C’est la plainte de Aboubacar Cissé, imam de la mosquée Ousmane Ibn Afane à l’Hippodrome II en Commune II, déposée le 25 novembre au commissariat de police du 3e arrondissement pour vol de livres saints qui a fait lever le lièvre.
« Trop, c’est trop ». Cette phrase est de l’imam Cissé, blessé dans son âme et dans sa chair par les incessants vols de Corans dont sa mosquée est victime. Il est aussi sidéré par le comportement désobligeant du revendeur de revues islamiques sur lequel il a retrouvé certains de ses documents disparus. Devant l’Epervier du Mandé, l’inspecteur principal de police Papa Mambi Keita à qui son dossier a été confié, l’imam explique que depuis courant 2004, sa mosquée connaît de multiples vols de Saints Corans et autres documents islamiques. Lorsqu’il a fait le constat, il a discrètement entrepris ses propres investigations qui l’ont conduit à la grande mosquée du vendredi à Bagadadji. Là, il s’étonne de voir deux de ses livres coraniques sur l’étal d’un revendeur de revues islamiques, répondant au nom de Bassirou Guiro, domicilié à Moussabougou. Sagement, il pose la question au revendeur de savoir comment il avait eu les deux livres qu’il a achetés à 17.500FCFA pour sa mosquée ? Bassirou Guiro reste évasif dans ses explications. Il déclare avoir acheté lesdits documents à 1750FCFA avec un homme dont il s’est abstenu de révéler l’identité. Aboubacar Cissé n’en fait pas un scandale, il rembourse le revendeur avant de ramener avec lui les deux livres. L’homme de Dieu prie alors Bassirou Guiro de l’aider à retrouver son pourvoyeur en Saint Coran. Il est sans doute le voleur qui visite sa mosquée, ajoute l’imam Cissé avant de prendre congé du receleur de livres coraniques. Les choses restent là sans que Bassirou ne fasse aucun signe à l’imam.
Quelques mois plus tard, le voleur récidive
L’imam Aboubacar Cissé croyant que son message avait été bien compris par Bassirou Guiro, a été surpris de constater le vol d’un autre Saint Coran dans sa mosquée en 2005. Il s’est rendu à nouveau au kiosque de Bassirou à côté de la grande mosquée de Bamako où il a retrouvé son livre exposé pour la vente. Cette fois-ci, l’imam visiblement en colère, enlève son livre sans donner le centime à Bassirou à qui il n’avait plus confiance. Il le met en garde de retrouver son voleur s’il ne voulait pas faire les frais à sa place. Bassirou lui promet de collaborer, car il connaît bien la personne qui lui apporte ces livres. Convaincu de sa bonne foi, l’imam lui donne son numéro de téléphone pour le prévenir au cas où l’intéressé se présenterait à lui. Bassirou n’honore pas sa promesse. L’imam comprit alors le jeu du revendeur. Il garda le silence jusqu’en mi-novembre dernier, date à laquelle sa mosquée est encore victime du vol d’une revue des « Haddis ». Dans la journée du mardi 21 novembre dernier, il découvre cette revue sur le même Bassirou Guiro à son point de vente. Cissé tente de le faire raisonner pour qu’il lui dénonce son fournisseur. Bassirou refuse. Qu’à cela ne tienne, l’imam se fait accompagner par un autre fidèle pour le prier. Sans succès. Finalement, il eut recours à la police, le 23 novembre dernier. En plus de ces vols de livres coraniques, Aboubacar Cissé ajoute que sa mosquée a été victime de vol de deux panneaux solaires, de deux postes radios, d’une moto Yamaha, d’une bicyclette et de sept Corans. L’Epervier du Mandé, l’inspecteur principal de police Papa Mambi Keita et ses éléments ouvrent une enquête.
La ruée des imams des mosquées victimes au 3e arrondissement
Le commissariat de police du 3e arrondissement n’avait connu autant d’affluence des hommes de Dieu dans ses locaux. Pendant que l’Epervier du Mandé et ses intraitables cobras interrogeaient le suspect sur les faits qui lui sont reprochés, plusieurs imams de la Commune I et de la Commune II se succédaient dans leur bureau pour déclarer le pillage de la bibliothèque de leur mosquée. Vu l’ampleur des plaintes, l’Epervier du Mandé organise une perquisition au domicile du suspect. Cette opération a permis de découvrir un lot important de livres coraniques suspects dans la chambre de Bassirou Guiro. Cette découverte met mal à l’aise les bons offices venus intervenir auprès de l’imam Aboucabar Cissé. Les biens de certains plaignants retrouvés dans le lot, leur ont été restitués. Malgré l’évidence, le suspect refuse de dénoncer son fournisseur. Il accepte de porter le chapeau quoiqu’il arrive. Il a été alors mis à la disposition du procureur de la République près le tribunal de la Commune II qui aura l’amabilité de lui faire comprendre qu’on ne vole pas un Saint Coran. Et s’il était lui-même le voleur ?
O. BOUARE“