L’organisation internationale de défense des droits de l’homme « Human Rights Watch » (HRW) s’intéresse au travail des enfants dans les sites d’orpaillage dans notre pays.
Elle vient de publier un rapport sur la question intitulée : « Un mélange toxique : travail des enfants, mercure et orpaillage au Mali ». L’organisation a animé mardi une conférence de presse à la Maison de la presse sur le rapport. Pour mener son enquête, HRW affirme avoir ciblé des sites d’orpaillage traditionnel à Baroya, Tabacoto et Sensoko, dans le cercle de Kéniéba (Région de Kayes) et à Worognan, cercle de Kolondiéba (Région de Sikasso). Elle indique avoir interrogé plus de 150 personnes, dont 41 enfants travaillant dans les zones minières (24 garçons et 17 filles). 33 de ces enfants travailleraient dans les sites aurifères tandis que huit autres dont 7 filles sont présentés comme des employés dans d’autres secteurs tels que la garde d’enfants, le travail domestique, l’agriculture et les petites entreprises. A en croire le rapport, 20 000 enfants travailleraient dans les mines d’or artisanales dans notre pays et « dans des conditions dures et dangereuses ».
Joseph Amon est le chef de la division « droits et santé » à HRW. Il a expliqué que le rapport de 124 pages révèle que des enfants qui n’ont parfois pas plus de six ans transportent, concassent et procèdent au panage du minerai. De nombreux enfants travailleraient également en utilisant du mercure, une substance toxique, pour séparer l’or du minerai. « Le mercure attaque le système nerveux central et s’avère particulièrement nocif pour les enfants. Personne ne veut voir les enfants souffrir dans les mines. Nous sommes en train de travailler pour voir comment on peut faire respecter les droits des enfants », a ajouté Joseph Amon. « Ces enfants mettent littéralement leur vie en péril », a fait remarquer Julianne Kippenberg, chercheuse senior à la division « Droits de l’enfant » à Human Rights Watch. Sur les 33 enfants travailleurs interrogés, 21 ont déclaré qu’ils sentaient régulièrement des douleurs au niveau du dos, à la tête, à la nuque, aux bras ou aux articulations. Les enfants souffriraient également de toux et de maladies respiratoires. L’organisation non gouvernementale estime que les mines artisanales ne font pas l’objet d’inspections régulières et que les mesures prises par le gouvernement pour interdire les pires formes de travail des enfants ne sont pas appliquées.
Mohamoudou Moustaph Traoré, de la Cellule nationale de lutte contre le travail des enfants qui relève du ministère du Travail et de la Fonction Publique, a répondu que l’Etat a fait de gros efforts dans le cadre de la protection des enfants. Oumar Diaouré Cissé, « point focal mercure » au ministère de l’Environnement et de l’Assainissement a également parlé des risques liés à l’utilisation du mercure dans les zones d’exploitation de l’or. Selon HRW, le travail des enfants dans l’orpaillage est un phénomène fréquent dans de nombreux pays à travers le monde. En particulier dans la ceinture aurifère de l’Afrique de l’Ouest, qui couvre le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée, le Niger, le Nigeria, notre pays et le Sénégal. Le rapport a fait des recommandations au gouvernement, aux partenaires techniques et financier, aux agences onusiennes et aux négociants du précieux métal. Pour HRW notre pays et ses partenaires doivent rapidement prendre des mesures pour mettre fin au travail des enfants dans les sites d’orpaillage.