Pas de démocratie sans débats politiques. Cette vérité de La Palice semble être ignorée par les médias d’Etat. Comment comprendre que l’ORTM ne puisse pas organiser des débats sur des questions d’importance nationale, comme la révision constitutionnelle. Ce sont les radios libres qui informent, sensibilisent et éduquent les citoyens. Parmi ces radios, on peut citer Klédu. Cet organe de presse est toujours au cœur de l’actualité. Elle informe sans parti pris et permet la confrontation des idées. Aujourd’hui, « Débat politique du jeudi » est devenue l’émission préférée de la classe politique toute tendance confondue. Pourquoi c’est seulement sur la radio Klédu qu’on débatte de l’actualité politique au Mali, pas à l’ORTM ?
Malgré qu’elle soit organisée à 23 heures, le débat politique de Kassim Traoré, tous les jeudis, est l’une des émissions les plus suivies. Ce débat est devenu un cadre d’expression pour la société civile, la Majorité et l’Opposition. Le hic est que la classe politique ne se gêne nullement d’utiliser le cadre offert par une radio privée, alors qu’elle a l’ORTM le seul média public, dont les agents sont payés par l’argent du contribuable, pour le faire. Les députés de la Majorité comme ceux de l’Opposition vont-ils être, pour une fois unanimes, en demandant la « libération » de l’ORTM, à la veille du référendum pour informer et sensibiliser le citoyen lambda, sans tabou. Vont-ils interpeller le ministre en charge de la Communication pour que le gouvernement desserre l’étau sur l’ORTM. Si la classe politique a peur de s’assumer que les associations de la société civile, comme le Mouvement Trop c’est Trop, souscrivent en tête de leur plan d’action, la « libération » de l’ORTM, pour qu’il devienne un véritable média public au service exclusif des citoyens et non du prince du jour.
La radio Klédu est à féliciter pour le travail d’animation politique mettant en confrontation différents points de vue autour d’une question d’actualité ou de société. Ce fut le cas le jeudi 08 juin 2017 où le débat politique, autour de la révision constitutionnelle, opposait les députés Zoumana N’Tji Doumbia, président de la Commission Lois, de la Majorité et Mody N’Diaye, président du groupe parlementaire Vigilance Républicaine et Démocratique, VRD, issu de l’Opposition, avec la participation du Dr Bréhima Fomba, juriste constitutionnaliste. Nombreux sont les citoyens qui n’ont pas suivi parce que la Radio Klédu ne couvre pas l’ensemble du territoire, mais aussi et surtout parce que le débat se passe à des heures tardives. A quand un tel débat sur l’ORTM ?
Youssouf Sissoko