C’est sous une mosaïque de sons du folklore local que le Premier ministre, Moussa Mara, tout vêtu de blanc a coupé le ruban symbolique des nouvelles bâtisses de la Préfecture, du Palais de justice de Niafunké et du Tribunal de première instance de Tombouctou. C’était en présence d’un parterre de personnalités, constituées des ministres de la Justice, Mohamed Aly Bathily et de l’Intérieur et de la Sécurité, Gal. Sada Samaké, une forte délégation du système des Nations Unies au Mali, des partenaires techniques et financiers et les Autorités politiques, administratives et coutumières de la 6ème région. Ces ouvrages entièrement réhabilités et rééquipés par le PNUD, avec le concours financier du Royaume des Pays-Bas, représenté par son Ambassadeur au Mali, Martin Boëhers à la cérémonie, ont été érigés sur les cendres des bâtiments hérités de la colonisation. Au terme donc de cet événement grandiose, tenu au secret jusqu’au vendredi dans la matinée, on peut conclure sans le risque de se tromper, qu’après la libération, tous les ingrédients consacrant le retour effectif de l’administration dans le septentrion de notre pays, en particulier la cité des 333 saints, sont en train de se réunir.
Selon le représentant spécial adjoint du secrétaire général et Représentant résident du PNUD, David Gressly, cette action est le fruit d’un partenariat dynamique entre le gouvernement malien, le programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et le Royaume des Pays-Bas. Selon lui, celui-ci est bâti autour d’un certain nombre d’axes fondamentaux, contenu dans le Programme de restauration de l’autorité de l’Etat et accès à la justice au Nord du Mali, qui a été officiellement lancé le 10 février 2014 par le ministère des Affaires Etrangères, de la Coopération Internationale et de l’Intégration Africaine. Le budget estimatif de ce programme s’élève à environ 17 millions de dollars, soit plus 8 milliards de Fcfa. Le programme vise à contribuer aux efforts du gouvernement dans la reprise des fonctions régaliennes de l’Etat et la consolidation de la paix dans les régions Nord du Mali. L’atteinte de cet objectif passe nécessairement par la réhabilitation et l’équipement des infrastructures de l’Administration. Il s’agit entre autres des édifices abritant les Préfectures et les sous Préfectures, les Palais de justice et logements des juges et les Mairies. Le programme intervient également dans les activités de renforcement de capacités des magistrats et agents de sécurité à travers des formations.
Depuis le démarrage du programme en mars 2014, le PNUD a pu mobiliser une partie des ressources nécessaires auprès des Pays-Bas et de la Minusma à travers un financement du Royaume-Uni, a expliqué David Gressly.
Avant d’ajouter que ce sont ces ressources qui ont permis la réalisation de ces cinq infrastructures dans la région de Tombouctou, dont quatre à Niafunké. Elles ont également contribué à la formation des magistrats, et régisseurs de prisons des régions de Gao, Tombouctou, Mopti et Kidal. D’où l’objet de la visite du premier ministre Moussa Mara et sa délégation.
Gal Sada Samaké
….Quant au ministre de l’Intérieur et de la sécurité, le général Sada Samaké, il a axé son intervention sur les désastres causés par les occupants des trois régions du Nord et une partie de celle de Mopti. Selon lui, outre les représentants de l’Etat, les groupes armés se sont attaqués aux bâtiments publics, particulièrement les représentations de l’Etat. Ils les ont démolis sans ménagement, comme s’ils voulaient se venger des murs. Ces actes de vandalisme ont créé un criard besoin en infrastructures devant accueillir l’Administration après la reconquête des zones occupées. D’où l’occasion pour lui, de saluer l’action du PNUD, de la MINUSMA, et du Royaume des Pays-Bas pour avoir aidé l’Etat malien à disposer d’infrastructures bien équipées afin de permettre aux administrateurs de travailler dans des meilleures conditions. A savoir, la Préfecture et le Palais de justice de Niafunké, et le Tribunal de première instance de Tombouctou, lesquels ont été entièrement réhabilités et rééquipés par le PNUD. Avant de terminer son intervention, le ministre de la sécurité et de l’intérieur a invité les nouveaux locataires des dits bâtiments à bien prendre soin des locaux et des équipements mis à leur disposition par les partenaires techniques et financiers du Mali.
Mohamed Aly Bathily
«Un Etat qui aura tourné le dos à la justice est un Etat voué à l’échec et condamné à s’écrouler »
….Le ministre de la Justice, garde Sceaux et des Droits de l’Homme, Mohamed Aly Bathily dira pour sa part que la justice est au cœur de l’Etat. Selon, lui, l’accès à la justice ne peut se faire qu’à travers un Etat restauré solide et qui fonctionne normalement. L’accès à la justice va au-delà de l’accès aux bâtiments de justice ou à la personne du juge, mais c’est avoir accès aussi bien aux bâtiments qu’à l’instrument de justice que le juge doit appliquer à bon escient pour la sécurité du justiciable. « Un Etat qui aura tourné le dos à la justice est un Etat voué à l’échec et condamné à s’écrouler » ajoutera-t-il. Avant de poursuivre que quand l’Etat s’adosse à la justice, il procure à ses enfants la sécurité, le développement et l’envie de se développer. « L’œuvre de la justice est au cœur de l’enjeu de la reconstruction de notre pays. Et à travers cette action nos partenaires nous montrent le premier jalon de la démocratie », a-t-il conclu.
Rassemblés par notre envoyé spécial à Tombouctou et Niafunké
Lassina NIANGALY