FIDA : Atelier national d’évaluation du programme pays mali: Vers une réorientation de l’aide: Le Fonds International pour le Développement Agricole (FIDA)

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 A trente ans de présence au Mali, et notre pays est le troisième pays bénéficiaire des prestations du FIDA en Afrique après le Ghana et le Nigéria. Cela mérite évaluation, cela se fête : c’est  ce qui a été fait ce mardi 4 décembre 2012 à l’hôtel Laïco de  l’Amitié, sous la présidence de M. Yaranga Coulibaly, ministre de l’Agriculture. Etaient également présents : M. Ides de Willebois, coordonnateur Afrique des programmes et projets du FIDA, M. Ashwani  Mutho, du Bureau de l’Evaluation indépendante du FIDA, orateurs, les représentants des partenaires financiers,  ainsi qu’un grand nombre de personnalités du monde de l’Agriculture, comme M. Bakary Togola, président de l’APCAM, d’anciens ministres, la presse nationale et internationale, et, bien entendu, l’Ensemble instrumental National du Mali.

Rappel des points saillants de la collaboration FIDA-Mali

Cette évaluation de programme de pays (EPP) est la deuxième conduite au Mali, la première s’étant achevée en 2007. La période évaluée par cette EPP s’étend de 2007 jusqu’au début de 2012. L’analyse détaillée se concentre sur le COSOP 2007, 5 prêts et 6 dons régionaux, en traçant les initiatives qui ont été menées au Mali.

Ayant démarré ses opérations au Mali en 1982, le FIDA y a financé 12 projets (dont 5 actifs à l’époque de cette EPP) pour un coût total de 474 millions de dollars US, dont 183 millions (39 %) de prêts FIDA à conditions particulièrement favorables. La contribution de l’Etat malien correspond à 16 % des coûts et celle des cofinancements (notamment de la Banque mondiale, Commission européenne, Banque ouest-africaine de développement, Fonds belge de survie), à 45%.

Les conflits au nord du pays ont toujours existé depuis l’Indépendance et ont dominé la scène de 1990 jusqu’en 1996 quand les deux parties ont déposé les armes, mais la situation est resté tendue. A partir de 2006 les attaques dans le Nord ont augmenté en nombre. En mars 2012, le mécontentement de l’armée lié aux conditions de combat dans le Nord a abouti au coup d’Etat qui a destitué le Président de la République Amadou Toumani Touré. Les partenaires techniques ont d’abord interrompu leurs opérations, mais en mai 2012, certains bâilleurs bilatéraux et l’Union européenne avaient repris les opérations d’urgence et quelques interventions dans le Sud.

Performance du portefeuille

En termes généraux, la pertinence du portefeuille a été plutôt satisfaisante. Les objectifs des projets ont été en phase avec les stratégies nationales de développement, les COSOP du FIDA et les besoins du pays. Deux projets (PIDRN et PIDRK) ont opéré dans les régions du Nord.

L’efficacité (degré d’atteinte des objectifs immédiats des projets) a été plutôt satisfaisante. Dns le domaine de l’élevage, des résultats significatifs en relation avec les objectifs sont en effet à relever concernant les bourgoutières, la restauration des pâturages et la santé animale.

L’efficience du portefeuille a été notée « plutôt insatisfaisante ». Les coûts de fonctionnement se sont révélés bien plus élevés que ceux planifiés tandis que les taux d’exécution physique ont été globalement assez modestes (ex seulement 56 % pour le FODESA et de 48 % pour le PIDRN).

L’impact a été noté plutôt satisfaisant : les éléments les plus significatifs sont la réduction des taux de malnutrition infantile et les capacités renforcées des collectivités locales et des services déconcentrés. Du point de vue institutionnel, n relève une meilleure maîtrise du travail des élus et des fonctionnaires communaux et de meilleurs rapports entre élus, villages et fractions.

Les perspectives de durabilité sont plutôt insatisfaisantes : nombre d’investissements restent inachevés ou partiellement achevés.

Le portefeuille a soutenu des innovations, en introduisant, dans les zones des projets, des techniques ou produits déjà existants ailleurs (e. : régénération des bourgoutières, fours améliorés pour le fumage des poissons, cartographie participative de la pauvreté, introduction de services vétérinaires sur une base privée). La multiplication de l’application de ces innovations demande un travail d’analyse, de capitalisation, communication et diffusion d’information qui vient justement de commencer.

Les progrès en termes d’égalité de genre ont été « plutôt satisfaisants ».Le FIDA n’a pas participé au processus de formulation de la Politique nationale Genre 2010 pilotée par le ministère chargé de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, alors qu’il aurait beaucoup à apporter à un tel processus grâce à ses connaissances du milieu rural.

Activités hors prêt

Le FIDA a renforcé et diversifié son partenariat avec les institutions du Gouvernement tant au niveau national (notamment dans les domaines de l’environnement, de l’industrie et du commerce, de l’économie et de finances, et de l’administration territoriale) qu’aux niveaux décentralisés (services déconcentrés de l’Etat, collectivités locales, recherche agronomique, ANICT).

La gestion des savoirs a commencé surtout au cours des deux dernières années. Une mission du FIDA sur la communication s’est récemment rendue au Mali et un atelier a été organisé en janvier 2012 avec les projets.

La concertation sur les politiques s’est limitée à la participation de la cellule de dialogue politique aux mécanismes de coordination et dialogue entre bailleurs et Gouvernement.

Conclusions

Cette évaluation se concentre sur la période de 2007-2012 qui a été marquée par une réduction de la prévalence de la pauvreté mais aussi par l’augmentation en nombre et en intensité des conflits armés dans le nord du Mali. Malgré cette situation défavorable, le programme de coopération entre le Gouvernement du Mali et la FIDA s’est amélioré dans plusieurs domaines (adaptation aux politiques nationales, élargissement des partenariats, renforcement institutionnel).

Recommandations

Le nord du Mali est désormais hors du contrôle du Gouvernement, mais la situation est restée volatile dans le sud aussi. Le Gouvernement et le FIDA  devraient profiter de cette « pause forcée » pour définir  les axes du nouveau COSOP (stratégie), définir un plan d’action pour les opérations en cours, améliorer le système de gestion au niveau du programme. Le COSOP est un outil important au service de la mise en œuvre de la stratégie dans les pays d’intervention. Le FIDA doit donner à cet outil toute l’attention et les ressources humaines et financières qu’il mérite.

RASSEMBLE PAR IBRAHIMA KOÏTA

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