Femmes de Presse et leadership au Mali : L’ORTM ouvre la voie

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L’amélioration du statut des femmes dans les médias est un besoin au Mali. Ces dernières années, on assiste à une nette amélioration avec plus de présence des femmes dans les médias. Toutefois, leur présence aux fonctions de responsabilités reste encore un défi. L’Office de Radio et Télévision du Mali (ORTM) en procédant à des nominations de ses agents femmes aux postes de responsabilités ouvre la voie, et devient un exemple à suivre.

 La problématique de la faible représentation des femmes dans les fonctions de responsabilité au sein des organes de presse reste un défi à relever. Pour pallier cette insuffisance, de larges campagnes de sensibilisation sont menées par différentes entités de la place. Une sensibilisation qui semble avoir fait effet à l’ORTM si l’on se fie aux récentes nominations de femmes journalistes : cinq(5) au total, nommées à des postes décisionnels de l’institution : une directrice, une cheffe de section information, une cheffe section programmation, deux(2) cheffes au directoire de la radio nationale ainsi que deux(2)  directrices régionales.

Nianan Aliou Traoré,, Directrice Chaine II

Parmi ces femmes promues, la présentatrice Nianan Aliou Traoré, nouvelle directrice de la chaîne 2, deuxième femme à occuper ce poste au sein de l’Office. Pour Nianan Aliou Traoré, ces nominations illustrent la volonté de l’ORTM à s’inscrire dans la promotion de la femme et dans la valorisation de son mérite aux postes de responsabilités.

Pour le Directeur Général de l’Office de Radiodiffusion Télévision du Mali, Alassane Diombélé, les femmes journalistes à l’image de leurs collègues masculins  ont autant de potentiels qui méritent d’être valorisés.

« Il est important qu’on voie en elles des professionnelles capables de relever le défi. Pour le moment nous avons procédé à trois(3) nominations à la chaîne ORTM 2, deux (2) à la Radio nationale. Moi, j‘ai vu ces jeunes dames évoluer sur le terrain, je sais comment et combien elles travaillent. Déjà, les premiers mois de leur prise de fonction nous ont donné raison. Elles nous prouvent qu’on ne sait pas tromper. Elles sont tout simplement à la hauteur de la tâche confiée », confie- t- il avec satisfaction.

Aminata Konate

« Je demande aux autres responsables de faire confiance à la femme. Pour moi, les femmes excellent mieux dans notre métier car elles sont parfois plus sensibles que les hommes. Ce facteur nous pousse à leur faire confiance. Je suis sûr que dans le futur, elles auront la lourde responsabilité de diriger l’institution ORTM », assure le DG. Par ailleurs, il affirme sa volonté de poursuivre ces nominations de femmes dans un proche avenir. Un exemple qui mérité d’être dupliqué par d’autres médias.

 Peu de femmes encore dans les instances décisionnelles

Le métier de journaliste est contraignant, hommes et femmes sont soumis à des exigences du métier. Pour bon nombre d’acteurs, la faible représentativité des femmes journalistes aux niveaux décisionnels peut  s’expliquer par ces facteurs : le  plafond de verre, les discriminations du genre, le poids des normes sociales préétablies, les stéréotypes sexistes, les déséquilibres de pouvoir.

Salimata Dao, chef section information

La Directrice de l’ORTM 2 explique : « notre statut de femme freine nos nominations. Dans notre société, la femme a plus de devoirs que l’homme. La femme est le pilier de la famille aussi il lui revient de concilier l’organisation de sa vie familiale et professionnelle. Toute chose qui n’est pas facile en tant que responsableDes consœurs à qui on avait proposé ces postes de responsabilités, ont décliné l’offre à cause des charges précitées », témoigne Nianan Aliou Traoré.

 

En effet, selon la Présidente des Femmes Journalistes du Mali (AFPM), Mariétou Konaté, la faible représentation des femmes dans les instances de décision au sein des médias est un problème complexe qui nécessite une prise de conscience et des actions concrètes. Pour ce faire, elle estime qu’il est essentiel de promouvoir l’égalité des genres et de briser les barrières qui limitent la progression des femmes à travers la mise en place d’un environnement plus équitable et inclusif.

« Le sexisme est l’une des principales causes de la faible représentation des femmes dans les médias. Les femmes sont souvent considérées comme moins compétentes ou moins aptes à occuper des postes de pouvoir, ce qui limite leurs chances d’accéder aux postes de direction dans les médias. De plus, les stéréotypes de genre selon lesquels les femmes sont censées être soumises, émotionnelles ou incapables de prendre des décisions importantes, entravent leur progression dans les médias », explique la présidente de l’AFPM.

Ramata Konate , directrice regionale

« Les préjugés inconscients jouent également un rôle important dans cette disparité. Les personnes chargées du recrutement et de la sélection des candidats peuvent avoir inconsciemment, des préjugés favorables en faveur des hommes, ce qui les amène à privilégier les candidats masculins. Ces préjugés peuvent également influencer les possibilités de promotion et les salaires des femmes dans les médias. Aussi, les obstacles structurels tels que les horaires de travail et les attentes de disponibilité constante peuvent rendre difficile pour les femmes de concilier vie professionnelle et vie familiale et les empêcher ainsi d’obtenir des postes de leadership ou les faire renoncer à leur poste pour s’occuper de leur famille », selon la présidente de la faîtière des femmes journalistes du Mali, Mariétou Konaté.

Des facteurs corroborés par le Directeur de publication du Journal « L’investigateur », Daouda Konaté, qui ajoute à cela le comportement misogyne de certains acteurs du secteur. Le Vice-président de l’Association des blogueurs du Mali, Bruno Solo, quant à lui, estime que le milieu des médias est un environnement concurrentiel et compétitif qui exige certaines aptitudes telle que la combativité, le leadership, et l’adversité auxquels les femmes doivent s’habituer pour s’imposer. « Lorsqu’on occupe un poste de responsabilité, on est combattu. Les femmes, mises devant, prennent tout cela sur elles », déclare-t-il.

Au Mali, en plus de la Politique Nationale Genre adoptée en 2010, de la Constitution de la 4ème République promulguée en juillet 2023, l’égalité des droits et des chances entre les hommes et les femmes dans tous les domaines y compris les médias est garantie par la loi N°2015-052 du 18 décembre 2015, à l’instar du Code de l’information et de la communication de 2000 qui déclare que les médias doivent refléter la diversité de société ainsi que le décret n° 2011-107/PRM du 9 mars 2011 relatif au fonctionnement du Conseil Supérieur de la Communication (CSC) au Mali. Lequel a pour mission de veiller au respect de l’équité homme et femme dans les médias.

Khadydiatou SANOGO/maliweb.net

« Ce reportage est publié avec le soutien de Journalistes pour les Droits Humains au Mali (JDH) et NED »

 

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2 COMMENTAIRES

  1. Du courage pour la suite des évènements, nous restons convaincus que les beaux jours sont devant nous. Qu’Allah le tout puissant protège notre pays.

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