise à l’encontre d’un agent public ?
Voilà autant d’interrogations qui planent sur ce dossier, sans les réponses desquelles il est clair qu’à la fin de cette histoire de relève à la tête de l’ORTM, il s’agit ni plus ni moins que d’un grotesque micmac décisionnel, auquel le gouvernement de transition gagnera à ordonner des enquêtes sérieuses et crédibles.
Ne serait-ce que pour faire honneur à une réputation qu’il se pare, depuis qu’il est installé aux affaires ; celui de la rigueur ou la transparence.
Nampaga KONE