Mahamadou Diagouraga, ex-Commissaire au nord, ayant une parfaite maîtrise des dossiers en ce qui concerne le septentrion malien, était samedi soir sur les écrans. Il a apporté la bonne parole. A l’en croire, tout semble à présent sur les rails pour ramener les membres de ‘’l’Alliance démocratique’’ (chut, ne le répétez à personne : ils ne veulent plus être appelés autrement) dans la voie de la sagesse. Notre pays est un et indivisible a t-il soutenu fermement devant la nation entière. Aucune parcelle de notre territoire ne sera cédée à qui que ce soit. Confiant et très serein, le premier responsable de l’application des accords d’Alger a rassuré sans passion. Reste que bien de zones d’ombres persistent, difficiles à comprendre par le citoyen lambda. Sauf sans doute les insurgés de Teghargaret enclins à dire Dieu merci.
Les choses sérieuses semblent avoir commencé et tout laisse penser que la présence de nos braves soldats qui les empêchait de respirer, pardon de s’adonner à leur sport favori, touche à sa fin. Ils vont regagner leurs sites de cantonnement. Ce nouveau pas a été rendu possible la semaine dernière, au terme d’une rencontre organisée entre les deux parties. C’était encore à Alger. ‘’Maintenant, il reste à aller vite et bien’’.
L’injonction est d’Ahmada Ag Bibi, porte-parole des ex-insurgés que RFI a contacté par téléphone. Selon lui, son mouvement sentait un flottement dans l’application de l’Accord signé et les facilitateurs algériens ont donné des assurances’’ la confiance est donc là camarades’’. Ne doutant désormais plus d’un net retour à la normale dans la Région de Kidal, les insurgés demandent l’organisation diligente du retour du reste de la population civile qui, selon eux, était partie par peur. Ces populations, ajoute AG Bibi, «bénéficieront d’une aide matérielle fournie par les gouvernements algérien et malien.’’
Par ailleurs, conformément à l’Accord signé, le retrait progressif des renforts militaires dépêchés à Kidal s’organise. Fait notable souligné par des habitants de l’Adrar des Iforas, les militaires présents sur le terrain montrent moins leurs muscles depuis ce week-end. Quid de retour dans les rangs des ex-combattants ? De la remise des armes emportées ? De la création d’un fonds de développement pour la Région ? Sur ces autres points également inscrits dans l’Accord, le porte-parole des ex-insurgés se déclare confiant, mais il s’empresse d’ajouter «Allons vite !» »
Mais pour les dignitaires de l’alliance du 23 mai pour le Changement, cette nouvelle avancée a été rendue possible, grâce à leur réaction face à la lenteur observée dans l’application des Accord d’Alger par le gouvernement malien.
Et pour faire avancer les choses à leur cadence, une délégation du Mouvement, conduite par le tout puissant Iyad Ag Aghali, secrétaire général, et son bras droit, le Colonel Hassan Ag Fagaga, chef d’état-major- était à Alger, y précédant les émissaires gouvernementaux. A en croire les cadres de l’Alliance, l’objectif de ce rendez-vous était la levée des blocages. S’il y a toujours des points d’achoppement, la partie gouvernementale malienne, à leur avis, ne fait pas toujours la même lecture de l’Accord d’Alger que l’Alliance démocratique du 23 mai pour le changement. Aujourd’hui, un début de calendrier d’application a été accepté par les deux parties, deux mois après la signature à Alger de l’Accord pour la Restauration de la paix, de la sécurité et du développement dans la Région de Kidal.
Cette semaine est sans doute la plus décisive. Depuis le 4 juillet, Kidal, la ville en état de siège, connaîtra un allègement du dispositif militaire en place, et la mise en place du groupe technique de sécurité, le cantonnement des ex-insurgés avec le retour des armes, munitions et matériels enlevés le 23 mai, et, avant la fin du mois de septembre, l’installation du Conseil régional de coordination et de suivi, ainsi que la préparation du forum sur le développement de la Région de Kidal. Seulement voilà, nos autorités sont peu disertes sur la question de la sanction réservée aux pilleurs et violeurs qui se préparent à regagner Kidal. Impunité ? Quel rôle, le colonel Hassan Ag Fagaga promu chef d’état-major des armées de l’alliance jouera- t-il désormais au sein de nos forces armées de sécurité? Retrouvera-t- il ses galons ou fera-t- il valoir ses droits à la retraite ? Attendons donc de voir.
Sory HAIDARA
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