Au nord du Mali, l’accord de juin dernier signé entre le gouvernement malien et les groupes armés est censé avoir apaisé les tensions, mais il y a encore des dissidences. Le leader touareg islamiste, Iyad Ag Ghali, dans un document sonore authentifié ce week-end, rejette l’accord de paix signé par ses anciens alliés et il se montre menaçant.
L’enregistrement sonore dure une vingtaine de minutes. Des spécialistes interrogés observent une radicalisation du discours de Iyad Ag Ghali. Dans l’enregistrement, il dénonce fermement la signature en juin dernier de l’accord de paix d’Alger par les groupes armés. C’est une manière, pour lui, de désavouer ses anciens camarades, membres de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), rébellion touarègue, qui ont signé cet accord.
Contre l’application de l’accord d’Alger, il n’hésitera pas, semble-t-il, à en empêcher l’application s’il a les moyens. Et comme s’il souhaitait endoctriner des jeunes du nord du Mali, il leur demande de se mobiliser contre cet accord.
L’ambition d’un meunier
Il a pour ambition de devenir le principal meunier de la bande sahélienne. Et ne compte pas s’arrêter là. Le plan de développement de son groupe, le bien nommé Sahel, prévoit d’affecter 30 milliards de FCFA (45,7 millions d’euros) d’ici à 2017 à l’implantation de plusieurs moulins jusqu’aux confins de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), notamment au Bénin et en Côte d’Ivoire.
À 58 ans, le Malien Houd Baby, dont la holding, Houd Investissement, intervient aussi dans le négoce, l’hôtellerie, l’immobilier et la distribution de gaz, n’a qu’un but : devenir le leader de la transformation de céréales dans la sous-région. C’est en 2007 que l’homme d’affaires décide de prendre pied sur le marché très rentable de l’agro-alimentaire. Le groupe Sahel, qui chapeaute d’abord les Moulins du Sahel dès le début de leurs activités, en 2011, puis les Grands Moulins du Ténéré (GMT Niger), investit en 2013 dans une unité de transformation du blé à Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso. Ce projet, estimé à 3,2 milliards de FCFA, sera opérationnel dès la mi-2016 grâce au soutien de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) à hauteur de 1,9 milliard de FCFA, complété par un apport de différentes banques locales. Outre qu’il créera 120 emplois, il offrira au pays la possibilité de réduire ses importations.
Une perte de 3,182 milliards d’euros
Les pertes de droits de douane pour la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), à cause de l’Accord de partenariat économique (APE), seraient de 3,182 milliards d’euros (environ 2087,255 milliards FCFA), a déclaré mercredi à Dakar M. Guy Marius Sagna, secrétaire général de la Coalition nationale Non aux APE.
«Pour le Nigéria, qui est la locomotive de l’économie ouest-africaine, les pertes de droits de douane seraient de 1,898 milliard d’euros», soutient M. Sagna. Il ajoute que les investissements de ce pays seraient réduits de 12% et le produit national brut (PNB) de 1,8% à la fin de la période de libéralisation.
La Coalition nationale Non aux APE a réfuté l’affirmation selon laquelle l’APE favorise l’intégration sous-régionale. «Le développement des échanges en faveur des importations venant de l’UE réduit le processus d’intégration régionale supposé être l’un des principaux objectifs de l’APE», avance M. Sagna. Selon lui, à la fin du processus de libéralisation, les importations du Nigéria seraient réduites de 8,7% en provenance du Mali, de 5,7% en provenance du Niger, de 5% en provenance du Ghana et de 4% en provenance de la Côte d’Ivoire.