Demeurée longtemps anodine, la spéculation sur les timbres fiscaux traduit la dimension de l’incivisme chronique qui sévit dans notre pays, mais aussi la démission de l’autorité de l’Etat.
En effet, à vouloir localiser le phénomène dans un endroit déterminé, on sera taxé de la circonscrire.
Tout le monde sait, qu’à l’exception des guichets des Services des Impôts et du Trésor, les timbres fiscaux sont revendus à des prix supérieurs à ceux de leur valeur faciale.
Le phénomène qui existait déjà depuis quelques années de façon sporadique n’a jamais été combattu. Alors, il s’est, progressivement répandu.
Toute chose, qui n’étonne point, dans un pays majoritairement analphabète où les citoyens semblent méconnaître le danger qui en découle.
Face au laxisme et à l’incurie des autorités, le fléau a atteint de nos jours, son paroxysme parce que, “légalisé”.
En effet, tout porte à croire que le phénomène est incurable, dans la mesure où les spéculateurs opèrent au nez et à la barbe des services chargés de le combattre, lorsque ce n’est pas de concert avec ces derniers.
Les usagers des Centres municipaux et des Commissariats de police le savent bien : à proximité de chaque Mairie ou Commissariat de police sont installés des revendeurs (spéculateurs) de timbres fiscaux.
Complicité ou connivence ?
Un mutisme curieux et équivoque règne sur le phénomène.
Une chose est cependant certaine : l’existence du phénomène est connue par le personnel desdits établissements publics dans la mesure où, ce sont eux, qui renvoient (indiquent) les usagers chez “ leurs voisins ” vendeurs.
Le cas de ce commissariat de police a particulièrement retenu notre attention.
En effet, le timbre de 100 Fcfa est, ici, revendu à 150 Fcfa dans un kiosque situé en face dudit Commissariat.
Pis, le tenancier du kiosque est réputé revendre les timbres pour le compte d’un policier avec qui, il partagerait les bénéfices.
L’agent de police, qui semble avoir pris goût à son “activité”, approvisionnerait ainsi chaque matin, son “dépôt” en centaines de timbres.
Certainement que, le flic indélicat opère de mèche avec cet agent et d’autres, ou des responsables du Trésor ou des Impôts.
Car, autrement, on imagine mal que des policiers soient régulièrement (quotidiennement) fournis en centaines de timbres alors que, dans les Commissariats de Police, ils sont inexistants.
Le phénomène ne peut pas, non plus se passer à l’insu des agents des impôts, qui contrôlent périodiquement les boutiques, kiosques, magasins, etc…
En tout état de cause, face à cette situation, l’Etat est interpellé.
La spéculation sur les timbres et documents administratifs constitue des infractions prévues et punies par nos textes.
De surcroît, les peines sont particulièrement accentuées, lorsque ce sont des fonctionnaires de l’Etat qui s’y livrent.
Ce problème de la spéculation sur les timbres n’est en réalité qu’un aspect d’un autre beaucoup plus vaste qui est le mépris de la plupart des fonctionnaires maliens pour la mission de service public qui leur est assignée.
Malick Camara