Comme vous le savez, le 9 juillet 2015 est le 28e anniversaire de la création de l’Organisation ouest-africaine de la santé (OOAS) par les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
A l’image des années précédentes, c’est un honneur renouvelé pour moi de vous livrer ce message à l’occasion de cet événement qui marque un des instants forts de notre institution.
Cet anniversaire de l’OOAS coïncide aussi avec le 40e anniversaire de la création de la Cédéao. A cette occasion, je voudrais rendre hommage aux pères fondateurs de la Cédéao tant leur vision et leur volonté, de faire de notre espace un ensemble solidaire à travers l’intégration régionale, sont encore d’actualité.
C’est à eux que revient tout le mérite d’avoir eu la hauteur d’esprit de se fixer une vision commune avec la création en 1975 de la Cédéao. Ces quatre décennies de vie ont été ponctuées de difficultés et défis, mais aussi de succès, parmi lesquels nous pouvons citer la création de plusieurs institutions et agences spécialisées qui contribuent à la réalisation de cette vision.
Parmi ces institutions se trouve l’OOAS. Je voudrais saisir cette occasion pour exprimer toute ma gratitude et ma reconnaissance aux chefs d’Etat et de gouvernement pour avoir su créer ce véritable outil d’intégration régionale et surtout pour leur soutien constant à l’accomplissement de sa mission d’offrir le niveau le plus élevé en matière de prestations de santé aux populations de la Cédéao.
C’est ainsi que l’OOAS à travers la mise en œuvre de ses programmes prioritaires dont celui de la lutte contre les épidémies contribue significativement à l’intégration régionale et continue de jouer un grand rôle pour garantir la libre circulation des personnes et des biens, bien souvent entravée par l’apparition des épidémies dont celle de la maladie à virus Ebola en 2014 ayant entraîné une fermeture de certaines frontières, donc une interruption des activités commerciales et touristiques.
La libre circulation des professionnels de santé est une réalité grâce au programme de développement des ressources humaines notamment la reconnaissance, réciproque des diplômes et qualifications qui permet de combler l’insuffisance des ressources humaines en santé dans certains pays par le recrutement des spécialistes d’autres Etats membres.
De même l’harmonisation de l’enregistrement des médicaments est de nature à permettre aux industries pharmaceutiques des différents Etats membres de bénéficier d’un marché régional plus vaste.
L’OOAS, à travers toutes ces actions visant l’amélioration de la santé des populations, contribue à l’essor économique et au développement de la région, car il est désormais établi qu’une population en bonne santé est source de productivité et de production plus élevées, donc de création de plus de richesse.
Cependant, en dépit des succès enregistrés, l’OOAS fait face à des multiples défis.
On peut ainsi citer ceux liés :
- A la faiblesse des systèmes de santé ;
- Aux forts taux de mortalité maternelle, néonatale et infanto-juvénile ;
- A l’insuffisance de partenariats stratégiques, de la coordination et du suivi/évaluation ;
- Aux conséquences néfastes des maladies transmissibles et non transmissibles ;
- A la faiblesse de la préparation et de la réponse aux situations d’urgence telles que les épidémies.
Sur le sujet particulier de la préparation et de la riposte aux épidémies, ces dernières années des milliers de personnes, dans notre région, continuent à être frappées par des épidémies, dont, entre autres, le choléra, la méningite, la rougeole, la fièvre de Lassa, la fièvre jaune et depuis mars 2014, par l’épidémie de la maladie à virus Ebola.
La morbidité et la mortalité qui en résultent sont très importantes et seraient particulièrement liées à la faible implication des communautés, mais aussi et surtout à la fragilité des systèmes de santé et à l’insuffisance de la communication pour l’adoption de comportements positifs.
En effet, sans une stratégie de communication efficace et de mobilisation des communautés, la population locale ne peut adhérer efficacement à la lutte contre les épidémies.
Dans la lutte contre les épidémies, divers outils de communication, à la fois classiques et nouveaux, sont mis à contribution. Outre la presse écrite, la radio et la télévision qui assurent la diffusion des messages, le téléphone mobile s’est révélé important dans la gestion des épidémies et l’amélioration de l’accès aux soins.
Nous en voulons pour preuve surtout dans le domaine de la santé de la mère et de l’enfant, où l’OOAS a eu à apporter des appuis à certains Etats membres dans le cadre de la mise en œuvre d’une solution basée sur le téléphone mobile appelée Rapid SMS. Ceci a permis de disposer de données exhaustives et instantanées sur les décès maternels et néonatals et sur les intrants essentiels de la santé de la reproduction et de la nutrition. La survenue de la maladie à virus Ebola a aussi permis récemment de développer ou de mettre en valeur certaines applications mobiles qui ont joué un grand rôle dans la détection des cas et le suivi des malades et de leurs contacts.
C’est pourquoi, à l’occasion de cette commémoration, l’OOAS a choisi comme thème cette année “la contribution de la téléphonie mobile dans la gestion des épidémies au niveau communautaire” afin d’attirer l’attention des populations, des Etats membres et de la communauté internationale sur l’importance de l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication en général et du téléphone portable en particulier dans la mobilisation pour la prévention et de la riposte aux épidémies.
En effet, selon une étude réalisée en 2013, la téléphonie mobile permet d’apporter de multiples services dans le domaine de la santé aux populations africaines, dont plus de 60 % vivent dans des zones rurales. Selon la même étude, plus de 73 % possèdent un téléphone portable.
Ainsi, au regard de la pertinence du thème choisi, je lance un vibrant appel à l’action pour la mise en œuvre de stratégies appropriées en matière de communication en vue de contribuer à la circulation de l’information sanitaire ainsi qu’à l’amélioration de la santé des populations de l’espace Cédéao.
Aujourd’hui, donc plus que jamais, nous devons conjuguer nos efforts, au niveau pays comme à l’échelle régionale entre les Etats, les partenaires techniques et financiers et les compagnies de téléphonie mobile dans le cadre d’un partenariat public-privé en vue de l’atteinte de nos objectifs communs.
C’est pourquoi, conformément à la vision du Cadre stratégique communautaire 2016-2020, le Plan stratégique régional de l’OOAS pour la même période mettra l’accent sur la communication et l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans le but principal de rendre nos interventions encore plus efficaces.
Par ailleurs, au moment où certains de nos pays sont confrontés aux épidémies en général et singulièrement à l’épidémie de la maladie à virus Ebola, nous voudrions encore une fois attirer l’attention de tous sur les mesures préventives recommandées par les instances sanitaires. J’aimerais saisir cette opportunité pour vous exprimer notre solidarité et notre compassion aux populations durement éprouvées et de féliciter et encourager tous les acteurs qui participent à l’effort de lutte.
En ce jour commémoratif des 28 ans de l’OOAS, je voudrais particulièrement témoigner notre reconnaissance et notre attachement aux idéaux d’intégration prônés par la Cédéao qui, de tout temps, soutient les interventions de l’OOAS. Je ne puis terminer cette adresse sans saluer l’engagement individuel et collectif de tous les Etats membres de la Cédéao en faveur des questions de santé et pour leurs soutiens aux activités de santé à l’échelle régionale.
Enfin, je renouvelle notre gratitude à tous les gouvernants de notre espace, et à l’ensemble des partenaires pour toutes les énergies déployées afin d’assurer aux populations de notre communauté le bien être auquel elles aspirent.
Vive l’intégration africaine ! Vive la Cédéao !
Je vous remercie.