Enjeux de l’exploitation de l’uranium: Faléa au centre d’une conférence internationale à Bamako

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A l’initiative de « International Physicians for the Prevention of Nuclear War » (l’organisation internationale de physiciens de prévention de risque nucléaire), en partenariat avec l’Association des ressortissants et amis de la commune de Féléa (ARACEF), Bamako abritera du 16 au 18 mars prochains la Conférence internationale sur « l’uranium, la santé et l’environnement ».

Ils seront près d’une centaine de participants, constitués d’experts venus de plusieurs pays du monde entier, notamment d’Europe, de l’Afrique du sud et de la Namibie, les chercheurs, universitaires, les travailleurs de mines.

Ils discuteront pendant les trois jours des dangers liés à l’exploitation de l’uranium, notamment sur le plan de la santé et la dégradation de l’environnement.  Pour ce faire, une série de communications est prévue par des médecins et des scientifiques. Aussi, des témoignages des personnes qui habitent dans les régions d’exploitation de l’uranium, donneront une idée des conséquences liées à l’exploitation de ce minerai. Outre les projections de films documentaires, il est prévu des intervenants venant des pays africains aussi bien que d’autres régions du monde, comme les Etats unis, l’Allemagne, la France, etc.

Le choix de Bamako pour abriter cette rencontre n’a pas fortuite, comme nous a expliqué le Pr. Many Camara, membre de l’ARACEF car rappelle-t-il, dans certains pays de l’Afrique, comme le Niger, on exploite des mines d’uranium depuis longtemps alors que dans d’autres, on s’y prépare comme c’est le cas de  notre pays  tout comme le Tchad, la Centre-Afrique, le Cameroun, etc. Malheureusement, regrettent les organisateurs, les autorités, la population, les décideurs politiques n’ont que des connaissances limitées concernant l’exploitation de ce minerais, ses produits de dégradation et sa chaine de transformation.

La conférence internationale de Bamako va donc poser le débat autour de la problématique de l’exploitation de l’uranium en Afrique. Cela, au moment où, à travers le monde, le débat autour de la sortie du nucléaire divise les décideurs politiques. Mieux, cette conférence intervient une année après le spectacle de Fukushima au Japon, dont les conséquences radioactives n’ont pu encore être évaluées  de manière exhaustive.

 

Faléa en vedette

 

La rencontre internationale de Bamako sur l’uranium intervient dans un contexte de grande suspicion dans notre pays autour du projet d’exploitation de la matière à Faléa, une commune de 21 villages et 17 000 habitants, dans la région de Kayes à plus de 400 kilomètres de Bamako. Depuis quelques années, tous les jours, sur le plateau, deux foreuses creusent le sol en quête d’uranium. 5 000 tonnes de minerais se trouveraient là. En quatre ans, des dizaines de puits de carottage sont apparus sur ces terres de cultures vivrières. L’exploitation minière proprement dite n’y a pas encore débuté. Mais, le groupe canadien « Rockgate » poursuit la phase d’exploration, pour déterminer les meilleurs gisements et leur profondeur. Mais ce n’est plus qu’une question de mois, dit-on. Pour les habitants mobilisés contre cette opération minière, et regroupés au sein de l’ARACF, le temps presse.

La conférence de Bamako sera sans doute de rassurer définitivement les populations et les organisations de défense de l’environnement. Le ministère des Mines sera d’ailleurs invité à s’expliquer  sur les enjeux de l’exploitation de l’uranium. Bamako sera également l’occasion pour les organisateurs d’inviter les politiques, notamment les candidats à l’élection présidentielle, à donner leur position sur la question de l’uranium. Bref, explique le Pr. Many Camara, ils seront appelés à prendre publiquement position face à ce sujet. « L’enjeu est énorme sur le plan politique, économique et social, dira le responsable de l’ARACEF. Pour qui, l’Uranium est sans frontière. Car ses éléments toxiques se propagent dans la nature.

L’eurodéputée, Mme Eva Joly, qui a été une des militantes dans l’affaire Faléa, ne sera pas malheureusement à Bamako à cause de l’élection présidentielle en France dont elle est candidate. Cependant, précisent les militants de l’ARACEF, le parti français des verts sera représenté aux débats. Bref, Bamako devra consacrer la tribune des grandes discussions non seulement sur les enjeux de l’exploitation de l’uranium, mais également sur l’affaire Faléa.

Issa Fakaba SISSOKO

 

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