Rapport de l’ONG suisse public EYE : L’ONG Consom-Eco envisage des poursuites judiciaires contre les sociétés impliquées

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Suite à la publication du rapport de l’ONG Suisse Public Eye, relatif à la qualité des produits pétroliers vendus sur le marché malien, l’ONG Consom-éco exige la formation immédiate d’une commission multidisciplinaire pour enquêter sur la qualité des produits pétroliers vendus au Mali, afin d’impulser une nouvelle règlementation sur les taux de soufre et autres composants polluants des produits pétroliers. À défaut, elle  entend engager une procédure judiciaire contre les sociétés citées dans le fameux rapport de Public Eye.

C’était au cours d’une conférence de presse tenue au  siège de l’ONG à la Cité Unicef. Elle était animée par la présidente de la ligue pour la défense des droits des consommateurs maliens et la protection de l’environnement (ONG Consom-éco), et Souleymane Traoré, secrétaire exécutif de l’ONG.

L’objectif cette conférence était d’assurer un suivi aux informations diffusées par l’ONG Suisse Public Eye relatives à la qualité des produits pétroliers vendus sur le marché malien, et plus spécifiquement dans les stations Oryx nommément citées dans ledit rapport.

Faut-il rappeler, l’enquête «Diesel sale» de l’ONG Suisse Public Eye, menée dans des pays comme l’Angola, le Bénin, le Congo-Brazzaville, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mali, le Sénégal, la Zambie, met en cause la qualité du carburant de certains négociants suisses dont la société Oryx Energies. Selon cette enquête, le 15 septembre dernier, «des négociants Vitol, Trafigura ou encore Addax & Oryx profitent de la faiblesse des standards pour vendre des carburants de mauvaise qualité et réaliser des profits au détriment de la santé de la population africaine». Ces carburants vendus et consommés par les Africains ont «une teneur en soufre entre 200 à 1 000 fois plus élevée qu’en Europe».

Selon le même rapport, ces produits contiennent d’autres substances très nocives, comme du benzène et des aromatiques polycycliques, à des niveaux également interdits par les normes européennes. Toujours pour l’ONG  Public Eye, les négociants suisses ne se contentent pas de vendre du diesel et de l’essence toxiques. «Ils les fabriquent à dessein, en mélangeant divers produits pétroliers semi-finis à d’autres substances pétrochimiques afin de créer ce que l’industrie appelle la qualité africaine».

À la suite  de ces informations largement relayées par la presse et la société civile malienne, l’ONG Consom-éco, étant une organisation de défense des droits des consommateurs, a adressé une correspondance à l’ORTM et à RFI, deux médias qui diffusent régulièrement des spots publicitaires faisant la promotion de la marque  Oryx, citée dans le rapport, afin d’obtenir l’arrêt immédiat de cette publicité.

Dans une correspondance datant du 27 septembre 2016, l’ONG Consom-éco a demandé au directeur général de l’ORTM d’arrêter immédiatement et jusqu’à nouvel ordre la diffusion des spots de SHELL et ORYX et l’engagement de l’ORTM à ne plus passer aucune annonce de ces sociétés. La réponse de l’ORTM a été négative : «Par la présente, nous sommes au regret de vous rappeler  que l’ORTM en tant que service public de radiodiffusion sonore et télévisuel a pour mission entre autre de faire la promotion des produits et services de toute société, personne physique ou morale non interdite par les textes en vigueur au Mali».

Quant à RFI, la réponse a été affirmative : «Vous serez ravis d’apprendre que grâce à votre courrier, RFI a décidé de mettre fin à la diffusion de la campagne publicitaire ORYX…».

En plus de ces actions, l’ONG interpelle le gouvernent malien à tout mettre en œuvre pour la formation immédiate d’une commission multidisciplinaire pour enquêter sur la qualité des produits pétroliers vendus au Mali, afin d’impulser une nouvelle règlementation sur les taux de soufre et autres composants polluants des produits pétroliers. L’ONG demande également aux sociétés citées dans le rapport de faire une contre-expertise dans un bref délai ou d’arrêter la vente de ces produits pétroliers au Mali. Selon la présidente, les sociétés doivent prouver leur innocence au peuple malien. Et Maître Aminata Traoré de préciser : «Le gasoil qui ne peut pas être vendu aux Etats-Unis ou en Europe, ne doit pas être vendu chez nous au Mali ici».

À cet effet, elle a exhorté les autorités maliennes à privilégier la santé de la population au détriment des intérêts personnels. C’est pourquoi, selon la présidente, plusieurs activités sont prévues par son ONG pour se faire entendre. Parmi ces activités, elle a cité des marches, des sit-in, voire la saisie d’un tribunal.

Quant aux rapports de force entre l’ONG Consom-éco et ces puissantes sociétés, la présidente a signalé que son ONG est seule pour l’instant. Mais elle dit espérer le soutien de toute autre organisation de défense des droits des consommateurs maliens.

 

Wassolo

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