Nul besoin ici d’énumérer toutes ces braves et généreuses femmes qui se sont illustrées par leur présence aux côtés des populations à travers des gestes souvent simples, moins onéreux en termes numéraires, mais à l’impact plus que significatif pour la santé, l’hygiène, l’environnement et le développement des localités bénéficiaires. Elles sont assurément nombreuses et se rencontres dans les tous les pays et sur tous les continents. Il serait prétentieux de vouloir les énumérer toutes dans un article de presse. Elles vont des plus connues à l’instar de Danielle Mitterrand, Winnie Mandela, Adam Ba Konaré, Michel Obama, entre autres, aux plus anonymes et effacées, parmi lesquelles notre héroïne du jour trouverait humblement sa place.
Celle qui, avant l’accession de son époux à la magistrature suprême du pays, n’en demeurait pas moins efficace sur le terrain de l’action sociale, bien qu’assez discrète, voire effacée dans le sillage de son mari qui fut ambassadeur, ministre, premier ministre et président de l’assemblée nationale. Il s’agit bien de Mme Kéita Aminata Maïga, première dame du Mali.
En effet, présidente fondatrice de l’ONG Agir, Mme Kéita Aminata Maïga n’a pas attendu l’élection de son époux, Ibrahim Boubacar Kéita, à la présidence de la république pour se lancer dans les œuvres à caractère social et humanitaire. A travers son organisation caritative, elle a ainsi contribué à doter plusieurs maternités et autres centres de santé communautaires (Cscom) de produits de premières nécessité et autres médicaments essentiels un peu partout sur le territoire national. Elle s’est ainsi constituée un vaste réseau de sympathie au sein des populations en général et en milieu rural en particulier, qu’elle n’a visiblement pas hésité un instant à mettre au service des ambitions électoralistes et présidentielles de son mari au moment opportun. Ce réseau a été d’un apport inestimable dans l’élection d’Ibrahim Boubacar Kéita en 2013 avec le score à la soviétique de plus de 77% des voix.
Quoi de plus normal donc pour cette brave Dame que de vouloir savourer, un tant soit peu, son plaisir et son droit absolu à la joie, à la gaieté et au bon-vivre comme tout être humain. Ne dit-on pas que les roses se cueillent généralement aux bouts des épines ! L’action politique ne se gagne pas seulement que sur le terrain politique. Nul ne saurait devenir un grand homme politique s’il ne bénéficie de sympathie créée et entretenue par des actions de portée sociale, humanitaire voire humaniste. Généralement en Afrique, les Premières dames ne s’impliquent véritablement auprès des couches vulnérables de leurs populations qu’une fois parvenue à la présidence de la république. Les cas du genre sont nombreux. Mais, force est de reconnaitre que tel n’est pas le cas de Mme Kéita Aminata Maïga, dont l’engagement a longtemps précédé l’avènement de son époux à la présidence de la république. Elle n’a pas toujours été au firmament de la gloire et du prestige mondain. Pendant la traversée du désert que son mari a connu les dernières années ayant précédé son élection, cette dame est restée égale à elle-même par sa modestie, sa simplicité et son sens élevé de la solidarité dans une discrétion frisant souvent l’anonymat absolu. Aujourd’hui d’aucuns trouvent qu’elle en fait un peu trop. Qu’elle abuse de sa position actuelle. C’est méconnaitre l’histoire, le passé récent et la réalité de l’actuel couple présidentiel.
A l’instar de la plupart des ménages en Afrique plus particulièrement, la solidité d’un foyer et ou la durée de vie d’un couple dépend incontestablement de l’esprit de sacrifice, de la tolérance et de la compréhension de la femme.
Ainsi, pour de nombreux observateurs, Mme Kéita Aminata Maïga a su attendre « patiemment » son heure à l’issu d’efforts au-delà souvent du supportable et de l’humainement soutenable. Malheureusement, dans notre pays, l’on a pris la mauvaise habitude de ne reconnaitre le mérite d’autrui qu’à titre posthume. Dans le meilleur des cas, on vous traite simplement d’opportuniste ou d’encenseur zélé. Afin d’inverser cette tendance à tout personnaliser en fonction d’intérêts égoïstes, il faut saluer et encourager le mérite, les œuvres de bienfaisance et les actes de solidarité, surtout au moment où ces actions peuvent paraître comme désintéressées aux yeux des couches et populations bénéficiaires.
De par le continent, certaines Premières Dames se sont ainsi opportunément spécialisées dans « l’humanitaire » par pure opportunisme. Leur moindre fait et geste en faveur des enfants, des orphelins, des veuves, des handicapés et autres couches vulnérables est soutenu, accompagné et suivi de battage médiatique dont l’objectif visé n’est autre que d’amplifier démesurément son impact. Ce qui équivaut à jouer d’hypocrisie sur la détresse et les malheurs d’autrui.
Tel qu’en agriculture, le semis doit précéder forcément la récolte. La moisson peut ne pas être à hauteur de la superficie aménagée, mais plutôt à la qualité des semences et l’entretien apporté aux jeunes plans. En d’autres termes mieux vaut prévenir que guérir. En effet, à quoi bon attendre d’abord d’être affecté par la soif pour songer à creuser un puits ? Il convient d’y penser bien auparavant. Au fait jusqu’où se situe la limite entre le social et le politique ? Le premier a toujours servi de terreau fertile au second. Alors, n’en voulons pas à ceux qui savent semer en vue d’en récolter les fruits !
Selon un autre adage « même si le lièvre est ton ennemi, il faut lui reconnaitre au moins ses longues oreilles ! ».
Aussi, quels que soient les réserves, griefs et autres reproches que l’on pourrait faire de la gestion des affaires publiques et la gouvernance actuelle sous la conduite de son époux de Président élu de surcroit au suffrage universel par l’écrasante majorité des Maliens, cela ne saurait affecter, ni remettre en cause, encore moins effacer de la mémoire des populations bénéficiaires les nombreuses actions de celle qui fait désormais office de Première Dame.
L’artiste clame à juste raison que « le fait de rendre hommage aux morts a pour but principal d’inciter les vivants à faire autant, sinon plus ! »
B . Sidibé