Campagne syndicale à l’ORTM : Comme à la présidentielle !

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Il y a quelques mois, il avait été sollicité. “Je n’ai pas le temps”, avait-il répondu. Un autre démarché : “Je ne suis pas intéressé”. Au finish, les deux ont été candidats en plus de cinq autres.

 

On a eu quatre types de programme : écrit, copié ou recopié, verbal ou oral et silencieux. Donc dans la seule tête de la tête de liste et potentiel candidat. D’ailleurs certains n’avaient pas d’affiche et étaient inconnus de la moitié des 790 travailleurs de l’ORTM. Trois têtes de file étaient membres du bureau sortant et deux sont des novices : “Il n’y a pas d’école pour être président de la République ou secrétaire général de syndicat”.

D’autres ont déployé des banderoles plus géantes que les formats “autorisés”, aussi grandes qu’une maison. Qui finance ? Peut-on se plaindre à la… Cédéao ?! Des radicaux partisans ont menacé de déchirer des affiches, juste pour réduire… la pollution écologique.

A Tchétchénie, on travaille le courant électrique, on a le sang chaud, on peut tempêter mais on reste civilisés : la preuve, il y a même eu des primaires. Comme en France ou à l’Adéma. Ceux qui ont perdu sont entrés dans la dissidence. Trois d’entre eux sont en lice.

Cinq jours avant le vote, les sages ont préconisé le consensus. Seulement, un leader ne veut pas la recevoir, un autre est injoignable ; et le réseau et sa moto sont en panne sèche. Un directeur de campagne est soupçonné de nomadisme politico-syndical. Avec qui discuter ? Qui est représentatif ? Ceux qui vocifèrent ne sont pas les décideurs.

Mission compliquée : les egos dominent la vision. Chaque prétendant déborde de confiance ; “ils vont me rejoindre”, croit aussi l’outsider-adjoint.

La tension est perceptible dans la nuit du jeudi (???) août 2023 quelques candidats et la médiatrice se rencontrent hors du service. On tente de se mettre d’accord sur une répartition de postes pour sceller un consensus. Le lendemain, une autre réunion se tient dans un hôtel. En cas de coalition, le prétendant veut un seul poste. Il ira seul au bureau. La pomme de discorde est la répartition des postes stratégiques que sont le secrétariat général adjoint, le secrétariat administratif, celui aux affaires sociales, à l’organisation et la trésorerie générale. Aucun accord ne survit à la nuit.

Après moult bousculades et protestations de ceux qui ne veulent entendre parler de bilan (ceux qui n’ont d’expérience de la vie associative encore moins du mouvement syndical n’en savent pas les règles), le bureau sortant réussit à prendre la parole.

Dans le public, une partisane du candidat favori semble en transe. Elle va et vient en proférant insultes et menaces. On lui laisse le passage. Pour finir, Abdrahamane Infa Touré, secrétaire général en fin de mission, se tient debout pour présenter sa démission et celle de son bureau.

Le représentant du Snipil reprend la parole pour demander le plus jeune et l’aîné pour constituer le bureau de vote. Des protestations fusent de nouveau quand un jeune homme s’approche. Il est reconnu comme militant du camp du favori. Les discussions sont chaudes mais on n’en vient pas aux mains.

On finit par entendre que les deux représentants des candidats viennent d’être installés. Dia demande que tout le monde se retire avant que le scrutin ne commence. Sadio Kansaye de l’administration de l’ORTM et ses collègues sont débordés.

A force d’efforts, ils finissent par mettre à la porte près de 200 personnes. Pour se mettre en rang, c’est de nouveau la bousculade dans le hall de la cantine. Les dames ne sont pas épargnées. Trois files sont formées. Il fait chaud. On est pratiquement couchés les uns sur les autres, en gardant pied.

Les plus futés tentent de se glisser dans le rang qui semble moins compact. Quand on accède à la grande salle, les listes d’émargement du personnel y font office de liste électorale. On présente une carte professionnelle ou une carte de presse et on va prendre les bulletins -photos des deux candidats.

Sur indications du scrutateur Bassaro, on froisse et dépose dans la poubelle celui dont on ne veut pas avant de déposer la préférence dans une urne de circonstance (le secret du vote piétine par le manque d’enveloppes). La vérité des urnes sera favorable à Abdoulaye Kassogué face à N’fa Mory Sidibé. Le favori l’emporte avec plus de cent voix de plus que son vis-à-vis.

La victoire est nette, tout comme pour notre jeune collègue Fatoumata Koné (“Grin de midi”) toute première femme à se porter candidate au poste. L’équipe avec qui elle a dû coaliser est tombée les armes à la main.

Pour dire vrai, après avoir été dans une équipe de cette campagne, on peut être candidat à la présidence de la République, tant il y a eu de fausseté de sages, de tension, de manigances et de volte-face.

En attendant, il faut une police des syndicats, un texte fondamental pour chacune de ses organisations et une loi pour administrer la campagne dans le milieu syndical.

Moïse Traoré

ORTM

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