Dette extérieure des pays pauvres : La CAD-Mali exige son annulation inconditionnelle

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La gestion de la dette extérieure constitue un « casse-tête chinois » pour les gouvernements des pays pauvres, pour ne pas dire appauvris.  Son remboursement interminable empiète sur les lignes budgétaires consacrées aux services sociaux de base.

La dette extérieure  désigne l’ensemble des dettes qui sont dues par un pays, entreprises et particuliers compris, à des prêteurs étrangers. Elle comprend  la dette publique qui peut être multilatérale ou bilatérale et la dette privée. Elle est souvent qualifiée  d’odieuse, illégale et illégitime quant à son acquisition et son utilisation. La dette publique  est celle contractée par les emprunteurs publics (Etat et entreprises publiques) auprès des particuliers, des banques, des gouvernements, des entreprises. Quant à la dette privée, elle est contractée par les emprunteurs privés (banques commerciales, grandes entreprises).

La Coalition des Alternatives Africaines Dette et Développement (CAD-Mali) est l’une des rares organisations de la société civile qui se bat, depuis sa création en 2001, pour l’annulation de la dette extérieure. Son rôle d’avant-garde contre les politiques néolibérales repose essentiellement sur trois aspects à savoir l’éducation populaire, le renforcement des capacités et les revendications. L’éducation populaire comme son nom l’indique consiste à organiser des débats publics et des sessions de formation sur la thématique de la dette. Il s’agit de donner le maximum d’information au grand public sur l’impact négatif de la problématique de la dette sur le développement  et le maintien de nombreux pays pauvres sous la domination des pays du Nord. L’organisation annuelle du forum des peuples depuis 2001 et l’espace « thé politique » en est une illustration parfaite. Elle vise à une conscientisation du peuple pour le rétablissement de la justice sociale et l’équité pour tous, pour la construction d’un monde meilleur.

Pour mieux influencer les décisions politiques, la CAD-Mali, renforce les capacités des acteurs publics (élus, les services techniques et les journalistes) et d’autres couches de la société. Aussi la CAD-Mali, organise des études sur la dette et le service de dette. Un audit citoyen de la dette a été aussi réalisé. Les résultats de ces études servent d’arguments pour mettre en évidence les dettes dites odieuses, illégales et illégitimes, à travers des actions de plaidoyer / lobbying afin de mettre en œuvre des alternatives aux politiques néolibérales. Pour y parvenir, la coalition collabore avec les mouvements sociaux, les réseaux et les alliances qui militent pour la justice sociale et économique au niveau local, régional et international. Cette synergie d’action vise à développer des consensus sur des positions et des activités en faveur d’une nouvelle société centrée sur l’homme et non le capital. La problématique de la dette extérieure des pays appauvris n’est point une question de morale.

Les prêteurs savent que les conditionnalités liées au remboursement entravent la survie de l’emprunteur et le maintien dans une forme d’esclavage. Par ailleurs, la CAD-Mali revendique le rapatriement des biens volés en Afrique et la réparation des dommages issus de la dette historique, écologique, coloniale. Elle exige aussi la participation active et efficace des mouvements sociaux au processus de la planification, de l’utilisation, du suivi et de l’évaluation des fonds publics pour la satisfaction des droits les plus fondamentaux des populations.

De nos jours, l’accès aux informations sur la dette extérieure du Mali est un parcours de combattant. Pour pallier cela, la CAD-Mali a toujours plaidé pour la dotation des services techniques en charge de la dette d’un système de gestion et d’analyse qui permettra d’avoir un inventaire exhaustif des conventions des prêts. De telles données devraient être accessibles à la société civile. Le combat pour l’annulation de la dette mené par la CAD-Mali a valu à la société civile une lettre de remerciement du président Alpha Oumar Konaré, suite à l’allègement de la dette de dix-huit pays dont le Mali, en 2006.
Par Moussa M Coulibaly, stagiaire

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