«Je prie l’Assemblée de m’excuser si je ne m’exprime pas en français comme je l’aurai voulu ; mais, je dirai mieux ma pensée, avec toute la force de mon esprit et de mon cœur en parlant en Amharique» (Haïlé Sélassié 1er, Empereur d’Ethiopie, discours prononcé au siège de la Société des Nations (Ex SDN), à Genève, le 30 juin 1936, devant les Représentants de 52 Nations.
«Moi, Haïlé Sélassié I», poursuit-il «Empereur d’Ethiopie, je suis aujourd’hui ici pour réclamer la justice, qui est due à mon peuple et l’assistance qui lui a été promise, il y a huit mois, lorsque 50 Nations affirmèrent qu’une agression avait été commise en violation des traités internationaux. Il n’y a pas de précédent pour un Chef d’Etat, de parler lui-même devant cette Assemblée. Mais il est aussi sans exemple pour un peuple, d’être victime d’une telle injustice et d’être à présent menacé d’abandon à son agresseur».
Incidemment, voici les quelques questions subsidiaires qu’une telle préoccupation impériale suscite en nous. Qu’on sache les poser correctement, de façon biaisée ou les dire «prononcé seul faisant acte de foi». A l’instar de Sa Majesté Haïlé Sélassié I, Empereur d’Ethiopie, roi des rois, seigneur des seigneurs et premier des premiers :
– Primo : oui ou non à la guerre au Nord ? Faut-il rendre coup pour coup, œil pour œil et dent pour dent, conformément à la loi biblique du judaïsme et aux préceptes coraniques de la Loi du Talion recommandée par ALLAH SOUBHANNALLAH ?
– Secundo : oui ou non au couplage de l’élection présidentielle du 1er tour au vote référendaire de ce même dimanche 29 avril ? Si oui, pourquoi admettre ou faire refuser le projet d’approbation du texte constitutionnel par les électeurs maliens inscrits du fichier électoral ? Si non, y-a-t-il nécessité ou urgence de réhabiliter la Loi fondamentale actuelle pour l’affermir «CONSTITUTION DE LA IIIème REPUBLIQUE» dite Constitution du 25 février 1992, et qui vient juste de fêter sans éclat ni joie, ses 20 ans d’existence, de manière terne et inaperçue ?
– Tertio : oui ou non à la division de l’université de Bamako en quatre pôles d’excellence universitaires regroupant toutes les facultés ouvertes du début à nos jours, de cette institution ? Y-a-t-il péril en la demeure ? Ou faut-il craindre tout de go, un éclatement pur et simple du système éducatif malien par extrapolation des conflits à l’œuvre à l’interne et qui minent le statut de l’étudiant Malien aux yeux des autres académies d’enseignement universitaire, quand le pouvoir bureaucratique des maîtres, enseignants, professeurs, personnel, gestionnaires s’étend et gangrène ce monde cloisonné à l’excès (pas de passerelles entre le monde professionnel des entreprises et les cursus d’études et les filières des blocs universitaires) ?
– Quarto : oui ou non au code réformé de la famille et des personnes dans sa mouture actuelle proposée ? Pour qui est ce Code ? Contre qui est ce Code ? Qui y trouve son compte parfait et son intérêt ? Qui pleure déjà sa mère de n’avoir pas eu de place ni de considération dans ce code, qui transforme la personne en étranger et l’individu en étrange type ? Est-ce qu’un REFERENDUM d’initiative populaire ou un Référendum de proposition gouvernementale qui s’y suffirait pour pouvoir récuser ou confirmer valablement ce code dans ses fondements juridiques, politiques et administratives, hors toutes considérations subjectivistes, culturalistes et géographiques ?
Enfin, last but not the least, oui ou non à un report automatique des prochaines élections d’avril-mai et de juillet-août 2012 au Mali ? Au risque de prolonger mécaniquement et tacitement le mandat républicain de la fonction de Chef d’Etat, Président dela République de quelques jours, semaines, voire même mois ? Qui a intérêt à l’annulation des opérations de vote référendaire et à l’ajournement des premier et second tours de l’élection présidentielle ? Qui veut prendre en otage les élections disant non à la réforme constitutionnelle et appelant de ses vœux une élection démocratique et transparente au Mali ? Qui veut saboter le processus d’alternance et de mise à jour (réactualisation) de notre Constitution par rapport au Droit International et aux Conventions adoptées, rafées et signées ?
A toutes ces questions, chacun est libre de s’exprimer convenablement dans sa langue, le jour du vote, derrière l’isoloir, et devant l’urne, pour y plonger son enveloppe le plus démocratiquement du monde, pour exprimer un véto à la ruse et à la chinoise, champions le mois dernier du NIET ou véto démocratique, au siège du Conseil de Sécurité des Nations Unies, où chinois et russes siègent pour dé&fendre les intérêts des faibles Nations. Aussi, il y a lie de savoir une chose qui est que : la liberté d’expression est cette seule liberté qui ne pourra rien dire sans une plume libérée.
En définitive est-ce que le Sénégal a plus de mérite que nous Maliens, pour ne pas avoir à parfaire notre démocratie dans les mêmes conditions objectives d’une situation explosive au sein d’un environnement sociopolitique quasiment défavorable par rapport au contexte spécifique prédéfini par la chute du régime de Kadhafi ?
Comme dit Sélassié, «aujourd‘hui c’est nous, demain ce sera vous», car «il est moins question de mettre en place une véritable démocratie (…) qu’un Etat de Droit libéral et démocratique sans lien obligé ave l’Etat Nations, trop chargé de références aux droits des peuples» (Christian De Brie, Le Monde Diplomatique, novembre 1991). Et, « dans les cas qui ne manqueront pas de se produire, de révolte ou de contestation radicale de l’ordre établi, celles-ci pourront être réprimées sans états d’âmes, au nom de la défense d’une démocratie menacée qui proclame les droits de l’Homme et affiche la libre expression politique et syndicale des opposants. Enfin dans les situations extrêmes, les grandes puissances s’autoriseraient à intervenir et à prêter main forte invoquant le Droit d’ingérence pour la sauvegarde des libertés et de la démocratie, mises en péril par un mouvement insurrectionnel, vraisemblablement terroriste » (Christian De Brie, In le Monde Diplomatique, novembre 1991). «ONE MAN, ONE VOTE» (Nelson Mandela)
Moustapha LEYE