Comme on le signalait dans notre précédente parution, la population carcérale a pris de l’âge ces derniers temps en même temps que les geôles gagnent en prestige avec la détention de plusieurs anciens dignitaires dont deux anciens chefs d’institution. Il s’agit du président de l’Assemblée nationale sous IBK, Issaka Sidibé, puis du président de la Haute Cour de Justice, Abdrahamane Niang. Leurs démêlées avec la justice ne sont pas de même nature, mais ils partagent la particularité d’être tous les deux affaiblis et physiquement atteints par le poids de l’âge. Issaka Sidibé, selon nos sources, s’en sort mieux que Monsieur Niang qui, aux dernières nouvelles, serait extrait de prison pour une prise en charge d’urgence dans une structure sanitaire de la capitale. L’ancien chef d’institution, du haut de ses 82 ans, ne supporte visiblement pas les conditions de sa détention préventive et son conseil de défense, à en croire nos confidences, conteste de plus l’opportunité la légalité de son maintien en détention. Il se susurre, en clair, que les avocats n’excluent pas de saisir les autorités judiciaires compétentes pour dénoncer l’incompatibilité de son âge avec une incarcération. Cette intention, à en croire les mêmes confidences, reposerait sur des dispositions légales dont les références n’ont pas été évoquées, mais à défaut d’une liberté provisoire ils ne désespèrent pas d’obtenir ce qui est désigné dans le jargon juridique comme un placement sous-main de la justice hors les murs.
Drôles de rescapés
Ils sont évalués à plus de quatre centaines de miraculeux ayant pu échapper à l’attaque terroriste contre le bateau «Tombouctou». De la rive opposée, ils ont été transportés, selon plusieurs sources concordantes, à bord de pinasses à Rharous où ils séjournent depuis l’inhumation massive de leurs dizaines d’autres compagnons ayant malheureusement succombé au drame. Les 400 rescapés ont tout aussi miraculeusement surplombé les disparues en s’attirant les projecteurs depuis plus d’une semaine, à coups de dénonciations des conditions de leurs prises en charge par les hautes autorités. Leurs appels auront été si retentissants que le président de la Transition, à défaut de sacrifier à la traditionnelle manifestation de compassion par un déplacement sur le terrain, a décidé de sacrifier les festivités du 22 septembre en leur réaffectant les ressources prévues pour la date anniversaire du Mali. Le hic c’est qu’on est de plus en plus en droit d’être intrigué d’entendre la populace de rescapés du bateau sur les réseaux insister beaucoup plus leur prise en charge que sur le désir de rejoindre leurs parents. Ni n’entend-on des proches revendiquer leur acheminement à leurs destinations initiales.
Le jeu trouble de la CMA
À quoi joue la CMA ? Depuis que la Coordination a sonné la mobilisation des troupes pour faire face à l’armée régulière, elle excelle à nouveau dans son jeu favori : la manipulation de l’opinion. Le moindre assaut mené contre les FAMa, depuis la reprise des hostilités, est systématiquement revendiqué et parfois de façon aveugle et probablement à ses propres dépens. Et pour cause, il arrive aussi que l’opération ne soit pas couronnée de succès. En les prenant ainsi à son compte, la CMA-CSP récolte les gloires comme les insuccès, au risque de se complaire dans le rôle de bouc émissaire alors que peu d’observateurs ignorent qu’elle est dépourvue de toute force de frappes et que les affrontements sur le terrain mettent aux prises les forces régulières maliennes et des groupes terroristes. La Coordination pourrait toutefois s’être réduit à n’exister que par la récupération d’éventuels otages militaires capturés par les combattants actifs et qui leur serviraient de faire-valoir. Quoi qu’il en soit, il en résulte que la Coordination des Mouvements de l’Azawad ne peut désormais plus nier les collusions qu’on lui a longtemps prêtées avec les groupes criminels et dont il va devoir assumer toutes les responsabilités en termes de violations des règles de la guerre. Elles sont pourtant légion depuis quelques temps.
Terrorisme inflationniste sur Tombouctou
Le blocus de la ville sainte se poursuit. Le dernier acte en date remonte à jeudi dernier avec le jet de trois obus sur l’aéroport de la ville, visiblement pour dissuader d’une reprise des vols dans une cité que les djihadistes veulent couper du reste du pays. Il y eut auparavant une précédente salve d’obus à la suite de laquelle la ville de Tombouctou s’est retrouvée dans un isolement d’autant dramatique qu’elle a été vidée de son contenu marchand habituel. En clair, l’abandon massif du marché par ses occupants traditionnels, ajouté aux bombardements de cargaisons de marchandises, inflige aux populations une terreur inflationniste inouïe et intenable pour une population à si faibles revenus. Dans la Cité des 333 Saints, la rareté des denrées fait rage et les commerçants arabes sont en train de liquider leurs derniers stocks, faisant grincer le prix du sucre jusqu’à 900 francs CFA le kilogramme. La situation est encore plus dramatique dans le secteur énergétique. La cité consomme ses ultimes réserves en carburant et le prix de l’essence, portée à 1 900 francs CFA le litre, limite considérablement les mouvements des citoyens autant qu’il contribue à grever d’autres denrées dont le cours est tributaire de carburant. Pendant que les autorités dédramatisent et nuancent l’ampleur du phénomène du blocus, les consommateurs s’interrogent plutôt sur le devenir de secteurs tout aussi tributaires d’hydrocarbures comme l’eau et l’électricité, avec la menace qui pèse sur l’approvisionnement de la ville de Tombouctou par le fleuve, depuis l’attaque du bateau éponyme. Entre temps, les pauvres ménages, qui vivent d’informel pour la plupart, vivent dans l’angoisse de l’accès aux énergies primaires comme le charbon de bois dont le prix atteint 500 francs CFA pour un pot quand c’est disponible.
Et pas un mot sur la dengue
Après le Burkina voisin, ce serait au tour du Mali d’intégrer le cercle restreint des pays atteints de l’une des épidémies tropicales et virales les plus redoutables au monde. L’information a été distillée par des sources officielles, à savoir la direction nationale de la santé, dont un communiqué fait état d’un cas de dengue détecté à Bamako et de plusieurs autres suspects en études dans les laboratoires. Et le communiqué de prévenir du danger que la maladie représente, tout en instruisant les structures sanitaires de base de la conduite à suivre. Sauf que ledit communiqué, aussi alarmiste soit-il, n’a pas l’air d’être pris au sérieux par les plus hautes autorités. En atteste, en tout cas, son passage sous le boisseau, lors du conseil des ministres consécutif à la sortie pompeuse des structures sanitaires. Mot n’a été pipé, en effet, sur la nouvelle menace en rapport avec une épidémie aussi mortelle que la fièvre provoquée par la piqûre du moustique tigre. Le conclave hebdomadaire a pourtant comme à ses habitudes consacré sa chute à un rappel du chef de l’Etat sur les mesures préventives à observer contre le coronavirus, une menace déjà déclarée vaincue par l’OMS
Rassemblées par la Rédaction