ENTRE NOUS: Tam tam et balafon pour les accords

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La campagne médiatique tendant à transformer le faux en vrai bat son plein même si au bout du rouleau les uns et les autres vont finir par s’essouffler. Parce qu’il ne pourrait en être autrement. C’est l’implacable logique de la vérité et du mensonge. Mais en attendant, le mot d’ordre en vogue est « Sortez, rassemblez-vous, organisez meetings, marches, conférences de presse, concerts avec les artistes nationaux voire étrangers. Il faut faire beaucoup de bruits autour de ce qui a été fait à Alger au nom du retour de la paix et du développement dans la région de Kidal. Faites- le, il y a à boire et à manger et même des fauteuils pour ceux d’entre vous qui seront remarqués par leurs initiatives et leur zèle. Parce que l’acte posé à Alger ne vaut rien et risquerait à court terme de nous rattraper »
Voilà au propre ce à quoi nous assistons depuis des jours, même si ça fait mal, même si c’est humiliant pour tous ceux qui s’adonnent ces derniers temps à cet exercice de bas étages. D’abord pour les animateurs de cet étrange cirque, ensuite pour le pays au nom duquel ce montage burlesque a lieu. Les accords d’Alger sont aujourd’hui pour le Mali ce que les 7 plaies ont été pour l’Egypte pharaonique. Jamais un pouvoir malien n’a manifesté autant de cynisme vis-à-vis de son peuple. Jamais un pouvoir malien n’a aussi osé mentir à son peuple.
On demande au peuple de soutenir les yeux fermés un acte fait de façon nébuleuse, en organisant pour ce faire concerts, meetings et conférences avec des moyens de l’Etat. Mais personne, dans ce peuple traité comme du bétail, ne sait ce qui est écrit dans ce document. Tout se passe comme si on lui disait ‘’Sortez et criez votre soutien à ATT et à tout ce qu’il pose comme acte, le reste ne vous regarde pas’’. La caméra de la télé nationale aidant, les crieurs publics sans conviction aucune, espèrent être vus là haut et… waahou, vive les retombées du zèle ! Pauvre Mali !
Au sommet de l’Etat, on le sait mais on en a cure. Si l’Etat a oublié ou méprise les vérités historiques, les laudateurs, champions toutes catégories de ce genre d’exercice, savent, eux, quand bien même que ça ne sert pas à grand-chose et que ça n’a jamais transformé le «mensonge d’Etat » en vérité du peuple. Mais que faire ? Peut-on du reste leur en vouloir lorsque chacun et tous savent que derrière tout ça, il y a à boire et à manger ?
Pendant qu’au sommet de l’Etat, on sonne la mobilisation générale autour desdits accords, les populations des zones concernées à travers leurs dignes représentants regroupés ici à Bamako et ailleurs, dans des associations, invitent les Maliens à plus de circonspection.
Finalement à qui profitent donc ces tapages médiatiques coûteux ? Aux tenants du pouvoir, ou à l’opinion internationale qu’on tente d’éblouir ? Pas les cadres et militants de l’alliance en tout cas. Iyad, Fagaga et consorts menacent depuis leur base d’interdire le nord profond aux organisateurs des prochaines élections, ce qui, force est d’en convenir, serait un réel camouflet pour le président ATT.
Aujourd’hui, ils sont nombreux les Maliens qui, fort de la vérité, se sont convaincus de la désuétude des accords d’Alger, parce que convaincus de la témérité mais aussi du peu d’enthousiasme des dissidents par rapport à la fiabilité des engagements pris à Alger. Iyad et sbires ne demandent ni plus ni moins que l’autonomie de Kidal, chose qu’ils ne sont pas très loin d’obtenir, avec la mise en place des unités spéciales et le retrait de l’armée nationale de la zone, à moins qu’on n’envoie au pilon ce qui a été fait sur le dos du reste de la population à Alger.

Sory HAIDARA

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