Grève de l’ORTM : l’impossible ACCORD ?

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Grève de l’ORTM : L’IMPOSSIBLE ACCORD ?

Le mouvement de grève de 72 heures déclenché hier se poursuivra jusqu’au vendredi à minuit. Le service minimum est assuré

Nous sommes hier à l’entrée principale de l’Office de radiodiffusion télévision du Mali (ORTM). Trois vigiles filtrent l’entrée. L’un d’eux détient une liste restreinte de personnes autorisées à franchir le seuil de l’entrée. La grande cour habituellement grouillant de monde est déserte. Les véhicules de reportage sont garés. Les couloirs, les bureaux et les studios de production sont quasiment vides. Une poignée d’agents assure le service minimum, pendant que les postes téléviseurs des studios de visualisation diffusent en boucle de la musique ou les images du Mali.

C’est dans une telle atmosphère que nous avons rencontré le secrétaire général du comité syndical dans son bureau. Abdourhamane Hinfa Touré confirme que l’ORTM est en grève de 72 heures. Le mouvement prendra fin vendredi 29 janvier à minuit. Cette grève, précise-t-il, fait suite à un préavis de grève déposé le 5 janvier dernier au ministère du Travail et de la Fonction publique.

Quel est l’objet de cette grève ? Le leader syndical déroule une liste de huit points de revendications, contre sept lors de la première grève observée il y a un peu plus d’un mois. Selon lui, le comité syndical exige l’abrogation des lois portant sur la restructuration de l’ORTM ; la ratification d’une loi portant sur la redevance audiovisuelle ; le retour de la régie publicitaire à l’ORTM  ; l’harmonisation du statut des entités à créer dans le cadre de la restructuration de l’ORTM ; la relecture de la loi 82-102 et son adoption ; le démarrage des travaux des grands projets, comme la tour de l’ORTM ; l’indemnisation des agents de l’ORTM pour le préjudice subi lors du coup d’État du 22 mars 2012 ; mettre la communication parmi les priorités de l’État comme la défense, l’éducation, la santé, l’agriculture et la sécurité. Comme mesure d’accompagnement de ce huitième point, le comité syndical demande de remettre la subvention et le budget spécial d’investissement à leurs niveaux anciens.

Afin de trouver une solution avant l’expiration du préavis, une commission de conciliation s’est réunie les 21, 22, 25 et 26 janvier. Elle a été mise en place par le ministère en charge du Travail. Au terme de ces rencontres de quatre jours, les parties n’ont pas pu accordeur leurs violons. Toujours selon le syndicaliste Touré, pire des points qui avaient fait l’objet d’accord (les 1 et 4) font objet de désaccord maintenant alors que des accords ont été trouvés sur des points de discordes. Abdourhamane Hinfa Touré estime que cette évolution des choses est un paradoxe.

Concernant la restructuration de l’ORTM, les deux parties sont tombées d’accord pour que cette reforme telle qu’adoptée puisse être mise en œuvre sur une période de deux ans, à l’issue duquel elles procéderont à l’évaluation de la réforme. Un compromis est trouvé sur l’harmonisation du statut des entités à créer dans le cadre de la restructuration. Le syndicat avait considéré ces deux points comme essentiels, lors de la première grève.

De même, les parties se sont entendues sur la relecture de la loi 82-102 et son adoption et le démarrage des travaux de la tour de l’ORTM. Sur ce dernier point, des négociations seront engagées avec la partie chinoise chargée de sa réalisation. Le syndicat sera impliqué à tous les niveaux de ce processus, aurait promis le gouvernement.

Toutefois, des désaccords sont constatés sur les points 2, 3, 7 et 8. Concernant le point 2, la partie gouvernementale a proposé la création d’une commission de travail élargie au syndicat. Cette commission élaborera les projets de textes relatifs à la redevance. Ses travaux doivent débuter à partir du 15 février prochain. Les projets de textes devraient être sur la table de l’Assemblée nationale au plus tard le 31 décembre 2016. Le syndicat a refusé cette proposition gouvernementale et demande l’application de la redevance au plus tard à partir du 1er janvier 2017.

Quant au retour de régie publicitaire, la commission de relecture de la loi portant création de l’AMAP débutera ses travaux le 1er février prochain. Le projet de loi sera sur la table de l’Assemblée au plus tard le 31 décembre 2016. Le comité syndical rejette cette proposition du gouvernement et demande le retour effectif de la régie publicitaire au plus tard 1er janvier 2017.

Le décret d’application de loi portant indemnisation des victimes de la crise a été adopté par le Conseil des ministres. Ces textes, selon le département, prendront en compte cette revendication. À propos du dernier point de désaccord, le département explique que le gouvernement a hiérarchisé ses priorités, même si la communication a toujours été au centre de ses préoccupations. Mais le syndicat demande de remettre la communication parmi les priorités de l’État en rétablissant la subvention et le budget spécial d’investissement.

