Cercle de Niono : L’ONG FEDE dit « halte à l’immigration clandestine »

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En partenariat avec le Ministère des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine, l’ONG Femme et Développement (FEDE), a organisé le 12 mars 2019, une conférence débat à NIONO pour dire « halte à l’immigration clandestine ».

 Depuis quelques années, il ne se passe plus des mois sans que l’on apprenne la mort d’une cohorte de jeunes maliens, soit dans le Sahara, soit dans la mer méditerranée. Attirés par les chants d’alouettes, nombreux sont les jeunes maliens qui pensent désormais que leur salut se trouve en Europe. Et, dans ce contexte, souvent poussés par leurs parents, notamment les mamans, certains se lancent sur les chemins incertains de l’immigration clandestine, sans en mesurer les conséquences. Face aux centaines de drames constatés chaque année, aucune âme sensible ne peut rester les bras croisés. C’est dans ce contexte que l’ONG Femme et développement (FEDE), en partenariat avec le Ministère des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine, a initié le 12 mars 2019, à Niono, une conférence débat sur la migration irrégulière. Pour la circonstance, la salle de conférence du Centre Tara Bouaré de Niono, a refusé du monde. Chefs de familles, femmes, jeunes filles et garçons, souvent venus de contrées lointaines, ont tous voulu être témoins de ce qui allait se dire ce jour-là.

En plus de la population, les autorités traditionnelles, politiques et administrative du cercle de Niono, au regard de la pertinence de la thématique, ont tenu à être présentes. Ce sont : le Président du Conseil de cercle de NIONO ; le Député Amadou Araba Doumbia ; le Maire de NIONO ; le Chef de village, les Chefs des services techniques du Cercle de NIONO; les représentants des partenaires techniques et financiers ;les Présidents des associations socioprofessionnelles, culturelles et traditionnelles ; les présidentes des Associations de femmes, les présidents des Associations de jeunes. En sa qualité de Maire de la ville de Niono, Tiemoko Sogodogo, a invité la population à bien écouter tout ce qui sera dit dans la salle. Il les a invités à une participation active aux débats, afin de tirer la meilleure partie de la rencontre.

Pour sa part, Mme Mariko Korotoumou Théra, Présidente de l’ONG Femme et Développement, a rappelé que son ONG n’est pas en terrain étranger à Niono. Selon elle sa structure a conduit et continue de conduire des projets de développement dans le cercle de Niono. Elle a ensuite rappelé que son ONG est membre de la Commission nationale  de lutte contre la traite des personnes, présidée par le ministère de la justice. « Quand les jeunes candidats à l’immigration ne meurent pas dans le Sahara ou la mer méditerranée, ils sont pour la plupart victimes de traite et de trafic illicite », a-t-elle indiqué. Avant de rappeler que c’est pour mettre la jeunesse malienne à l’abri de ces drames qui sont inhérents à l’immigration clandestine que l’Etat du Mali a élaboré le Politique nationale de migration (PONAM), pour faire des projets migratoires une opportunité pour les différents candidats. « C’est dans le cadre de la mise en œuvre de cette politique que l’Etat du Mali, avec un appui financier des Pays-Bas, a mis sur pied le ‘’ Projet d’Appui aux Initiatives de Prévention et de Lutte contre la Migration Irrégulière’’ (PALMI) », a-t-elle indiqué. Donc, selon Mme Mariko Korotoumou Théra, c’est dans le cadre de ce projet que l’ONG FEDE a été mise à contribution pour l’organisation d’une conférence débat sur la migration irrégulière, afin d’informer et sensibiliser la population, sur les conséquences de ce fléau des temps modernes.

« La question de la migration est aujourd’hui au centre de tous les débats nationaux et internationaux, en Afrique comme dans le reste du monde », a indiqué Mme Diassana Fatou Daou, Préfet adjoint de Niono, représentant le Préfet Chaka Magassouba à la cérémonie. Sans passer par 4 chemins, Mme Diassana Fatou Daou a rappelé que depuis 2015, les capitales régionales notamment celles du nord, sont devenues pour de nombreux migrants des points de transit vers les pays du Maghreb et d’Europe. Avant d’ajouter que les pays de destination traditionnelle des candidats à l’émigration, ont adopté désormais des politiques restrictives de migration qui durcissent les conditions d’entrée dans leurs pays respectifs et réduisent ainsi les opportunités d’émigration. « Des voix de pays de destination s’élèvent pour demander de mettre fin à l’immigration irrégulière et évoquent essentiellement la question de sécurité et de droits humains bafoués sur les routes de la migration avec des conséquences désastreuses pour les migrants », a-t-elle déclaré. Selon elle, chaque année, ce sont des centaines de jeunes maliens qui périssent sur les routes migratoires, soit dans le Sahara, soit dans la mer méditerranée. « Ces centaines de drames devaient dissuader les bras valides de notre pays à se lancer dans l’aventure périlleuse de la migration clandestine », a-t-elle indiqué. Avant d’estimer que très mal informés, les candidats sont de plus en plus nombreux sur les routes. Qu’à cela ne tienne, elle dira que  le Ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine dont une des vocations essentielles est la protection et la défense des Maliens de l’Extérieur et l’Intégration Africaine, multiplie les initiatives pour une adhésion des Maliens et des maliennes pour une bonne gestion du phénomène. « En septembre 2014, le Ministère a adopté la Politique Nationale de Migration, et a bénéficié de l’accompagnement de l’Ambassade des Pays-Bas au Mali pour la mise en œuvre de cette politique », a-t-elle rappelé. Avant d’annoncer  que cet appui des Pays-Bas a donné lieu au projet intitulé « Projet d’Appui aux Initiatives de Prévention et de Lutte contre la Migration Irrégulière » (PALMI).

