Deux taureaux ont semé la panique respectivement à Lafiabougou et Kati, blessant sept personnes lors de leur passage musclé dans un marché, un camp militaire et un hôpital avant de passer dans la marmite.
La révolte de deux bœufs dans un marché, un camp militaire et un hôpital
Certainement, des bœufs destinés à la ripaille de l’Aïd El Fitr tentaient de fuir la mort certaine en ce jour béni. Mais, les scènes offertes par deux taureaux à Lafiabougou et à Kati Sananfara sortent de l’ordinaire. Dans ces localités, ils ont semé une panique générale et fait des victimes jusqu’au sein d’un hôpital.
Il est 9 h à Lafiabougou secteur I. En ce samedi 21 octobre, veille de l’Aïd El Fitr (la fête du ramadan), un bœuf venu de Sanan-koroba et destiné à l’abattage par la famille C. rompt brusquement la corde la liant à un pieu. Alerte générale ! Les jeunes de la famille tentent de l’immobiliser. C’était sans compter avec l’agressivité de cet animal à la couleur grisâtre que l’on peut appeler «San Kaba Toura». Toutes les personnes qui essayèrent de tromper sa vigilance ou essayèrent d’attraper sa corde ou ses cornes se heurtèrent à sa colère sans commune mesure. C’est comme si San Kaba Toura savait ce qui l’attendait. Qui disait que le vœu le plus ardent des moutons et des bœufs était d’être immolé à l’occasion des fêtes musulmanes ?
Après avoir fait courir bon nombre de gaillards à travers les carrés du secteur I, chargeant, cap sur cap, ceux qui tentaient de lui barrer le chemin, San Kaba Toura, qui ne pèse pas moins de 300 kg, entraîna la meute de curieux jusque dans les rues du secteur II. Il a fallu faire appel à des bouchers, spécialistes dans la gestion de telle situation. Très vite, ils abdiquèrent face à la colère grandissante et à la force de San Kaba Toura. Des peuls furent à leur tour sollicités pour calmer ce bœuf extraordinaire qui faisait régner régner l’insécurité à Lafiabougou secteur I et II. Après avoir usé tous les moyens, ils abandonnèrent discrètement la partie afin de sauver leur image. Trois policiers étaient également sur le terrain. Puisqu’il ne s’agissait pas d’un voleur, leur présence ne pouvait servir à grand-chose.
Près de 1 000 personnes sortirent pour voir comment on allait maîtriser San Kaba Toura. Il y avait foule sur le toit des maisons, les arbres, les murs et dans les rues. Cette marée humaine agaçait davantage le fameux taureau. Chaque fois qu’il se sentait coincer, il se frayait avec la force de ses cornes un chemin. Ainsi, en cherchant un passage, il finit par balayer un vieux malade qui traînassait devant la porte de sa maison. Blessé, le malheureux vieux curieux fut évacué d’urgence à l’hôpital. Alors, les poursuivants décidèrent de recourir à la manière forte. C’est-à-dire, abattre le furax San Kaba Toura à l’aide d’un fusil. Malheureusement, l’arme était de petit calibre et les tireurs n’étaient pas adroits. Des lassos furent larguéset cinq coups de feu tonnèrent sans succès.
Blessé à son tour, San Kaba Toura chargea une dernière fois, renversa au passage quatre enfants, les piétina et poursuivi des curieux à travers les rues. La traque dura près de quatre heures d’horloge, de 9 h à 13 h 50.
Il a fallu un dernier coup de fusil et un choc terrible provoquée par une 4X4 appelée à la rescousse pour terrasser le fou taureau furieux devenu même mythique par la force des choses. Ce jour-là, on ne pouvait pas mesurer le danger qui rodait dans les rues de Lafiabougou secteur I et II. D’autant plus que le taureau en représentait un, autant que les coups de feu. Heureusement, San Kaba Toura n’est pas arrivé vivant au marché dont il avait pris la direction. Ce ne fut pas le cas de d’un autre taureau qui fuyant, lui aussi, la mort certaine à Sananfara, ce même samedi. Ce taureau-ci commença par terrasser et piétiner le sieur S…, celui-là même qui l’avait acheté au prix fort pourl’ abattre à des fins lucratives.
Libre comme le vent, ce bœuf entra au petit marché de Sananfara. Ce fut un sauve qui peut inédit. Dans sa course folle, il traversa ledit marché en trombe et pénétra furtivement dans le camp militaire. Vous allez dire qu’il sera facilement abattu. Que non ! Car, dans un camp on n’a pas facilement accès aux armes et aux munitions. Ce qui profita au taureau de S… qui, toujours avec la même allure, pénétra dans l’hôpital. Là-bas, il chargea un accompagnateur dont la jambe sera fracturée. Dans la panique, les malades qui avaient de la peine à se déplacer, qui prenaient de l’air sous les vérandas, firent appel à leur dernière énergie pour sauver leur peau. Les langues pendues des maladies ont recouvré leur santé après le passage de l’animal…
Fuyant la mort, le taureau de S… sera finalement abattu de la même manière que San Kaba Toura, à l’aide d’un coup de fusil avant d’être égorgé par ses poursuivants.
Ce n’est pas finit ! Car, l’affaire a été portée à la gendarmerie de Kati. Parce que l’animal a causé des dégâts physiques et matériels.
Nous devons vraiment méditer sur ces évènements fâcheux qui arrivent tous les ans dans le pays. Les enfants, les femmes et les malades doivent être mis impérativement à l’abri quand qu’un animal se révolte. Sinon, ils en feront les frais.
Comme au combat, il faut s’assurer toujours que la manœuvre peut s’effectuer sans danger.
Drissa SANGARE
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