Dans son Rapport 2013 dont nous avons copie, l’Unicef met à nu les souffrances et abus dont sont victimes les enfants du monde entier, tout en dévoilant les disparités entre les enfants des riches et ceux des pauvres et surtout la non promotion des enfants handicapés. Une situation qui est tout aussi récurrente au Mali que dans de nombreux pays de notre Planète. Autant dire que malgré les innombrables efforts déployés çà et là par l’Unicef, rien n’a changé pour un trop grand nombre d’entre ces enfants – ou alors, les changements qu’ils ont vécus, ont été marqués par toutes sortes de violences.
Le risque d’une génération perdue en Syrie, les violences terribles qui déchirent la République centrafricaine, le violent conflit qui divise la plus jeune Nation du monde, le Soudan du Sud, les ravages d’un typhon aux Philippines, les conflits armés en Centrafrique, au Mali, en Irak… Tous ces événements et de nombreuses autres situations d’urgence ont eu lieu en 2013 et certains d’entre eux sont beaucoup plus récents. En 2013, un enfant né en Afrique subsaharienne était en moyenne 14 fois plus susceptible de mourir avant l’âge de cinq ans qu’un enfant né aux États-Unis. La scolarisation des filles est encore très difficile en Afrique du Nord, en Afrique subsaharienne et dans certaines régions d’Asie. À l’échelle mondiale, 80 % des enfants de moins de cinq ans souffrant d’un retard de croissance (une maladie qui peut irréversiblement porter atteinte au développement physique et cognitif d’un enfant), vivent dans seulement 14 pays. Les enfants issus des communautés rurales sont plus touchés par cette maladie que les enfants des communautés urbaines.
Le Rapport annuel de l’Unicef 2013 souligne aussi les efforts déployés par l’Organisation pour venir en aide aux enfants jusqu’à présent délaissés et transformer les conditions de vie des enfants les plus vulnérables, défavorisés et exclus. En effet, «tant que nous ne leur venons pas en aide, tant qu’ils restent démunis, maltraités, exploités et muselés, leurs droits seront bafoués», souligne le Rapport. De ce fait, l’action humanitaire requiert des gouvernements des méthodes innovantes en termes d’évaluation des besoins, de prestations de services et de suivi de l’impact.
Pour le cas particulier de notre pays, le Mali, l’Unicef a demandé à un organisme tiers de s’assurer du maintien des services vitaux pour les populations vulnérables, notamment des enfants, sans oublier les femmes.
Mais, cette Institution reconnaît qu’en 2013, la situation au Mali s’est progressivement stabilisée grâce à l’intervention des forces de maintien de la paix françaises et internationales (Serval et Minusma) dans le Nord du pays et à la formation d’un nouveau gouvernement au mois de septembre. La situation reste cependant volatile, en particulier dans le Nord. À l’Unicef, à la fin de l’année 2013, environ 386 000 personnes avaient été déplacées à l’intérieur et à l’extérieur du pays. C’est dans ce contexte que cette Institution a soutenu des enquêtes nutritionnelles et le Plan national en faveur de la nutrition, fournissant un traitement contre la malnutrition aiguë sévère à plus de 125 700 enfants âgés de moins de cinq ans et obtenant un taux de guérison de 87 %. Une flambée de choléra a été rapidement maîtrisée au mois de mai, l’Unicef ayant aidé le Gouvernement malien à mobiliser des ressources et à fournir des tablettes de purification de l’eau, des kits d’hygiène et une protection hygiénique, ce qui a permis de stopper la flambée en quelques semaines. Près de 800 000 personnes ont également bénéficié d’un accès temporaire à de l’eau chlorée.
En outre, l’Unicef et ses partenaires ont également mis en place un mécanisme de surveillance et de communication sur les six violations graves des droits de l’enfant identifiées par la résolution 1612 du Conseil de sécurité (2005). Ils sont par ailleurs venus en aide aux enfants touchés par le conflit et aux victimes de violence sexiste. En soutien au ministère malien de l’Education nationale, l’Unicef a lancé la campagne «Retour à l’école», qui vise à encourager 800 000 enfants à aller ou à retourner à l’école au cours de l’année scolaire 2013-2014. Au moment du lancement de cette campagne au mois d’octobre, l’Unicef s’est associé au Premier ministre, au ministère de l’Education nationale et à d’autres partenaires autour du thème : «La paix est de retour, l’école aussi».
Par ailleurs, relève l’Unicef dans son Rapport 2013, les causes de la faim sont nombreuses et l’insécurité alimentaire est souvent provoquée par les conflits armés, les catastrophes naturelles et la pauvreté. C’est précisément ce que connaît la région du Sahel, en Afrique- et qui concerne aussi notre pays-, où la violence constante, la sécheresse, les inondations, le Vih/Sida et la pauvreté chronique exacerbent la malnutrition. Les enfants issus de ces communautés sont très vulnérables aux formes aiguës et chroniques de la malnutrition. Des mesures de prévention et d’intervention sont nécessaires pour renforcer la capacité des communautés à faire face aux crises. Enfin pour l’Unicef, tous les enfants méritent d’avoir la même chance. Il n’existe pas de qualification préalable. Pourtant, les enfants handicapés voient souvent leurs droits bafoués. Dans certains pays, ils sont considérés comme des citoyens de deuxième classe, souvent placés en institution, abandonnés ou négligés. De ce fait, l’Unicef appelle les dirigeants, notamment africains, à considérer l’enfant, avant le handicap. Autrement dit, à se concentrer sur les capacités de l’enfant plutôt que sur ses limites. «Si on leur en donne les moyens et la possibilité, les enfants handicapés peuvent surmonter les obstacles, contribuer à la société et enrichir l’humanité par leur intégration», conseille l’Unicef.
Bruno LOMA