Du côté du ministère de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication, nous avons rencontré le conseiller technique chargé de l’audiovisuelle, Étienne Coulibaly. Celui-ci explique que le département refuse de s’engager sur un chronogramme dont il n’a pas la mesure. Etant donné qu’il s’agit d’adopter des projets de lois, il faut s’assurer de la conformité des contenus avec les lois et décrets antérieurs, au niveau du secrétariat général du gouvernement à la suite des rencontres interministérielles, avant de déposer les textes à l’Assemblée nationale.

Des blocages peuvent survenir à tous les niveaux. Par exemple, poursuit Etienne Coulibaly, l’Assemblée nationale étant une institution indépendante peut décider d’adopter, d’amender ou de rejeter tel ou tel projet de loi. Il y a donc des risques de ne pas pouvoir respecter le délai sur lequel on s’est engagé. « Le gouvernement ne veut pas prendre des promesses qu’il n’est pas en mesure de tenir », insiste Étienne Coulibaly.

En attendant que les deux parties parviennent à un accord, le service minimum est assuré comme d’habitude. La télévision nationale ouvre à 10 heures et ferme à 22 heures. Elle diffuse un flash de 3 minutes à 13 heures et un mini journal de cinq minutes à 20 heures. Quant à la radio, elle émet de 6 heures à 22 heures, avec un flash de 3 mn à 7 heures et 13 heures. Les avis et communiqués sont diffusés pendant 20 mn.
La chaîne II, la TM2 et les stations régionales sont synchronisées à la station nationale. Quant aux partenaires de la rediffusion comme RFI, BBC, Africa n°1, radio Beijing, Multicanal, Malivision, ils émettent de 12 à 22 heures sur l’ensemble du territoire national.

Le secrétaire général du comité syndical assure que si des réponses idoines ne sont pas trouvées aux revendications, le syndicat va observer une grève illimitée avec « écrans noirs ».

C. M. TRAORÉ

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10 COMMENTAIRES

  1. Si le Gouvernement pouvait ajouter le budget de l’ORTM à celui de l’Agriculture, ça serait mieux! Bandes de fainéants que vous êtes! Vous êtes un office, vous avez une certaine autonomie, au lieu de vous améliorer, vous voulez vous hisser au même niveau que l’Agriculture! Quelle mépris pour près de 75% de la population malienne? Ce que vous faites semblant d’ignorer, c’est que même pas plus de 1% de la population n’est pas concerné par vos programmes. Vous travaillez uniquement pour IBK et sa famille. Si voulez déposer définitivement, c’est tant mieux pour le peuple malien.

  2. Ce que les gens ne comprennent pas même si l'Ortm venait à être fermer pour de bon la vie continue pour nos pauvres populations car même dans les villages les paysans s'orientent vers d'autres chaines et ça c'est une honte pour Ortm merci

  3. c’est regrettable ORTM est impuissant face a son destin, donc il impliqué les partenaire contre leur grée mais laisse mouton courir TABASKI arrive.

  4. l’ORTM doit continué sa gréve c’est une chaine que 1.5 % des Maliens visualises la télé Malienne félicitation et bon courage on a même pas besoin de vous.

  5. Nous avons un etat qui a Fait failli a tout,quelle gouvernance d ibk,l ortm doit etre mise dans toutes les conditions comme la rts au Senegal,mais comme malien je ne suis pas fier de l ortm mais c est pas la faute du directeur ou des agents mais plutot des politiques mal faites et des ploliticiens incompetant a l egard du regime d ibk qui ne pense qu au luxe,dans un pays normale avec des responsables serieux au vraies sens du terme on aurait du arriver a un compromis,A DIRE LA VERITE Notre N AURA RIEN DE BON AVEC CE REGIME.

  6. Quel est aujourd’hui la place de l’ORTM dans la vie mediatique des maliens?
    Il faut se poser cette question?
    Si c’est pas TOP ETOILES qui est suivi par une poignée de personnes qui n’ont aucun sens du progres, je ne sais pas ce que cette chaine de télévision apporte
    Des émissions sans aucun sens fondamental, des journalistes et animateurs de piètre niveau avec des journaux de niveau bad
    Ce que vous ne savez pas, meme dans les villages aujourd’hui, les pauvres paysans s’orientent vers d’autres chaines
    Donc je crois que meme si cette ORTM venait à etre fermée,la vie continue pour nos pauvres populations
    SALAM KAIRA

  7. Un pays dans lequel il y a beaucoup de grèves et surtout des secteurs importants, est un pays qui se porte très mal.
    Nous ne faisons pas la différence entre “Etat d’urgence” et “Etat en urgence”

  8. C’est une honte que l’ORTM coupe la liaison radiophonique de BBC et RFI, eux ils n’ont rien fait et en plus ils sont vos partenaires qui aident financièrement.

    • Couper les chaines étrangères! Encore, la preuve que ce sont des syndicalistes qui ne voient pas au délas du bout de leur nez. Quand ces chaines étrangères suspendront leur partenariat avec l’ORTM, il ne restera plus qu’à la fermer! Baly aura un poste de Conseiller à la communication dans l’une des Instition de la République et les autres feront leurs cartons, ça sera bon débaras! Ces syndiqués ont intérêt à faire tourner leurs moteurs (je veux bien parler la matière grise), c’est dans cela que se trouve leurs saluts.

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