Aussi bizarre et étonnant que cela puisse paraitre, les Aéroports du Mali pourrait connaitre le même sort que celui de certaines grandes entreprises nationales victimes des mesures d’ajustement structurel. De source digne de foi, en effet, les ADM se trouvent en tout cas dans la mire d’une privatisation dont le bruit depuis un certain temps dans les salons feutrés de la capitale. Les arguments et motifs qui sous-tendent le bradage ne sont pas évoqués, mais il semble que le projet devra surmonter d’abord un obstacle de taille : celui des syndicalistes qui, de même source, ont déjà pris les devants en s’opposant vigoureusement et ouvertement à la démarche, sans doute à cause des conséquences sociales inhérentes à la perte massive d’emplois que la mesure va engendrer. Pourront-ils tenir tête pour longtemps à la détermination tout aussi farouche de liquidation des ADM au plus haut niveau ? Rien n’est moins sûr au regard des gros intérêts en jeu. Il se chuchote au fait que les Aéroports du Mali se trouvent dans le collimateur d’un membre très influent de la famille présidentielle. Suivez mon regard.
L’Armée malienne aux ordres du fils
Sauf Kidal où elle est totalement absente, les différentes garnisons du septentrion ont tour à tour reçu la visite de Karim Keïta, es qualité président de la Commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale.
Pour la circonstance, le député le plus en vue à la représentation nationale était accompagné d’une forte délégation de collègues de la même commission, qui, tout comme leur président, ont été accueillis avec tous les honneurs dus à leur honorabilité ainsi qu’à leur mission de contrôler l’action gouvernementale. Seulement voilà : un détail très important aura retenu l’attention des Maliens avertis ou du moins tous qui ont été témoins du battage médiatique auquel le périple du fils d’IBK a donné lieu. Partout où il est passé, en effet, le président de la commission défense a procédé à la revue des troupes, qui consiste à faire un passage majestueux devant une colonne d’hommes armés, au rythme de la cadence militaire. Vérification faite, il nous est revenu que le fils aîné du président de la République n’a nullement droit à un tel privilège, fut-il le président de la commission parlementaire correspondant au secteur. Il se trouve, en clair, que seuls y ont droit, parmi les hautes autorités civiles, le président de la République en personne en tant que chef suprême des armées et le ministre de la défense, deux personnages auxquels les forces armées vouent une soumission. C’est pourquoi beaucoup de Maliens s’interroger si pareil privilège n’est pas transmissible par le sang dans leur pays.
La lutte fantaisiste et complaisante contre Ebola
Le redoutable syndrome d’Ebola a fait sa réapparition avec fracas à travers de nombreux cas suivis de ravages dans certains pays de la sous-région ouest-africaine comme la Guinée et le Libéria. Dès lors le Mali, pays frontalier, a commencé à arroser sa barbe – ou du moins fait semblant de le faire – à coups de communiqués qui passent en boucle sur les antennes nationales. S’il faut en juger par le nombre de passages, le message est suffisamment alerte comme moyen préventif, mais le contenu pèche tout de même par excès de précaution et de complaisance envers les pays d’où provient la nouvelle menace. Par exemple, tout en conseillant aux compatriotes d’éviter les voyages inutiles chez les voisins touchés de plein fouet par la maladie, le communiqué se retient de les désigner par leurs noms, de peur sans doute de porter un préjudice aux relations privilégiées qu’entretiennent les chefs d’Etat malien et guinéen. Il parait pourtant difficile voire impossible de communiquer sur un danger dont on évite de nommer la source.
Insécurité ou fantasme d’élus
Bercail du pseudo-djihadiste Amadou Kouffa, la région de Mopti est l’objet depuis quelques temps de tant de fantasmes avec leur corollaire d’effets inqualifiables sur l’économique locale. Pour en avoir le cœur net, une délégation conjointe de parlementaires et de membres du gouvernement, avec l’onction du Premier ministre, s’est rendue en cinquième région. Au risque de marcher sur les platebandes du Conseil économique social et culturel, ladite mission, en recueillant les aspirations et inquiétudes des populations, en a finalement conclu sur le constat que la situation sécuritaire a asphyxié toute l’activité régionale alors qu’elle repose plus sur le fictif que dur du réel. Certes des attaques sporadiques ont lieu par ci par là, mais la part de la psychose l’emporte largement sur le reste. La preuve en est que la mission, sans une protection sécuritaire particulière, a pu sillonner les différents cercles de la cinquième région (essentiellement par voie terrestre) sans la moindre inquiétude ni escarmouche essuyer. De nombreux membres de la mission, du côté du gouvernement comme des parlementaire, en ont déduit par conséquent que l’insécurité existe plus dans le fantasme des élus de la zone que dans la réalité.
Qui cachait l’absence du président
Quoi qu’on puisse en dire, c’est en catimini que le premier citoyen de Sébénicoro a quitté Bamako pour rejoindre la France, dans le cadre d’un séjour médicale, a-t-on appris bien plus tard. Avant qu’un communiqué rassurant n’intervienne sur la santé du chef de l’Etat, mercredi dernier, c’est-à-dire une dizaine de jours après son départ à la sauvette, tout aura été fait pour cacher l’absence d’Ibrahim Boubacar Keïta dans son pays. L’arrivée des porteurs de message de ses pairs n’a pas été ajournée et un envoyé est même arrivé à Bamako sans pouvoir remettre le message du chef de l’Etat qui l’a envoyé. Comble de discrétion puérile, l’opinion a été servie comme elle ne l’a jamais été par le passé. En effet, mercredi dernier, à l’heure du Conseil du ministre, un cortège en bonne et due forme en provenance de Sébénicoro a bloqué le tronçon qui mène à Koulouba pendant de nombreuses minutes. Tout cela pour donner l’impression, aux nombreux Maliens qui ne le savaient pas, que le chef de l’Etat n’a pas raté le rendez-vous hebdomadaire.
La Rédaction