La décision du Président de la commission de l’union africaine, Alpha Oumar Konaré (AOK), de ne pas briguer un second mandat à la tête de l’institution africaine est tombée comme un couperet à Bamako. Pour le moment, on ne sait pas la vraie raison de sa décision. Mais ce qui semble être sûr, c’est qu’on son retour va gêner le pouvoir. Avec ses statuts d’ancien Président du pays et de la commission de l’UA, Alpha peut-il rester sans s’immiscer dans la conduite du pays ? Ou fermer ses yeux sur certaines dérives du pourvoir ? Avec son retour, c’est un nouvel challenge pour ATT.
Le Mali se dirige doucement mais sûrement sur le même scénario que 2002, peut-être à une différence. En 2002, après l’investiture du Général ATT au pouvoir, la question que Koulouba se posait, façon informelle, était de trouver un point de chute pour le troïka, Alpha Oumar Konaré -Ibrahim Boubacar Kéïta – Soumaila Cissé. A l’époque, ce trio était le plus difficile à gérer.
Le premier avec son statut d’ancien Président de la République doit être, avec son accord sûrement, éloigné de la gestion des affaires publiques. Ce n’est pas facile de gérer un ancien Président dans nos pays. La présidence de l’union africaine, c’était le poste idéal pour le panafricaniste qu’il (Alpha) est.
Le cas de Ibrahim Boubacar Kéïta était plus complexe, il pense jusqu’à présent que sa victoire a été volée lors de la présidentielle de 2002. Donc au moment des faits, il fallait trouver quelque chose pour le soulager et éviter des dérapages. Il s’est retrouvé finalement à la tête de la 3ème institution du pays, l’Assemblée nationale.
Celui qui devrait jouer le rôle de l’opposant naturel du pouvoir, Soumaila Cissé, car arrivé au second tour de la présidentielle de 2002, a été vite orienté ou imposé à la tête de la commission de l’UEMOA par le Président ATT.
Ces trois, édentés et neutralisés, le pouvoir n’avait plus de résistance. Les autres leaders et candidats qui ont meublé la galerie de ces élections de 2002 avec moins de 3% des suffrages étaient hors course.
C’est presque le même scénario qui se pointe à l’horizon 2007, la différence sera peut-être que Soumaila Cissé ne va pas entrer personnellement dans la danse. Sinon, si les choses se passent normalement, c’est Alpha qui sera dans la ligne de mire du pouvoir juste après l’élection présidentielle de 2007. ATT, sauf catastrophe politique, briguerait un second et dernier mandat à la tête du pays. IBK lui va se retrouver peut-être à la même position que Soumaila Cissé en 2002, c’est-à-dire aller au second tour et de surcroît s’opposer à ATT.
C’est ce qui ressort probablement de la lecture du paysage politique malien. Certes, ATT, avec l’accord d’Alger, n’a pas été ménagé par certains Maliens. Mais la dernière bévue du RPM, l’avis de décès du Président de l’ADEMA, risque de le suivre jusqu’à l’élection présidentielle de 2007.
La question mérite d’être posée, s’il n’est pas hasardeux de confier la gestion de tout un pays à un parti dont le service de renseignement est défaillant, ou un parti qui ne sait rien de l’information et de la communication.
Dans tous les cas, ATT risque de trouver l’équation Alpha devant lui. La certitude est qu’une fois au bercail, l’ancien Président Alpha Oumar Konaré va s’interférer dans le jeu politique. Tout démocrate convaincu ne peut laisser indifférent des dérives du pouvoir. Tant qu’il est au Mali, il pourrait continuer toujours à dénoncer les dérives et les excès du pouvoir. Il a dénoncé beaucoup de choses dans les autres pays, Alpha sera incompris s’il ne fait pas autant chez lui. Ce n’est pas à écarter pour lui de reprendre encore la tête de l’ADEMA en vue des élections de 2012.
Pour sortir de la ligne de mire du pouvoir en 2007, ATT a intérêt à chercher un nouveau challenge pour l’ancien Président malien.
N’oublions pas enfin que l’homme propose, Dieu dispose.
Ahmadou MAIGA
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