Suspension de l’aide au développement : Bamako réplique à Paris

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Le gouvernement de transition a annoncé, le 21 novembre 2022, l’interdiction des activités de toutes les organisations non gouvernementales financées ou soutenues par la France. Les organisations opérant dans le domaine humanitaire sont également concernées. Les Autorités maliennes répliquent ainsi à la décision de Paris de suspendre l’aide au développement à destination du Mali.

En effet, le gouvernement malien explique avoir pris note de la mesure prise par Paris « aux motifs fallacieux de la coopération militaire Mali-Russie », ainsi que de l’« octroi direct aux ONG françaises des fonds mis à disposition dans le cadre de l’action humanitaire de la France au Mali ».

Attribuant ces « allégations fantaisistes » à la « junte française » (en référence au terme employé pour qualifier les autorités de transition maliennes), Bamako dénonce une tentative de la France «de déstabilisation et d’isolement du Mali».

Le Premier ministre par intérim et porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, explique que la décision française de suspendre son aide contribue en fait à restaurer la « dignité bafouée » des Maliens. Paris se voit ainsi reprocher une « aide déshumanisante […] et utilisée comme moyen de chantage des gouvernants » ainsi qu’un « soutien actif aux groupes terroristes », argument que le gouvernement français a toujours démenti.

Le 17 novembre 2022, l’Elysée avait annoncé la suspension de l’aide française au développement à destination du Mali. Selon Bamako, cette décision aurait en réalité été notifiée par voie diplomatique dès le mois de février 2022 : « Face à l’attitude de la junte malienne, alliée aux mercenaires russes de Wagner, nous avons suspendu notre aide publique au développement avec le Mali ».

Les Autorités de la transition ont toujours démenti avoir fait appel à la société privée russe et parlent d’instructeurs de l’armée russe déployés au nom d’une collaboration entre les deux pays. Un collectif d’ONG dénonce la décision française. Dans son annonce, le ministère français des Affaires étrangères ajoutait maintenir son «aide humanitaire» et quelques soutiens à «des organisations de la société civile maliennes», sans citer de noms particuliers.

Au-delà, cette décision des autorités françaises n’a pas été favorablement accueillie par les principaux intéressés. Ainsi, dans un courrier adressé le 15 novembre à Emmanuel Macron, un collectif d’ONG (dont CCFD Terre-solidaire, Handicap international, Médecins du monde et Oxfam) faisaient part de leur inquiétude. : «En tant que récipiendaires d’une importante partie de ces financements, notamment depuis la suspension de l’aide bilatérale directe entre les institutions publiques françaises et maliennes, les organisations de solidarité internationale que nous représentons sont très inquiètes des conséquences d’une telle décision pour la population, les organisations de la société civile malienne, ainsi que leur propre organisation», écrivaient ces ONG ».

Selon elles, 7,5 millions de Maliens ont besoin d’assistance, «soit plus de 35% de la population». Elles soulignaient en outre que le Mali est en 184è position sur l’indice de développement humain. «La suppression de ces financements entraînera l’arrêt d’activités essentielles, voire vitales […] au profit de populations en situation de grande fragilité ou de pauvreté», avertissent-elles.

Cependant, les organisations ont appelé Emmanuel Macron à revenir sur cette décision, arguant que l’aide publique au développement de la France via ces ONG devait être «garantie en dehors de tout agenda politique ou sécuritaire, et uniquement selon les besoins des populations». Un appel qui n’a pour l’heure pas été entendu…

Mohamed Sylla

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2 COMMENTAIRES

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