Le week-end dernier a consacré une évolution positive de la situation politique nationale. En effet, le parti du Tisserand y a organisé sa deuxième conférence nationale. Cette assise du RPM, faut-il le souligner, était attendue par une frange importante de la classe politique nationale et de l’opinion publique qui d’ailleurs manifestaient une grande curiosité par rapport à l’option de ce parti qui, malgré tout ce qu’on pourrait lui reprocher, est fortement implanté sur l’étendue du territoire national. En témoigne le nombre de ces élus communaux et nationaux. C’est d’ailleurs pourquoi, à la veille des élections générales de 2002, le parti était craint dans les rangs des acteurs politiques et candidats aux élections présidentielles.
La deuxième conférence nationale du parti a été la confirmation, de façon officielle, de la décision du RPM de désigner un candidat à la présidentielle de 2007. Là, au moins, le parti a fait preuve de courage et de détermination à tenter de relever le défi de la conquête du pouvoir. Cela explique en partie les enjeux des élections générales de 2007, quand on sait que, jusqu’à la preuve du contraire, le plus grand nombre de partis politiques se trouve dans la logique de soutien de la candidature d’ATT en 2007.
On se rappelle que lors du renouvellement du bureau de l’Assemblée nationale en octobre dernier, le parti avait déjà pris du recul par rapport à la gestion des affaires publiques pour s’être estimé lésé. Dès lors, ses responsables avaient déclaré leur appartenance à l’opposition parlementaire. Il y a eu plusieurs actes, déclarations au cours de différentes rencontres qui annonçaient déjà que le parti allait rompre avec le consensus politique et désigner par la suite un candidat à l’élection présidentielle de 2007.
GERER AUTREMENT LES AFFAIRES PUBLIQUES
Dans les compétitions électorales de 2002, le parti, dans le cadre du regroupement politique Espoir 2002, n’a pu atteindre ses objectifs, en l’occurrence la réalisation de l’alternance politique. Pour plusieurs raisons, le Rassemblement pour le Mali a accepté la collaboration avec le président élu-ATT qu’il a soutenu au deuxième tour du scrutin présidentiel dans le cadre du consensus politique que celui-ci a proposé à la classe politique et aux représentants de la société civile. Ce choix ou cette option du RPM, dans son fondement, visait l’objectif de créer avec le président de la République les conditions propices à la mise en oeuvre du projet de société de celui-ci dans l’intérêt exclusif de la nation.
Cette option, faut-il le souligner, a été particulièrement appréciée par certaines composantes de l’opinion publique nationale qui ont estimé que cela offrait l’opportunité de gérer autrement les affaires publiques, sans exclusion et de manière à ce que l’essentiel des préoccupations socio-économiques soient prises en compte. Et effectivement de cette date à ce jour, plusieurs actes concrets ont été posés un faveur de l’amélioration des conditions de vie et de travail des populations.
LE TERRAIN GLISSANT DE LA PROMOTION DES CADRES
Malheureusement cela n’a pu empêcher les malentendus entre le pouvoir et les ténors du parti du Tisserand. Pendant longtemps, il s’était posé un problème par rapport à la promotion des cadres RPM et le président du parti y tenait beaucoup, en raison d’une part du soutien accordé à ATT, d’autre part de l’importance numérique des élus du parti du Tisserand. On ne pourra dire que le parti avait tort de revendiquer des avantages, puisqu’il n’est pas seul dans le cas; tous les partis se battent pour faire la promotion de leurs cadres. Cela, on comprend bien, est de nature à offrir l’opportunité aux partis de donner plus d’impulsion à leurs activités, notamment en ce qui concerne la poursuite de leur implantation sur l’étendue du territoire national. C’est là qu’on dit qu’à défaut de pouvoir conquérir le pouvoir, un parti se bat toujours pour prendre part à l’action gouvernementale. Ainsi se pérennise-t-il tout en renforçant sa position sur l’échiquier politique national.
L’ACCORD D’ALGER EXACERBE LES RELATIONS
La signature de l’Accord d’Alger par le gouvernement n’aura fait qu’exacerber les problèmes entre le RPM et le pouvoir. En effet, à l’instar du RPM et du RDT, soit le groupe parlementaire RPM-RDT, tous les autres groupes parlementaires ont approuvé l’Accord d’Alger. Cela explique la poursuite des hostilités par le RPM, même si par ailleurs ses ténors précisent qu’ils sont dans une logique de dire la vérité au peuple malien qu’ils aiment et respectent. On ne peut dire que cela est mauvais en soi quand on sait que les élections générales de 2007 sont proches et qu’au sein de la classe politique nationale on affûte les armes.
Dans cette mouvance chaque parti développera sa stratégie en fonction de ses ambitions et certainement sur la base de programmes spécifiques. La montée au créneau du RPM marque, dans tous les cas le début d’un processus de repositionnement au sein de la classe politique.
L’Adéma, un autre grand parti de l’échiquier politique national aura à se déterminer par rapport à la présidentielle de 2007, de même que l’URD à l’instar de plusieurs autres partis, puisque malgré la poursuite des déclarations de soutien à ATT, les partis politiques doivent tenir d’abord leurs instances statutaires et convenir de présenter ou pas de candidats à la présidentielle de 2007.
Moussa SOW“