Selon Madame le Préfet, la conférence débat, dont l’objectif est l’information et la sensibilisation des populations de Niono sur les risques et les dangers liés à la migration irrégulière, s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du PALMI et est en droite ligne avec l’axe1 de la PONAM. C’est-à-dire : « protéger et sécuriser les migrants », notamment dans son volet « Informer et sensibiliser les migrants ». Avant de déclarer ouvert les travaux de la conférence débat, elle a rappelé que l’activité  vise l’information et la sensibilisation d’une centaine de personnes, notamment des transporteurs, des ONGs, des associations de jeunes, des associations de femmes, des agents de la sécurité (Police, Gendarme, Douane); et des éléments des groupes armés.

« La traversée de la Méditerranée », un film qui a ému la population de Niono 

Immédiatement, après la série de discours, les participants ont eu droit à la projection d’un film intitulé, « la traversée de la méditerranée ». Les difficultés vécues par un groupe de 32 jeunes pour traverser le Sahara et la mer méditerranée, exposées dans ce film, ont amené plus d’un dans la salle à revoir leur projet migratoire. Des parents, voyaient pour la première fois l’ampleur du danger auquel sont exposée leurs progéniture qui sont pour certains déjà sur les routes de la migration clandestine.

Cette projection expliquée par Mme Mariko Korotuoum Théra, la présidente de l’ONG FEDE a suscité des débats dans la salle. Pratiquement, toute la salle a voulu donner son avis sur le sujet.

Pour Baba Sogoré, les jeunes maliens vont à l’immigration parce qu’ils n’ont pas d’espoir en restant au pays. « Si le Mali, avec le fleuve Niger, avait des autorités dignes de nom, aucun enfant de ce pays n’allaient songer à l’aventure, à plus forte raison, emprunter des routes à risques dans leur projet migratoire », a-t-il dénoncé. Et, un grand nombre de participants ont pris la parole pour réprimander l’Etat, qui ne fait rien pour donner aux Maliens une école digne de nom et de l’emploi aux jeunes.

Dans une démarche pédagogique, après avoir laissé des intervenants transformer la rencontre en un espace cathartique, Mme Mariko Korotoum Théra s’est donné le droit de recentrer les débats. « Malgré toutes les difficultés qui sont le lot des Maliens, notamment les disfonctionnements de l’école malienne et le manque d’emplois, qu’est ce que nous pouvons faire pour mettre les jeunes maliens à l’abris de l’immigration clandestine », a-t-elle souhaité.

Sur ceux, un intervenant a pris la parole pour souhaiter que l’Etat du Mali face tout pour le développement des filières agricoles dans la zone Office du Niger et à travers le pays. Selon, lui, avec une telle approche, l’Etat pourra aider à la création de milliers d’emplois agricoles qui pourront occuper une grande partie de la jeunesse rurale du pays.

Une intervenante d’un âge un peu avancé à inviter les femmes, mères, épouses et sœurs d’immigrants, à s’impliquer d’avantage pour mettre fin ou réduire de façon considérable l’immigration irrégulière au Mali. Selon elle, ce sont les mères, les épouses et les sœurs qui sont le plus souvent à la base des projets migratoire de leurs fils, maris et frères. « Vous les poussez à l’immigration, parce que vous êtes envieux et vous voulez qu’ils soient nantis. Laissez les travailler au pays pour construire leur vie », a-t-elle dénoncé.

Un autre intervenant à estimer que dans la zone Office du Niger, plusieurs projets migratoires tirent leurs sources de l’éviction des familles paysannes des terres agricoles au profit de familles citadines. Conséquences : il n’y a pratiquement plus de jeunes valides dans les villages. Seuls les vieux parents s’échinent dans les champs pour avoir une pitance pour les familles.

En guise de conclusion de la Conférence débat, Mme Mariko Korotoum Théra a invité les habitants de Niono, à se donner la main pour rendre le pays viable par le travail bien fait. « En plus de toutes les difficultés connues sur le parcours migratoires, nombreux sont les migrants en échec de leur projet migratoire qui se mettent à la disposition des réseaux terroristes. Même pour ça seulement, nous devons nous donner la main pour mettre fin à la migration irrégulière », a-t-elle déclaré. Avant de dire qu’aujourd’hui, chaque Malien doit être un citoyen exemplaire, un citoyen actif, engagé dans le développement de son pays.

Assane Koné

Envoyé Spécial

 

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